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Opinion. « La Macronie ne peut plus se déplacer sans des dizaines de camions de gendarmes mobiles »

Vendredi 7 avril, Elisabeth Borne est venue en Aveyron pour parler de la santé.  Alors que des millions de gens se mobilisent depuis bientôt deux mois contre la réforme des retraites. Alors que les manifestations continuent à travers tout le pays avec des chiffres de participation records dans les zones rurales et dans des villes moyennes comme Rodez. Alors que nous sommes nombreux et nombreuses à nous serrer encore davantage la ceinture en posant plusieurs jours de grève par mois.

Madame Borne vient en Aveyron pour parler de la santé comme si de rien n’était. Comme si tout était rentré dans l’ordre. Comme si les millions de personnes mobilisées et la grave crise démocratique que nous vivons, comme si tout cela n’était rien, pas plus qu’un vague souvenir.

Mais il y avait du monde pour l’accueillir vendredi et lui rappeler que tant que cette réforme injuste et injustifiée ne sera pas retirée, nous ne lâcherons pas. A Salles-Curan, une quarantaine de personnes étaient présentes dès 8h30 pour lui dire qu’elle n’était pas la bienvenue.

Un dispositif ahurissant était déployé dans ce village du Lévézou. Des dizaines de gendarmes mobiles étaient postés tout autour du centre-ville. Tout était bouclé. Un hélicoptère a survolé le village avant son arrivée.

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Les personnes venues lui rappeler le sujet des retraites, se sont rapidement retrouvées nassées au bord de la route par un cordon de gendarmes mobiles. L’arrivée d’Elisabeth Borne, des députés Rennaissance Jean-François Rousset et Stéphane Mazars ainsi que d’Arnaud Viala (LR) s’est faite sous la protection de dizaines de camions, voitures, motos de gendarmes. Quelle disproportion, quel argent public gaspillé ! Et de même à Rodez avec des centaines de gendarmes mobiles, un canon camion à eau et un hélicoptère face aux 400 personnes venues manifester.

Ce dispositif en dit long. Un pouvoir qui craint tant son peuple est-il encore légitime ? Les manifestants sont restés nassés plus de 2h30 sur ce trottoir de 1,50 m de large sans que ne leur soit notifié la raison ni le cadre juridique de cette rétention. Enserrés par les gendarmes mobiles pendant 2h30, bien après que la ministre soit partie de Salles-Curan.

Lorsque certains ont expliqué au commandant que le Conseil d’Etat en 2021 a jugé illégal le recours à la « technique des nasses » par les forces de l’ordre, celui-ci leur a répondu « je m’en fous ».

En effet, on le voit bien sur les vidéos qui circulent où des gendarmes tirent avec des LBD (lanceurs de balles de défense) depuis leur quad ou leur moto ou bien lorsqu’on les voit donner des coups de matraque à des gens à terre : la police « s’en fout » de ce qu’elle a le droit de faire ou non. Ils n’ont pas à craindre de sanctions, car ils savent bien que ce pouvoir ne tient que grâce aux forces de « l’ordre ». Avec le peu d’enquêtes de l’IGPN qui aboutissent à condamner ou ne serait-ce qu’à démettre de ses fonctions un agent, on peut aisément comprendre ce sentiment d’impunité.

Cela fait maintenant des années que les soignants alertent sur la situation catastrophique de l’hôpital public et de la santé en général. Les syndicats, comme la France Insoumise, n’ont cessé d’avancer des propositions pour reconstruire l’hôpital (fin de la tarification à l’acte, revalorisation des métiers et des revenus…). Les plans mis sur la table par Macron tel que le Ségur de la santé ne sont pas à la hauteur et les politiques mises en place continuent d’aller dans le sens de la recherche de rentabilité et de l’économie de moyens. On ne fait pas d’économie sur la santé !

Et maintenant, Madame Borne voudrait nous parler de la santé ? Cela nous rappelle le grand débat sur les retraites à Rodez lorsque la Macronie voulait détourner notre regard de la crise démocratique matérialisée par le mouvement des Gilets jaunes.

Cet « art » de nous prendre pour des idiots commence sérieusement à lasser voire à énerver une majorité de Français.

Qui sera alors responsable de la montée du Rassemblement National ? La Macronie joue un jeu dangereux qui pourrait bien mal se finir dans les urnes.

Nous, nous disons que le débouché politique de cette crise doit être à gauche. Pour la retraite à 60 ans, pour la planification écologique, pour le partage des richesses, pour reconstruire l’hôpital public : le programme de la NUPES est criant d’actualité.

Pour ceux et celles qui ne l’ont pas encore fait, prenez le temps de le lire et de vous faire votre idée : https://nupes-2022.fr/le-programme/

L’extrême droite se nourrit du désespoir que ce gouvernement inflige aux Français, opposons à cela la solidarité, l’entraide et la volonté de construire une société plus juste.

Millau Insoumise

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