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Opinion. « Macron, l’irresponsabilité suprême et la stratégie du bras d’honneur »

Semaine décisive pour notre système de retraite : alors que le refus de la cynique réforme ds retraites bat son plein dans la rue, que les sondages affichent invariablement et dans une quasi-unanimité la volonté de retrait, qui plus est au prix d’une reconduction du mouvement de grève, et qu’enfin perdure l’unité syndicale comme jamais on ne l’avait vue depuis une génération, les valets de Macron, ministres et parlementaires à l’unisson avec la droite persistent dans leur entêtement à passer en force – ce qu’ils appellent « réformer » – les dispositions rétrogrades que rien ne justifie, si ce n’est la soif insatiable de gain des grands intérêts financiers, des banques et des assurances privées.

Le Président des riches lui-même, sûr de ses prérogatives, s’enferme dans sa tour d’ivoire, faisant la sourde oreille à la clameur populaire, opposant une fin de non-recevoir aux appels au dialogue de l’intersyndicale. Comme avec les Gilets jaunes en 2019, l’exaspération des millions de manifestants et de grévistes et leur « radicalisation » forcément violente croit-on serait-elle la seule issue de secours pour tenter d’obtenir la décrue du mouvement, qui lui garantirait une victoire à la Pyrrhus ?

Ce 8 mars au péage du viaduc de Millau les militants de la Confédération paysanne ont eu un aperçu de cette stratégie de la provocation, conduisant à l’usage d’une violence répressive inouïe et totalement injustifiée face à des manifestants qui souhaitaient seulement, en marge du mouvement social, libérer le passage du rançonnage d’Eiffage sur les automobilistes.

Au-delà, le Président en principe élu pour barrer la route à l’extrême droite comme il en convenait le soir de sa réélection, a-t-il conscience du message envoyé à la Nation ? Manifestants ignorés, juste considérés comme les acteurs d’un « folklore hexagonal », syndicats hautement méprisés, représentation nationale piétinée, décrédibilisée et poussée à d’indignes et stériles affrontements, que restera-t-il aux Français pour exprimer leur colère et leur soif d’être entendus ?

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La réponse à cette question ne fait nul doute, mais M. Macron n’en a cure, après moi le déluge ! Il trouvera bien le moyen de s’exonérer de sa responsabilité en rejetant la faute de ce qui pourrait se produire aux prochaines échéances sur la propension des Français à revendiquer, tout comme le fit en son temps le régime de Vichy qui rendit responsable le Front Populaire de tous les maux.

La responsabilité du mouvement social est donc de ce point de vue colossale et dépasse le conflit des retraites lui-même. De sa cohésion et de sa force dépend la possibilité d’arracher le retrait pur et simple de la réforme : comme en 1995 contre la réforme Juppé ou en 2006 contre le CPE, il est possible de gagner à condition de maintenir et amplifier la mobilisation dans les entreprises ou les secteurs d’activité engagés dans des actions reconductibles. Hautement déterminante est aussi l’entrée en scène de la jeunesse lycéenne et étudiante pour qui se projeter dans un avenir digne représente plus que jamais une gageure. Obtenir ce retrait ainsi que la tenue d’un référendum sur la question des retraites aura également pour notre peuple une valeur symbolique sur la méthodologie à suivre pour rompre avec les choix néo-libéraux et éviter de tomber dans le piège tendu par l’extrême droite.

L’engagement déterminé, responsable et lucide de chacune et de chacun en cette heure décisive sera la meilleure réponse à l’irresponsable en chef qui prétend abuser de notre faiblesse supposée !

Jacques Nicol (Section PCF Millau)
François Bryant (Section PCF Saint-Affrique)

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