Causses et vallées

La lavogne des Condamines (plateau du Guilhaumard)

Direction le Mas Raynal (commune de Cornus) cette semaine, à 42 km au sud-est de Millau par l’A75 (sortie 48), D 809 et D140. 500 mètres avant le Mas Raynal, en venant de Canals, un petit panneau d’interprétation du Parc Naturel attire l’attention. Proche de là, se trouve la lavogne des Condamines. Elle est située au sud du point 742 (L’IGN signale aussi une croix IGN Cornus 2542 Est) au pied d’un ruiniforme.

Sur l’ensemble des Grands Causses, pour nommer une mare recueillant les eaux pluviales et servant à abreuver les troupeaux de brebis, on dit lavònha (labouonio) francisé en lavogne. Sur le Causse du Larzac Méridional et les petits Causses gardois, on dit lavanha (labanio) francisé en lavagne.

Louis Alibert dans son Dictionnaire Occitan-Français indique que le terme de lavagne vient de lavar, sans doute parce qu’à l’origine les mares étaient utilisées pour laver la laine, ce qui sera interdit ultérieurement, mais aussi au sens littéral de « flaque d’eau de lavage ».

DR

Le terme ancien est lavagne que l’on trouve dès le XIIe siècle dans les archives des Templiers notamment.

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C’est l’eau de pluie qui alimente la plupart des lavognes. Plusieurs textes l’indiquent clairement et il suffit d’observer les lavognes actuelles pour le constater. Mais ce n’est pas exclusif. Certaines de ces mares sont parfois des fontaines, et elles sont de cette manière désignées. Elles sont alimentées par une ou plusieurs petites sources coulant au pied des collines qui alimentent la fontaine. La lavogne qui y est généralement associée est alimentée à son tour par le trop-plein.

Celle que nous voyons aujourd’hui est intéressante. Un ostalon (oustalou : maisonnette) couvert de lausas (laousos tuiles calcaires, francisées en lauses) abrite un puits qu’alimente une lavogne communale. 

On remarquera un abri sous roche (bauma) situé dans le ruiniforme dominant la lavogne.

© Vincent Birot

Son toponyme dit bien qu’elle est communale, comme nous l’apprend Jacques Astor dans son « Dictionnaire » : « Condamines : à l’origine terre seigneuriale libre et franche » c’est-à-dire non soumise à des impôts et taxes ; ce mot a évolué au sens de « champ communal », propriété communale sur laquelle les habitants du village faisaient paître leurs troupeaux.

Elle est utilisée, donc vivante puisqu’un tuyau en caoutchouc alimente des abreuvoirs destinés à un troupeau bovin. Une croix domine la lavogne, son socle porte l’inscription  suivante :

Gloire à Dieu
Amour à notre père
Décédé le 1er août 1900
A l’âge de 70 ans
La famille Costes

© Chris Pascal

« Elle rappelle le tragique accident survenu à un nommé Costes, mal voyant, au lendemain d’un gros orage, il alla mesurer la profondeur de l’eau, il trébucha et se noya » (D’après Peire de Vairau, Vagabonds des Grands Causses, journal de Millau, 28 avril 2005).

Marc Parguel

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