A propos de la pierre sacrée de l’Aigoual

Marc Parguel
Marc Parguel
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La pierre portant la plaque de l’UNESCO (15 août 2015) (DR)

Il y a 10 ans, le 3 octobre 2013 avait lieu à l’Observatoire météorologique du Mont Aigoual l’inauguration d’une plaque officielle de l’UNESCO « Causses et Cévennes, Patrimoine Mondial ». A l’origine, cette plaque devait être scellée sur un grand rocher que l’on devait extraire non loin de là, mais les choses ne se passèrent pas comme prévu…

Pour rappel, le territoire classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2011 couvre 143 communes et une superficie de 3000 km2 répartie notamment sur la Lozère (51%) et le Gard (25%), mais aussi sur l’Aveyron (17%) et l’Hérault (7%).

Le territoire est partagé parfois avec le parc national des Cévennes et le parc naturel régional des Grands Causses. Il englobe aussi deux Grands Sites de France : le cirque de Navacelles et les gorges du Tarn et de la Jonte.

Une première plaque a été posée le 28 juin 2013 au Mas de la Barque (Mont Lozère), deux années exactement après l’obtention du label UNESCO. La seconde a été posée à l’Aigoual le 3 octobre 2013, deux autres ont suivi, une dans l’Hérault (Cirque de Navacelles) et en Aveyron à Millau (au Viaduc).

Afin que la plaque de l’Aigoual soit bien visible des touristes, on décida de la placer sur un grand rocher extirpé des terres environnantes et que l’on dresserait au pied de la station météo. Ce ne sont pas les pierres qui manquent dans les environs, aussi le choix se porta sur l’une d’entre elles qui par ses formes irait très bien à sa nouvelle destination.

La roche fut enlevée sans problème et installée fin septembre au pied de la station météo, mais voilà que l’enlèvement de cette grande pierre fit grand bruit. On avait extirpé de la terre une pierre sacrée !

Vue aérienne de l’observatoire du Mont Aigoual (DR)

Ce n’était pourtant pas un monolithe ayant servi de statue menhir, de dolmen ou encore de borne géodésique et comme le rappelle Midi Libre dans son édition du 6 octobre 2013 : « Elle n’est répertoriée nulle part et son caractère sacré était inconnu des élus locaux comme des employés de l’observatoire, en poste depuis des décennies ».

Toujours est-il que devant la levée de boucliers des habitants, la pierre dut être enlevée et retrouva sa place initiale. Selon les habitants offusqués de ce déplacement, cette roche servirait de ralliement à des chasseurs. D’autres pensent qu’elle a pu servir de borne de délimitation entre Gard et Lozère. Quoiqu’il en soit, cette pierre était sacrée, un point c’est tout.

Alors afin de ne pas fâcher chasseurs, promeneurs, et habitants voisins de cette grande pierre, on décida début octobre d’en extirper une autre. On eut tout juste le temps de la transporter devant l’observatoire, mais pas assez pour y sceller la plaque. Du coup, l’inauguration se fit  avec une plaque non posée ou plutôt si, sur un pupitre en fer, faisant office de support. Dans un sens, il valait mieux, car si la cérémonie s’était déroulée autour du monolithe fraîchement mis en terre, cela se serait passé dehors, dans le froid, par un épais brouillard, le tout, saupoudré de pluie.

La plaque dévoilée le jeudi 3 octobre 2013 © Jean-Mathieu Cazenove

Quelques lignes sur cette inauguration qui s’est déroulée le jeudi 3 octobre à 16h30 dans l’observatoire du Mont Aigoual. Damien Alary, président du conseil général du Gard a rappelé dans son discours que : « Le territoire Causses et Cévennes est classé depuis maintenant deux ans Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Ce classement est le fruit d’un travail collectif des 4 départements, des élus locaux, de l’AVECC. Le Mont Aigoual est au cœur des Cévennes méridionales, mais aussi au cœur de ce territoire classé. Le label de l’UNESCO est bien plus, pour ce territoire, qu’un seul atout touristique international. Il est, avant tout, une véritable chance pour tous ceux qui veulent y vivre. Pour l’heure, le travail et le rassemblement des intelligences doivent continuer. Le défi est là, nous devons nous y atteler… L’Entente Interdépartementale des Causses et Cévennes avec son Président Monsieur Jean-Paul Pourquier président du Département de la Lozère, est aujourd’hui en marche… Nous sommes sur la bonne voie. Réunis ici, nous démontrons notre envie d’agir ensemble pour ces forêts, ces plateaux, ces bergeries et ces drailles, ces clapas et capitelles, ces villages… »  (UNESCO, la plaque enfin dévoilée, octobre 2013, Objectif Gard. Journal de la communauté de communes du pont du Gard). Quelques semaines plus tard, la plaque quitta son pupitre en fer pour être scellée sur la grande pierre qui fait face à la salle d’exposition annexe au pied de l’Observatoire de l’Aigoual.

Marc Parguel

Texte de la plaque apposée sur la pierre (DR)
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