Causses et vallées
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Les lavognes en basalte de Belvezet (La Couvertoirade, Causse du Larzac)

Rendons-nous cette semaine à Belvezet : ancienne demeure templière, Belvezet qui signifie « Belle vue » se situe sur des terres volcaniques, entre Sauclières et Cornus, à  5 km au nord-ouest de la Couvertoirade. Qualifiée parfois de maison forte, parfois de château, la ferme de Belvezet conserve de beaux vestiges. Par un chemin de terre qui passe devant une bergerie moderne, vous atteindrez la première lavogne à mi-pente, c’est la plus belle.

D’où vient ce nom de lavogne ? Jacques Miquel et Peire de Vairau se sont penchés sur la question dans leur livret consacré à celles du Larzac : « Sur les Grands Causses, la mare s’appelle lavagne ou lavogne. Louis Alibert dans son dictionnaire Occitan-Français indique que le terme de lavagne vient de lavar, sans doute parce qu’à l’origine les mares étaient utilisées pour laver la laine, ce qui sera interdit ultérieurement, mais aussi au sens littéral de « flaque d’eau de lavage » (Les lavognes du Larzac, voir et savoir, conservatoire Larzac Templiers et Hospitalier, 2007).

Lavònha (labouonio) mare spécifique des Grands Causses où s’abreuvent les brebis, francisée en « lavogne ». À partir de la Couvertoirade sur le Larzac méridional et les petits causses gardois, on emploie la variante : lavanha (labanio) francisée en « lavogne ». Jean Virenque écrit « lavagne ».

La belle lavogne circulaire dallée en basalte est intéressante  caractérisée sur son pourtour par une zone empierrée et plate formant comme une collerette, avec son bassin de décantation qui est seul conservé, le canal l’alimentant ayant totalement disparu dans de probables réaménagements du chemin.

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Si Peire de Vairau était avec nous, il nous donnerait l’explication de cet aménagement :  « Le Larzacien ne se contenta pas de l’eau de ruissellement recueillie naturellement aux lavognes dallées et cimentées par souci d’étanchéité ; il ajouta des perfectionnements : besala et gorga. Sur les pentes entourant la lavogne, afin de mieux canaliser l’eau, il creusa des canaux de captage, las besalas (los besalos, francisé en besales). Ces eaux drainaient des boues, des débris végétaux, de la pierraille. Dans la gorga (lo gourgo, francisé en gourgue), bassin de décantation, elle se décantait avant de se déverser dans la lavogne » (Vagabonds des Grands Causses, découverte du patrimoine, 24 mars 2005)

La deuxième lavogne se trouve sur la droite de la bergerie, sur l’autre versant. Elle se trouve aussi en position dominante.

La deuxième lavogne en Basalte de Belvezet (DR)

Si celle-ci pouvait parler de son passé, elle nous raconterait cette triste histoire qui se déroula en 1883 : « Samedi dernier (19 mai), à neuf heures du soir, le sieur Bouvier, fermier à Belvezet, canton de Nant, n’ayant pas vu rentrer son berger, se mit à sa recherche avec ses domestiques. Il trouva le troupeau errant autour de la Bergerie, mais de berger point de trace. Enfin, à force de chercher, Bouvier découvrit près d’une mare, les habits de son domestique. Aussitôt il se rappela que Coulon avait dit avant de partir qu’il voulait aller prendre un bain. Des recherches furent faites aussitôt dans la mare et amenèrent la découverte du cadavre. Coulon était âgé d’une vingtaine d’années environ » (Journal de l’Aveyron, 26 mai 1883).

La lavogne communale sur la D7 (DR)

Les lavognes dallées en basalte sont rares sur les grands Causses, elles utilisent un environnement basaltique, on en trouve outre les deux contigus au hameau du Belvezet, aux abords de La Bastide-des-fonts, plateau de Guilhaumard (domaine de la Fraissinède), et une communale sur la D7, point 749 (IGN 2641 Ouest Nant), aire de stationnement 1 km à l’ouest de la Blaquèrerie.

Marc Parguel

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