Causses et vallées

Quand on visitait Montpellier-le-Vieux à dos de mulet

Au début du XXe siècle, Montpellier-le-Vieux se visitait à dos de mulet : « Les guides indispensables pour monter à Montpellier-le-Vieux se trouvent à La Roque ; ils sont Argeles, Froment, Brouillet et De Bon. Ils ont des mulets que les femmes feront bien de prendre, surtout pour la montée. Au lieu de selles, ce sont des bâts rembourrés. Le prix d’un guide avec ou sans mulets est de 5 francs par jour ; le pourboire de 2 francs. On fera bien de se chausser solidement. Le guide Argelies a une selle de femme. De la Roque, la visite de Montpellier-le-Vieux et retour s’effectue en 5 ou 6 heures » (Guides Myriam, 1899).

A partir de l’hôtel Perségol ou Terminus, on organisait des visites de Montpellier-le-Vieux. Il y avait deux dames qui prenaient les touristes en bas près de la rivière et les faisaient monter à Montpellier-le-Vieux par un petit chemin à dos de mulet. Ils faisaient le tour et redescendaient (témoignage oral Raymonde Dumousseau).

C’était le sentier de la Combe que faisaient emprunter les villageois aux touristes à dos de mulet pour rejoindre Montpellier-le-Vieux.

La route du Riou Sec, ouverte en 1905, avec l’aide du Touring Club de France, relia la Roque Sainte Marguerite au Maubert et désenclava ce site remarquable.

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Juin 1912 (DR)

L’indépendant Millavois, dans son édition du 4 juin 1921 nous donne de plus amples informations : « A 8 heures, les excursionnistes se trouvaient exactement au rendez-vous et le départ a lieu en autobus en ordre parfait ; en cours de route, on admire la belle vallée de la Dourbie ; à l’arrivée à la Roque, les vivres sont chargés sur les mulets et en route pour Montpellier le Vieux. L’ascension n’est pas du tout pénible, grâce à la fraîcheur de la brise, et on arrive au terme de l’excursion sans aucune fatigue ; on salue en passant l’Arc de Triomphe, le Sphinx, la porte de Mycènes et enfin on grimpe sur le Dominal où on reste longtemps à admirer le beau panorama qui se déroule au pied de ce pittoresque observatoire.

La tribune aux harangues. (DR)

Après le déjeuner champêtre qui a lieu à côté de la citerne, à l’ombre des pins on se divise : une partie des excursionnistes va visiter le beau cirque de la Milière, descend à la Roque et rentre à Millau en autobus. Quant à l’autre partie, le groupe des vaillants, il renonce, sur l’aimable proposition d’un excursionniste qui sait toute la valeur de l’air pur de nos Causses, au retour en autobus ; il monte, à travers Montpellier-le-Vieux, dont on admire ainsi de nouveaux et intéressants aspects, jusqu’au Maubert, et puis fait une longue et magnifique randonnée sur le Causse Noir, sous les voûtes des pins parfumés, à travers des tapis de verdure émaillés de fleurs multicolores. En raison de l’attirance, peut-être exagérée que le Causse semble exercer sur un des guides occasionnels de l’excursion, on ne rentre à Millau qu’à 7 heures et demie, un peu fourbus, peut-être, mais les poumons gonflés d’air pur, et l’âme remplie des visions merveilleuses que le Causse Noir réserve, à cette époque de l’année, par un beau soleil à ceux qui ont la vaillance de faire son ascension ». (L’indépendant Millavois, 4 juin 1921)

Chromo publicitaire – début XXe. (DR)

Juliette Ribas (1914-2018)  qui a passé sa jeunesse à La Roque-Sainte-Marguerite de 1921 à 1926 nous fait part de ses souvenirs concernant ces visites à dos de mulet qui se faisait au départ de la Roque en 1923 :

L’Hôtel Persegol. (DR)

« A La Roque, à droite, en bordure de la route, à l’entrée du village, il existe un bel hôtel assez moderne. C’est l’hôtel Persegol. A l’époque, pendant le mois d’août, quelques curieux qui viennent visiter Montpellier-le-Vieux sont heureux de trouver asile et nourriture. Les voitures sont encore plutôt rares. Il y a un autobus qui circule dans la vallée depuis Millau jusqu’à Saint-Jean-du-Bruel, parfois un petit Bus de la Saint Jeantaise (Vachin et Cie) emmène des touristes depuis Millau. Au village, il y a des guides avec des mulets qui font visiter la cité de Montpellier le Vieux. Le circuit est très pittoresque, il faut bien 3 ou 4 heures pour faire le parcours, et admirer le paysage. C’est très amusant de voir grimper ces belles dames sur le dos du mulet, robe longue et chapeau de paille. Parfois plutôt apeuré de grimper le sentier rocailleux avec le guide, le vieux Gruat qui répète en chemin : « c’est joli hein, c’est joli le roc de l’Oule ». Il explique par A + B le nom de tous ces rochers ruiniformes, toutes les merveilles de Montpellier-le-Vieux ». (Entretien 30 novembre 2007)

En 1931, la Société de l’Aven Armand acheta le site, les aménagements commencèrent en 1936-1938. Aujourd’hui, quatre sentiers balisés et entretenus permettent d’admirer les ruiniformes. Pour éviter toute fatigue, un petit train sur pneus a été mis en place en 1989 et depuis 2019, le site a été renommé « Cité de Pierre ».

Marc Parguel

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