Causses et vallées

Du Valat Nègre au Ravin de Canazel (2/2)

De la Baume dallée ou nous étions hier, le regard se porte sur la barre rocheuse en face au pied de laquelle une petite baume bergerie attire l’attention. Il s’agit de la « Baume Basse » ou Baume du berger. Elle se situe en bordure du ravin de la Milière et du Douls.

Baume basse.

Cette baume mesure 6 mètres de long sur 2,50 m de large. Son nom de baume basse lui vient de son plafond qui dans sa plus grande hauteur, mesure 2 mètres. Quant au mur qui la ferme, il mesure 1,20 m de haut.

Baume basse.

L’intérêt de cette modeste construction est assurément le linteau en bois sur la porte d’entrée (L. 1,75 m x l. 75 cm). On peut y lire une gravure, qui au premier regard peut paraître énigmatique.

Signe rupestre.

La gravure représente un rectangle ou carré, avec deux diagonales tracées surmontées d’une croix. Ce rectangle représente le socle de la croix, on a donc là un calvaire traversé par les deux lances croisées, instruments de la Passion (ou Arma Christi) en dessous du rectangle, on remarque deux « pieds » en petits arcs de cercle.

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La gravure ainsi faite sur le linteau par un berger, dans un but sans doute de « protection », ce modèle avait l’avantage de rester simple à exécuter.

Ces croix étaient courantes sur les piédroits des étables et bergeries pour protéger le troupeau des maladies, mais surtout de la foudre.

Le berger de sa baume pouvait observer le ciel et se référer alors à des connaissances populaires. Le soir, un ciel jaune ou très rouge annonce le vent. Un soleil se couchant dans un ciel orangé et dégagé est prometteur d’une belle journée. La présence de nuages voilant le disque solaire dans un ciel orangé n’annonce rien de bon. En revanche – subtilité – si le soleil se couche dans ce même ciel derrière un rideau de nuages, mais apparaît à l’horizon avant de disparaître, il fera beau. Les anciens disent, dans ce cas-là que le soleil lève son chapeau.

En continuant vers le Sud à la fin de la barre rocheuse, on peut la contourner et il y a une source, un petit bassin sur le versant est de Canazels à peu près au même niveau de la baume. Source qui devait être bien utile pour abreuver les troupeaux.

Source de Canazels.

Le chemin plonge ensuite vers l’antique hameau de Canazels, on y trouve cinq maisons à l’état de ruine, un puits colmaté, et une baume jasse.

Ce mas était connu dès 1277 sous la forme beaucoup plus expressive de Cazalels (archives du château de Vézins). C’est d’ailleurs le patronyme porté par un personnage en 1316, Bertrand de Cazalels, sans doute un tenancier, vassal du seigneur de La Roque-Sainte-Marguerite. Et ce terroir porta ce nom jusqu’au milieu du XVe siècle (en 1462, est mentionnée une reconnaissance faite pour une pièce de terre dite de Cazalet.)

Canazels.

C’est en 1479 que la déformation de notre toponyme a lieu, dans l’affar de Canazel (Archives Vezins). Désigné sous le terme de Canazel, ce toponyme n’a désormais plus aucun sens.

Une fois passé ce hameau oublié, le chemin redescend vers la route en bordure de la Dourbie.

Marc Parguel

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