Causses et vallées

Un monument à la mémoire de nos soldats disparus à Saint-André-de-Vézines (1922)

Les commémorations de l’armistice de la Première Guerre mondiale nous rappellent au souvenir des enfants de la patrie partis trop tôt.

La commune de Saint-André-de-Vézines fut, durant ce conflit mondial, après St-Martin-de-Lenne, la plus éprouvée de l’Arrondissement de Millau ; elle perdit 29 hommes sur 329 habitants, sans compter ce qui disparaîtront plus tard des suites de leurs blessures.

Soldats disparus : Terme Antonin, Vernhet Augustin, Parguel Léon, Parguel Clément, Robert Antonin, Ladet Augustin de Luc (1914), Baumel Félix, Balitrand Marius, Maury Justin, Atgé Antonin, Veygalier Jules, Evesque Léon, Lapeyre Clément, Carel Maurice, Robert Léon, Vernhet Louis (1915), Séverac Clément, Vernhet Joseph, Jonquet Léon, Carel Germain, Atgé Alphonse (1916), Vernhet Marcel, Parguel Marius, Raphaël Claudius, Jonquet Joseph, André Louis, Lapeyre Gustave, Parguel Jules, Jonquet Louis (1917).

Le commencement de la Grande Guerre nous est retracé dans le Livre de Paroisse : « Dès le début, tous les hommes valides, depuis la classe 1914 jusqu’à la classe 1887, furent mobilisés. La paroisse de Saint-André fournit son contingent ». Ceux qui furent mobilisés étaient bien nombreux. En août 1914, le village de Saint-André avait changé du tout au tout. Il n’y avait quasiment plus d’hommes entre 20 et 30 ans.

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En 1917, tous les conseillers municipaux sont mobilisés. La séance du 10 juin 1917 nous apprend que le conseil municipal donne avis favorable à la demande des prisonniers de guerre qui sollicitent les secours et, vote le crédit d’1 fr. 50 par mois et par prisonnier tant que dureront les hostilités et leur captivité. Des hommes demandent un certificat de vie pour toucher leur pension et la somme allouée pour leur médaille militaire.

Afin que l’on n’oublie pas cette guerre, fut entrepris en 1922, la création d’un monument à la mémoire des soldats morts pour la France. Celui-ci fut érigé par Maurice André, maçon du village et le monument fut protégé par une grille de fer forgée par Emile Baraille. La bénédiction du monument eut lieu le dimanche 23 juillet de la même année.

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Programme de l’Inauguration du Monuments aux morts (23 juillet 1922). ©DR

Juliette Ribas (1914-2018) nous rappelait ce jour particulier : « 1922. Saint André de Vézines inaugure son monument aux morts. Notre tonton Marius est descendu jusqu’à la Roque nous prendre, car nous faisons bien partie de ces petites orphelines qui vont participer à cette cérémonie. Nous retrouvons les parents de Roquesaltes qui vont aussi assister à ce jour mémorable. Nous voilà habillées du costume des petites Alsaciennes, avec un grand nœud bleu, blanc, rouge. Le nom de Baumel Félix, notre papa est gravé dans la pierre pour toujours dans ce monument avec la longue liste de tous ceux qui sont morts au champ d’honneur, c’est très émouvant, un souvenir inoubliable dans ce village où rien n’a changé, où nous retrouvons avec plaisir les parents et amis qui nous ont entourés pendant les six années de notre jeune enfance. »

Le jour de l’inauguration ©DR

Ouvrons le livre de Paroisse qui nous détaille cette cérémonie : « Des discours furent prononcés par l’abbé Carrière, ancien curé de la paroisse, qui magnifièrent la mémoire des soldats morts pour la patrie, par M. le sénateur Vidal devant le monument, par M. Veyrier propriétaire de Brunas, grand blessé, par M. Paul Atgé, facteur blessé et prisonnier de guerre, par M. l’abbé Bion. Le matin, à la réception de M. le sénateur par tout le conseil municipal, M. Baraille Maire avait prononcé un discours par lequel, représentant les souffrances des soldats, la douleur des orphelins et des veuves, il avait arraché des larmes à tous les assistants. La messe fut hautement chantée à l’unisson par les voix fortes et pures des anciens combattants auxquels s’unissait toute la population. Une place était réservée dans le chœur au sénateur et à tout le conseil municipal. Ce monument fut érigé sur la place publique bien en vue de tous pour rappeler la mémoire de ceux qui versèrent leur sang pour la patrie et pour qu’il serve de leçon aux générations futures. La division engendre la faiblesse, la faiblesse suscite les convoitises et les convoitises sont l’excuse de la guerre. « Si vis pacem para bellum » adage trop oublié de nos contemporains. ».

Carte postale éditée pour l’inauguration du Monument aux morts (1922) ©DR

Une autre guerre aussi sanglante que la première, martèlera malheureusement un nom de plus sur le Monument de Saint-André en 1940, celui de Fernand Baumel.

« 1940 : Mort pour la France. Nous apprenons le décès de M. Fernand Baumel, tombé au champ d’honneur, au début de juin. Cette pénible nouvelle plonge dans la tristesse toute la population de Saint-André ; c’est dire combien le vaillant soldat possédait l’estime générale. A son père, ancien combattant de la Grande Guerre, à ses frères et sœurs, si douloureusement éprouvés, nous présentons nos vives condoléances » (Messager de Millau, 7 septembre 1940).

Autour du monument le 11 novembre 1940. ©DR

Marc Parguel

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