Situé sur la commune de Veyreau à proximité de Saint Jean des Balmes, le toit-citerne de la Roujarie est séparé du corps de ferme du même nom par la route départementale D 29, laquelle sert en quelque sorte de frontière puisque le domaine de la Roujarie à quelques dizaines de mètres, appartient lui à la commune de Saint André de Vézines.
Ce toit-citerne attire souvent l’œil du touriste, qui n’hésite pas à s’arrêter, intrigué par cette construction quelque peu originale. A la fin du XIXe siècle, le lieu où repose cette bâtisse s’appelait lo potz (le puits). Des canaux de captage (las besalas), encore visibles malgré les résineux envahissants, drainaient les eaux de ruissellement et augmentaient la capacité du puits.
Le toit, dont la concavité n’a d’autre but que de recueillir l’eau du ciel, et la ramener vers le puits en accroissant la capacité, fut construit en 1900 par la famille Vernhet. Le fils du constructeur, Marcel Vernhet, dernier exploitant de la Roujarie, aimait à dire « il est comme moi, il date du siècle ! ».
Laissons la plume à Pierre Solassol pour nous décrire ce bel ensemble : « Il s’agit d’une citerne alimentée par l’eau de pluie, récupérée par une toiture en demi-cercle et par un aménagement de rigoles ingénieuses bâties de part et d’autre de la construction, l’eau pénétrant dans la citerne grâce à un seul trou collecteur placé sur le devant de la toiture, juste dans le haut de ce réservoir artificiel « d’environ 20m3 ». (Le Causse Noir, 2008).
Déjà Edouard-Alfred Martel dans « Causses et Gorges du Tarn » en 1926 en parlait : « A 500 mètres au S.E., à la Roujarie, à 875 mètres d’altitude se trouve un type de citerne primitif : le toit d’une étable à mouton est disposé convexement, comme un secteur d’amphithéâtre et dallé en pierres plates. La pluie s’y écoule par une rigole dans un simple bassin, d’où d’autres rigoles de bois mènent l’eau aux abreuvoirs et à la ferme (sans protection contre les poussières et les résidus véhiculés par le vent, ce dispositif à découvert, est malsain). »
Contrairement à ce qu’écrivait Martel, il ne s’agit pas là d’une bergerie-citerne, lorsqu’on fait le tour de la construction, force est de constater que la bâtisse a été construite pour supporter un solide toit de lauze, et qu’il n’est en aucun cas question d’étable à mouton. Le toit-citerne mesure 9 mètres de longueur et s’avance sur 5 mètres. Sa hauteur au maximum est de 1m50.
Dans les années 1960, à la suite de la grande auge en pierre, une succession de pises taillé dans des troncs d’arbres existait encore sur le site. Aujourd’hui, ne subsiste que la grande pise en pierre ou nauca, témoin des laborieuses heures de taille nécessaires pour obtenir un si bel ouvrage.
Depuis, le toit de lauzes a été victime de vandalisme. Avec l’accord du propriétaire des lieux, M. de Vaugelas, Il fut restauré par les soins d’un chantier de jeunes bénévoles, et de membres des associations (le Causse Noir et Los Adralhans, juin 1995). Régis Cartayrade, le maçon de Veyreau, encadrait ces équipes.
Et comme l’indique Pierre Solassol alias Pèire de Vairau dans un article paru le 20 mars 2003 sur le Journal de Millau « nous commîmes l’hérésie de lier les lauzes au mortier ; mais ce mal nous parut nécessaire pour la bonne conservation du monument : certains montant sur le toit, d’autres emportant des lauzes ».
Le 1er mai 1996, les travaux étaient terminés et le toit-citerne bien consolidé. Ces réparations entreprises étaient nécessaires et l’on peut ne peut que louer le mérite de ces associations et de ces bénévoles qui ont agi et agissent encore pour la sauvegarde de notre si beau patrimoine bâti.
Marc Parguel