Patrimoine millavois

Patrimoine Millavois : La rue Désiré Mazars

Du boulevard Richard au carrefour avec la rue du Voultre et du Jumel, la rue Désiré Mazars longe côté nord-est, l’ancien hospice hôtel-Dieu. C’est sur l’emplacement de cette rue que se trouvait, au XVIIIe siècle, la rue et la porte des Lattes, qui furent données par le Roi à l’Hospice, en 1749, aux fins d’agrandissement. Cette rue date de la reconstruction de l’hospice en 1822. Lors de son aménagement, on la nomma tout simplement Rue de l’Hospice. Elle mesure 50 mètres de longueur pour 5 à 7 mètres de large et ne compte que des numéros pairs.

En 1896, on la débaptisa en mémoire d’un bienfaiteur qui fit tant pour les malheureux : Jean-Pierre-Désiré Mazars, ancien avocat qui fit don de toute sa fortune à l’hôpital-hospice.

Tombe de Désiré Mazars ©DR

C’est dans la nuit du 18 novembre 1893, à trois heures du matin que Jean-Pierre-Désiré Mazars donna son dernier souffle dans sa maison d’habitation rue Claude-Peyrot. Agé de 79 ans, riche et célibataire, il avait 10 jours auparavant exprimé ses dernières dispositions testamentaires chez Me Félicien Sabathier, notaire à Millau :

M. Mazars qui n’avait pas d’héritier direct a laissé sa fortune, évaluée à cent mille francs environ, à l’hospice de Millau. La succession du défunt se compose d’un domaine situé à Saint-Germain d’un rapport annuel de 4000 francs, d’une vigne replantée au quartier dit « le Chayran » et de diverses créances ou titres de rente. Outre les frais de succession, l’hospice aura a payer une rente viagère de 500 francs. En outre, une somme de 1000 francs doit être versée à la paroisse de Saint-Germain et une rente perpétuelle de 100 francs aux pauvres de cette même paroisse d’où était originaire le testateur. (d’après testament déposé le 8 novembre 1893).

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La rue vue du boulevard Richard ©DR

Jean-Pierre-Désiré Mazars était en effet né à Saint-Germain le 14 septembre 1814. Fils de Jean-Pierre Louis Mazars orfèvre de Millau, qui lors de sa naissance avait 71 ans. Il s’était marié l’année précédente avec une jeune fille de 27 ans, Rose Brouillet, fille de François Brouillet, propriétaire et Marie-Anne Vayssière, du village voisin de Saint-Germain (Mariage du 1er octobre 1813).

Sa vie durant, « Maître Désiré Mazars » tel qu’il était connu à Millau avait cumulé une importante fortune. Le legs qui initialement se chiffrait à 100 000 francs se vit réduit de la moitié deux ans après le testament comme nous le rappelle cet article de presse de 1895 :

Tout payé, il reste la somme de 50 000 francs dont les revenus sont totalement absorbés pour le moment. Mais lorsque les pensions viagères à servir s’éteindront, l’hospice se trouvera posséder une rente annuelle de 1400 francs. (Messager de Millau, 15 juin 1895).

Mais c’était sans compter l’opposition faite au testament par les demoiselles Boyers, héritières de Désiré Mazars. Le 21 mars 1896, le conseil municipal maintenait officiellement l’avis favorable de réception du legs Mazars et faisait savoir que les réclamations des deux héritières n’étaient pas prises en considération. Dans la foulée, le conseil déclarait qu’en hommage à ce grand bienfaiteur de notre ville le nom de Désiré Mazars serait attribué à la rue, longeant l’hospice, qui rejoint la fin de la rue du Voultre au quai (actuel boulevard Richard).

©DR

Peu après le décès de Désiré Mazars, sur proposition du Maire Sully-Chaliès en 1894, il fut décidé que la ville « offrirait une concession à perpétuité pour la tombe et y ferait bâtir en reconnaissance un petit monument ». Cet hommage public à un bienfaiteur était louable et ne trouva que des approbateurs. Ainsi, la municipalité ne tarda pas à faire élever sur sa tombe au cimetière de l’égalité, un fort beau monument de pierre.

©DR

Au-dessus d’une plaque de marbre où son nom est gravé « Jean-Pierre Désiré Mazars, bienfaiteur des pauvres, décédé à Millau, le 19 septembre 1893 », une belle statue, grandeur nature drapée à l’antique, et dont la main gauche essuie les larmes de la douleur, se présente les pieds nus pour rappeler les pauvres qui, par son geste, viennent en pieux hommage offrir à leur bienfaiteur généreux la couronne de la reconnaissance.

Marc Parguel

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