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Une disparition mystérieuse en 1846 vers Saint-Jean-du-Bruel

Il y a 178 ans, Françoise Vallat de Saint-Jean du Bruel disparaissait d’une façon bien mystérieuse. Alors qu’elle se rendait à Nant en longeant la rivière de la Dourbie, elle se perdit dans une nuit épaisse, une nuit qui troubla son parcours.

De la longue nuit dans laquelle elle allait entrer et qui allait lentement passer, elle ne sortit point. On la revit au petit matin son corps flottant sur la rivière, des pierres dans les poches de son tablier. Plus un souffle de vie ne s’échappait d’elle.

La presse locale de l’époque fit vite un diagnostic de cette affaire : « Dans la matinée du 29 janvier dernier, le cadavre de la nommée Françoise Vallat, veuve Masson, de Saint-Jean du Bruel, a été retiré de la Dourbie, près de cette ville. Les signes d’aliénation mentale que cette infortunée donnait depuis quelque temps, et les pierres trouvées dans les poches de son tablier prouvent que cette mort est le résultat d’un suicide. Françoise Valat avait environ 65 ans » (Écho de la Dourbie, 7 février 1846).

Était-ce vraiment un suicide ? Ceux qui la connaissaient bien avaient de sérieux doutes sur cet acte désespéré ; et quand bien même pourquoi attribuer à ces pierres qu’on a trouvées dans ses poches, l’idée d’un suicide ? La vérité allait sortir de la bouche de son neveu, qui, consterné à la lecture du journal de l’époque prit sa plume et écrivit à la rédaction. Cette dernière s’empressa de publier cette nouvelle information et la lettre rédigée pour rétablir la vérité.

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« Dans un de vos derniers numéros, nous annoncions la mort de la dame Masson, de Saint-Jean du Bruel, trouvée noyée dans la Dourbie, et quelques circonstances nous amenaient à penser que cette mort pouvait être le résultat d’un suicide. La lettre suivante, qui nous est adressée par un parent de la victime, rectifie notre article et fait connaître la véritable cause de cet évènement ; nous nous empressons de la communiquer à nos lecteurs :

Saint-Jean du Bruel, le 25 février 1846

M. le Rédacteur,

Dans votre numéro du 7 février dernier, vous rendez compte de l’accident dont madame Marie Françoise Vallat, veuve Masson, a été victime, et vous donnez à penser qu’il est le résultat d’un suicide. Vous avez été induit en erreur par des renseignements inexacts. Pendant sa maladie, Mme Masson n’a rien dit, rien pensé de pareil. Ses vertus, sa religion, sa piété austère, connues de tous, en sont garants. Elle voulait aller à Nant, et elle n’avait mis des pierres dans les poches de son tablier que dans la crainte du chien de Castelnau redouté des passants ; ce qui le prouve, c’est qu’elle fit la rencontre d’un auvergnat, marchand ferblantier, domicilié à Nant, qu’elle suppliait de l’attendre afin d’être accompagnée, et qui lui vit ramasser ses pierres. Malheureusement, il n’accéda pas à sa demande.

Comme il était nuit, elle s’égara dans les champs qui sont à plain-pied de la route, et tomba dans la Dourbie dont les bords escarpés l’avoisinent. Neveu de madame Masson, je dois à sa mémoire de vous mettre à même de rectifier votre article, en insérant ma lettre dans votre prochain numéro, d’après l’usage reçu, et les convenances de la presse. Agréez, etc. E. Vallat » (Écho de la Dourbie, 28 février 1846).

La vérité était ainsi rétablie aux yeux de tous, Mme Françoise Vallat allait pouvoir enfin reposer en paix.

Marc Parguel

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