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Millau. Les élus démissionnaires quittent la vie politique

Alors que les lettres de démission des élus de la majorité arrivent peu à peu sur le bureau du Préfet de l’Aveyron, les sept élus démissionnaires du groupe Vraie Pluralité ont donné une conférence de presse dans le jardin de la mairie ce vendredi 15 septembre en fin de journée.

Un rendez-vous qui arrive plusieurs jours après leur annonce par communiqué de leur démission collective en raison du calendrier de chacun. Seule Cathy Jouve était absente pour raison professionnelle et excusée.

Après l’annonce de leurs démissions, les réactions ne se sont pas fait attendre, à commencer par celle d’Emmanuelle Gazel qui a déclaré « c’est un triste coup politicien qui vient après la création d’un groupe au sein du Conseil municipal qui a, parfois, mêle ses voix à ceux-là mêmes qui ont combattu notre projet municipal. »

Une position corroborée par José Bové dans un « coup de gueule ». « Les petits jeux politiciens en cours à Millau pour tenter de déstabiliser Emmanuelle Gazel sont non seulement navrants, mais dangereux, car ce petit coup politicien fait le jeu de la droite qui rêve de prendre sa revanche et de l’extrême droite dont le responsable départemental vient tout bonnement de déclarer que Millau était prenable », avait-il alors déclaré.

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« Ce n’est pas un coup politicien »

Le groupe Vraie pluralité s’en défend. « S’il s’agissait d’un coup politique, nous aurions des ambitions politiques, on aurait agi, réfléchi en fonction d’un avenir politique. Ce n’est pas du tout le cas », annoncent d’une seule et même voix les anciens élus. En effet, aucun d’entre eux n’a « la volonté de rejoindre une liste ou une autre » en cas d’élection municipale anticipée à Millau.« Il faut que les gens se posent les vraies questions, pourquoi autant de démissions, pourquoi on en est arrivé là », répète Corine Mora avant de rappeler que « depuis le début du mandat, 12 adjoints et conseillers municipaux ont démissionné ou refusé de remplacer un sortant ».

Quant aux reproches qui leur est fait de faire le jeu du RN ou d’un autre mouvement politique, ils déclarent : « Nous refusons d’être réduits à 12 personnes en souci d’égo ou atteints d’immaturité politique, d’être rendus responsables d’une voie royale ouverte à la droite ou à l’extrême droite et considérons que ce sont les options choisies par madame la maire qui ont amené ce déséquilibre actuel de la vie locale. Chaque parti politique joue sa partition, nous ne sommes pas responsables de ce qui se passe. S’il devait y avoir une nouvelle élection à Millau, ce sont les Millavois qui auront le dernier mot, nous leur faisons confiance ».

« Une situation intenable »

Quand ils ont créé le groupe Vraie Pluralité, les élus expliquent avoir « tendu une perche à la maire de Millau ». Ils pensaient alors « qu’un dialogue s’installerait, que ce serait perçu comme un électrochoc, que la maire se remettrait en question et qu’un débat aurait lieu ». Ils expliquent avoir demandé à être reçus par Emmanuelle Gazel qui aurait « refusé de les voir seule, mais uniquement en présence de toute la majorité ».

Face à cette posture, ils avaient alors menacé la maire d’une démission collective si l’un d’eux était privé de sa délégation. « Elle ne nous a pas retiré nos délégations, c’est pire, elle les a vidées et s’est mise à surveiller les adjoints jusque dans les commissions et avait donné l’ordre aux services de ne rien traiter directement avec nous, déclare Martine Bachelet. Nous sommes devenus des pestiférés, une partie des conseillers et des adjoints ne nous dit même pas bonjour et ne s’assoie même plus à côté de nous en conseil ou en réunion ».

Pour l’élue aux finances, jusqu’alors restée plutôt discrète, les choses auraient commencé très tôt à se gâter, « en octobre 2020 quand la maire a annoncé qu’il y avait urgence à installer les archives à la place du projet Silex au Créa, parce que ça coûtait trop cher, je lui ai dit qu’elle n’avait pas bien regardé le tableau, ce n’est pas ce chiffre-là, c’est l’autre. Elle m’a répondu : « tu diras la même chose que moi » », assure Martine Bachelet qui précise avoir ensuite « été reçue 6 ou 7 fois pour des recadrages courant 2021 ». En mai 2022, elle se souvient que sa démission « était déjà prête ».

« C’était intenable », expliquent les anciens élus, « nous avons été mis de côté, on nous a fait mentir, on avait des valeurs, des convictions, on était là pour les Millavois, on a été élus sur des valeurs de gauche et on devait mettre en application notre plan de mandat qu’on avait travaillé ensemble, pas pour une seule personne. La maire gère une ville seule à bout de bras, on ne gère pas une ville à bout de bras, on la gère en équipe », regrette le groupe.

On ne voulait pas être des pantins qui sont là juste pour percevoir une indemnité, ce n’était pas le but de notre engagement. »

La fin du groupe Vraie Pluralité

« Ce n’est pas de gaieté de cœur que l’on démissionne, mais on ne voulait pas être des pantins qui sont là juste pour percevoir une indemnité, ce n’était pas le but de notre engagement », concluent ceux qui avaient réussi une large union de la gauche locale il y a quelques années.  Ils sortent aujourd’hui de la vie politique, non pas sans y avoir laissé quelques plumes avec au passage quelques remords ou regrets et une certaine amertume. Toutefois, leur choix, aussi « difficile » soit-il, est « assumé » et chacun a « l’impression d’avoir respecté nos convictions et nos valeurs ». Avant de définitivement tourner la page, ils souhaitent « remercier vivement les agents des services » avec lesquels ils ont travaillé et avec la fin du groupe Vraie Pluralité, ils annoncent celle de leur carrière politique.

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