Le Rajol (commune de La-Roque-Sainte-Marguerite, Causse Noir)

Marc Parguel
Marc Parguel
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Vue d'ensemble.

Situé à 4 km de Saint-André-de-Vézines et à 1.200 mètres de Roquesaltes, le Rajol vient du nom du cours d’eau, ruisseau : rai, rach, rajòl, rajal, qui relève étymologiquement du même sémantisme : raiar, rajar, rachar : jaillir, gicler (d’après Jacques Astor). Ce toponyme fréquent désigne ici des ruiniformes corrodés par les eaux de ruissellement et les agents atmosphériques.

Du site de Roquesaltes, il faut prendre un sentier bien marqué à travers bois pour atteindre ce magnifique chaos. C’est Martel qui l’a « découvert » avec ses amis Adrien Fabié et Marcel Gaupillat le 13 juin 1889. Plus petit que Montpellier le Vieux, il parait plus singulier encore.

Le Dromadaire.

Sur un promontoire saillant du Causse Noir, « Tout un sauvage découpement de rocs, suspendus au sommet des falaises à pic ! Les caprices de l’érosion, par d’anciens torrents, ont mis en relief des statues géantes, des pilastres architecturaux, des animaux apocalyptiques, des ouvertures surnaturelles sur 500 mètres de longueur et 300 mètres de largeur. En arrière des bastions formidables, on trouve des obélisques contournés comme moines en cagoules, une statue de « Parisienne », une autre sans bras, une colonne égyptienne avec chapiteau en lotus, un donjon percé de meurtrière ; au travers on passe la tête pour apercevoir la serpentine Dourbie dans un précipice de 400 mètres. Sur ce gouffre s’avance, comme s’étant retenue tout au bord, la double porte du Dromadaire, un des plus curieux rochers connus quant à la ressemblance frappante. Ces rocs fantastiques étalent leur plein relief vers 800 mètres d’altitude, en face du Larzac. Dans toute la région des Causses, c’est l’un des endroits qui provoquent la stupeur la plus profonde » (d’après Edouard Alfred Martel, les Causses Majeurs, 1936). De fait, c’est fantastique. Nous défilons devant tous ces monuments naturels sculptés par le temps et les eaux, bien dégagés après le passage d’un feu de broussailles, en 1976.

Le Dromadaire le 13 juin 1889 (collection Association Martel).

On peut prendre le temps de photographier la statue sans bras qui selon l’angle peut se transformer en tête de cobra.

Après avoir admiré quelques fleurs du sentier botanique, on peut passer devant le dromadaire et de là, on longe le sentier sur la droite et nous arrivons jusqu’à « la terrasse » où on est si bien, face à La-Roque-Sainte-Marguerite (au fond de la vallée) pour se ressourcer. Avec un peu d’imagination, en fixant l’ensemble du chaos, on pourrait penser à tout un peuple figé qui semble vouloir basculer sur le village de La-Roque-Sainte-Marguerite que baigne la Dourbie.

La statue sans bras et le cobra.
La statue sans bras et le cobra.

Un document aimablement communiqué par M. Daniel André, nous apprend qu’il fut question dès 1928 d’aménager la route qui mène à la ferme de Roquesaltes et aux rochers du Rajol. Malheureusement, cette intention fut restée sans suite jusqu’en 1959 !

C’est ainsi qu’en 1928, Marcel Gaupillat cousin de Martel, prit l’initiative de contacter les propriétaires des terres de Roquesaltes, afin de leur soumettre un projet d’aménagement du Rajol, qui ne pourrait se faire sans une amélioration sensible du chemin qui menait à leurs terres.

Vue du Rajol.
Marcel Gaupillat (1860-1939). Collection Association Martel.

Voici ce qu’il écrivait à un propriétaire de terrain : « Ayant visité à plusieurs reprises le Rajol qui domine la vallée de la Dourbie, j’ai pensé qu’il y aurait grand intérêt à rendre accessible ce site aux touristes. Il faudrait pour cela transformer en route carrossable le vilain chemin qui dessert actuellement les fermes de la Combe et de Roquesaltes. En ce qui concerne cette dernière, j’ai obtenu des propriétaires les héritiers Vernhet de passer sur leur propriété. Votre fermier que j’ai vu sera très heureux d’avoir une route, mais comme il n’est pas propriétaire, il ne peut disposer du sol. Je viens vous demander, si vous n’y trouvez pas d’inconvénient, de m’envoyer l’autorisation de prendre sur vos terres et gratuitement l’emplacement nécessaire pour l’élargissement du chemin actuel, au cas où cette route serait décidée. Mon nom ne doit pas paraître sur cette autorisation, mais celle-ci m’est indispensable pour entreprendre les démarches en vue d’obtenir les fonds nécessaires, ce qui sera facilité peut-être par le fait que j’ai l’intention de souscrire moi-même une somme très importante. » (Marcel Gaupillat, Lettre du 14 juillet 1928).

Concernent cette lettre, il s’agit soit d’un double que Gaupillat avait conservé, soit d’une lettre jamais expédiée, soit d’un retour par la poste en raison d’une fausse adresse. Toujours est-il qu’il n’y eut jamais de suite à cette requête.

Il faudra attendre 1959 pour que cette route soit aménagée, soit plus de 30 ans après ce fameux projet. Entre temps, Roquesaltes a été abandonné par son dernier habitant en novembre 1937, qui est allé s’établir à Millau.

Vue aérienne.

En octobre 1959, c’est l’entreprise Baumel qui améliorera le chemin qui mène à Roquesaltes, car il était jugé « trop mal adapté à la circulation de véhicules ».

En 1976 que le chemin actuel de Roquesaltes qui rejoint St André, a été bitumé sur une partie de son parcours par l’entreprise Sévigné de Millau qui a effectué les travaux dans un temps record (Revue Lou Caussé Négre, 1976).

Marc Parguel

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