Patrimoine millavois

Patrimoine Millavois : Au jardin André Chamson

Le jardin ou Espace André Chamson situé sur  les hauteurs de Naulas au nord-ouest de la ville de Millau a été inauguré en août 2007. 

Symbole de l’expansion urbaine des années viaduc, ce quartier au fulgurant développement (500 logements construits en l’espace de quatre ans) avait un grand besoin d’espaces verts.

En effet, les habitants de ce secteur, véritables pionniers du nouvel ouest millavois, avaient très tôt appelé de leurs vœux l’aménagement d’un parc et de jeux sécurisés pour leurs enfants.

Aussi durant l’automne 2005, en liaison avec le Parc naturel régional des Grands Causses, la commune de Millau a décidé d’y aménager un jardin public sur une surface d’un hectare en tête de ravin. Le chantier tendra à conserver le souvenir des coteaux ouest de Millau, longtemps recouverts par des vignes.

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Maquette du futur jardin (automne 2005). DR

Depuis l’avènement du Parc de la Victoire ouvert au public le 6 mai 1917, peu de jardins dignes d’une ville en expansion avaient vu le jour. Une longue attente réparée en 2007 par la création de ce parc.

Il faut dire que le service-cadre de vie n’a pas ménagé sa peine. Après le travail de gros œuvre et d’assainissement, deux employés municipaux sont restés à demeure pendant près d’un an. « Nous avons voulu garder l’esprit du lieu, explique Gérard Eychenne, le responsable. Il y a quelques années, les Millavois venaient passer leur week-end sur ces parcelles. Il y avait là des coteaux de vignes, des arbres fruitiers, des cabanons. » (Midi-Libre, 13 avril 2007)

Des plates-formes sur lesquelles reposent des arbres. (DR)

Si les bâtisses en bois ont disparu, tout le reste, en revanche, a été sublimé. « La trame végétale est la même. On a quasiment replanté à l’identique avec des cerisiers, des amandiers, mais aussi du chêne, de l’orme… »

Une cazelle située en contrebas du parc donne un cachet supplémentaire à ce site. « Un travail d’artiste », souligne Jacques Godfrain, le député-maire voyant cette bâtisse en cours de construction à la mi-avril 2017. 

La cazelle. (DR)

Si l’on ajoute la partie réservée aux enfants, l’ensemble est particulièrement réussi.

Après l’assainissement et le gros œuvre, l’aménagement du parc a demandé près d’un an de travail aux deux agents du service Espaces verts qui en ont été chargés.

Cet espace  restitue la végétation de ce que les anciennes générations nommaient « le Pays maigre ».

Thym, buis, pelouse sèche, chênes verts, érables de Montpellier, cerisiers sauvages, entre autres espaces endémiques, parsèment ce jardin. Une cazelle restaurée et une maison de vigne (l’un de ces « oustals » ou les Millavois se rendaient le dimanche et pendant l’été) maintiennent l’empreinte du patrimoine rural.

Ouverture au public

Avant même l’inauguration officielle de ce parc de 8300 m2, le maire et plusieurs conseillers municipaux se sont rendus le jeudi 12 avril 2007, malgré la pluie,  à Naulas, pour l’ouvrir officiellement au public. Il sera baptisé au nom d’André Chamson. Jacques Cros-Saussol, le responsable de la commission municipale d’attribution des noms de rues et autres espaces publics, s’est fendu d’une belle évocation de la vie et de l’œuvre de l’écrivain cévenol, pensant qu’il aurait sûrement aimé se balader dans son jardin : « Dans les jardins, le temps se déroule à un autre rythme », a rappelé l’élu, invitant le fantôme de Chamson, enterré sur la montagne sacrée, à venir régulièrement hanter « son » jardin millavois.

L’aire de jeux destinée aux enfants. (DR)

Il a été convenu que l’inauguration prévue en août 2017 se ferait en présence de Frédérique Hébrard, fille de l’écrivain, romancière elle aussi.

Une cérémonie émouvante

Le vendredi 10 août 2007, la fille de l’écrivain, écrivaine elle-même Frédérique Hébrard est venue en famille. Avec son mari Louis Velle, sa fille Catherine Velle et sa belle-fille Fanny Bruneth, toutes deux écrivains.

Quoi de plus normal pour l’auteur de « La protestante et le catholique » et du « Château des Oliviers », qui était invitée par le maire de Millau à inaugurer le jardin de Naulas baptisé du nom de son illustre père, André Chamson (1900-1983).

Le jour de l’inauguration (10 août 2007). DR

André Chansom, écrivain, mais d’abord résistant. Né à Nîmes, dans une famille protestante, le combat antifasciste s’impose à André Chamson pendant l’entre-deux-guerres. Il rejoint les républicains sur le front de la guerre d’Espagne et lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il dirige l’évacuation des chefs-d’œuvre du musée du Louvre dont il cache une partie près de Villefranche-de-Rouergue.

Amoureux de ses Cévennes natales, on l’appelle le romancier de l’Aigoual. Tous les étés, la famille se retrouve d’ailleurs au Mas Méjean près de Valleraugue. André Chamson connaît le succès dès son premier ouvrage publié en 1925 « Roux le bandit », l’histoire d’un montagnard rebelle, réfractaire.

Nommé conservateur du Petit-Palais après la Victoire, André Chamson entre à l’Académie française en 1956. C’est à cet homme qui se disait « Cévenol par le sang, Français par raison, Provençal par la poésie » que sa fille, Frédérique Hébrard, amie de longue date de Jacques Godfrain, a rendu hommage lors de cette inauguration, à l’orée de ce lieu de détente et de promenade, où de nombreuses personnes, élus ou gens du quartier se sont regroupées :  « Je ne cacherai pas mon émotion, a-t-elle dit, accrue par les rencontres que j’ai faites en entrant dans ce lieu ».

Avec une ancienne déportée par exemple : « Je l’ai vue comme un message à la Résistance qui était celle de mon père », a déclaré celle qui s’est dite sensible aux « passages d’un pays dans un autre, se répandent et font la France ».

Jacques Godfrain a évoqué le Larzac qui fait face au jardin en ces termes : « Qu’il y a bien peu de lieux au monde où la résistance de ce qui peut disparaître, mais aussi de ce qui peut renaître éternellement, nous est aussi sensible que dans ces lieux qu’on pouvait croire prédestinés… Quel destin pour cet arpent de jardin que de regarder à toutes les heures du lever au coucher du soleil ce que votre père appelait « une offrande de la terre au ciel, ce vaste plateau… », un message apprécié par la famille dont le jardin rappelle la mémoire et qui donne une belle perspective sur le viaduc.

Marc Parguel

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