Opinion. « Des menaces sur le Bien Unesco Causses et Cévennes »

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« Les éoliennes dites du Larzac (commune de Lapanouse de Cernon), en zone tampon du Bien UNESCO ». © DR

L’attractivité du territoire mise en cause par des projets industriels : l’éolien aux limites du jeu

Après les éoliennes du Larzac mises en service en 2018, accident historique aux conséquences mortifères pour les espèces protégées et qui dénaturent déjà fortement cette partie du Bien Unesco Causses et Cévennes, il existe un risque que de nouvelles éoliennes viennent remettre en question l’agrément donné par l’UNESCO, avec des conséquences dramatiques pour l’ensemble du Sud-Aveyron.

Le Plan de gestion en vigueur stipule en effet un principe simple : « l’éolien industriel est exclu du Bien UNESCO, y compris sa zone tampon ». Cet engagement de la France a été confirmé en 2013, et le Département de l’Aveyron est intervenu dans les instances pour que non seulement il soit maintenu, mais aussi qu’il soit prolongé par une étude d’Aire d’Influence paysagère autour du Bien UNESCO, afin de protéger ce dernier compte tenu de la prégnance de ces machines dans le grand paysage et de leur danger pour les espèces protégées.

Pourtant, le projet de plan de gestion du Bien UNESCO pour la période 2022-2030 adressé par l’autorité délégataire aux ministères et aux services concernés du préfet de Région introduit discrètement de l’éolien dans le bien UNESCO, en remplaçant la règle en vigueur par une aire d’influence paysagère avec un « petit a » autrement dit une simple étude d’impact autour de chaque projet éolien qui serait déposé sur le Bien UNESCO, notamment en zone tampon.

Nous courons ainsi le risque d’un retrait de notre agrément, et les autorités ont été alertées afin que les engagements par la France pour garantir la valeur universelle d’exception du Bien soient durablement respectés.

Au demeurant, le Bien UNESCO est déjà un territoire à énergie positive, comme l’ensemble de l’Aveyron. Il n’existe donc aucune raison valable pour que nos engagements envers l’UNESCO et les pays relevant de l’agropastoralisme méditerranéen ne soient pas respectés.

Le PNR des Grands Causses : une Charte qui pose question

Depuis le 5 mai 2023, le PNR des Grands-Causses est très officiellement en situation de carence de son classement en tant que parc naturel régional. Son syndicat mixte qui aurait dû être dissous de plein droit a cependant pris le 23 juin une délibération approuvant le projet de Charte 2022-2037.

Cette délibération est très fragile juridiquement, et c’est pourquoi les associations ont demandé que cette situation de carence, que l’on peut espérer provisoire, soit mise à profit pour faire évoluer ce projet de Charte, qui sur cinq points parfaitement identifiés (objectifs de qualité paysagère, certains zonages éoliens inappropriés, opposabilité des règles d’urbanisme…) n’est pas conforme à la vocation d’un parc naturel régional telle que définie par le code de l’environnement.

Une prochaine réunion avec la direction du Parc, encouragée par la Préfecture de Région, se tiendra donc mi-janvier sous l’égide de la sous-préfète de Millau, avec pour objectif de rendre la future Charte pleinement conforme à la vocation d’un parc naturel régional.

Réussir cette mise en conformité de la Charte est un enjeu majeur puisque le classement vaudra pour une durée de 15 années. C’est un enjeu pour les 68 000 habitants du PNR des Grands Causses, territoire qui du reste est lui aussi déjà à énergie positive.

L’objectif stratégique numéro un de notre territoire aujourd’hui, c’est son attractivité durable, c’est la préservation de sa qualité environnementale et de sa biodiversité.

La Fédération des Grands Causses et le Collectif associatif Co-27-XII Environnement

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