Dans la tribune que nous reproduisons ci-dessous, l’ancien maire de Millau, ancien député et ancien ministre Jacques Godfrain revient à sa manière sur l’actualité politique aveyronnaise.
[dropcap]E[/dropcap]n profitant de l’été pour relire Balzac, quiconque comprendra plus aisément l’imbroglio politique actuel de l’Aveyron !
D’abord, sachons que la famille Balzac était originaire du Tarn voisin et que ce cher Honoré connaissait dès l’adolescence les mœurs de notre province.
Dans les figures qui peuplent l’ensemble de ses romans (La Comédie Humaine… ça ne s’invente pas !), il en est d’attachantes et d’autres moins.
Au hasard de celles qui ont laissé une trace péjorative, celle de Rastignac doit susciter la relecture : un jeune homme pressé, ébloui par le mirage des honneurs parisiens, entre dans de mauvais arrangements pour être au premier rang des personnages parfois peu reluisants du XIXe siècle.
On découvre alors que la voracité du temps qui passe est pire que l’ambition ! Car voilà beaucoup de bruit pour rien dans cette affaire politico-politicienne.
Voilà un homme jeune dont le rêve légitime est de devenir connu et reconnu. La route est donc tracée et dès lors il organise un habile cheminement pour devenir député et plus encore si possible. Y étant pour partie parvenu, on le croirait comblé !
Que non point, voici qu’entre temps, les déplacements hebdomadaires du Rouergue jusqu’à la Chambre des députés, les séances de nuit et le refus du souverain de le voir entrer dans son Conseil, le conduisent à chercher d’autres voies et moyens pour devenir toujours plus, se voyant président de l’Aveyron !
Le voilà donc organisant moult cabales pour devenir Khalife à la place du Khalife ! Ce qui provoque un grand désordre pour connaître son successeur, et pourtant combien ce méli-mélo pouvait être évité ! En effet dans moins d’un an des élections législatives, à échéance régulière, auront lieu !
Le président du département en place était tout disposé à quitter son siège et sans doute le député en place, ne se représentant pas à cette élection nationale, pouvait glisser, selon son souhait, vers l’appartement de fonction et la voiture officielle à Rodez.
Mais à la manière balzacienne, il fallait tout et tout de suite ! Ainsi le jeune homme pressé, sous la plume de notre cher Honoré, obtint-il les honneurs et la gloire espérés en piétinant la personnalité attachante du père Goriot et de bien d’autres.
Plus d’un siècle et demi plus tard, l’histoire se répète, avec les mêmes victimes et les mêmes turpitudes !
Dès lors, on comprend mieux l’adage : « Le temps est galant homme, mais reste-t-il des hommes galants avec le temps ? »
Jacques Godfrain
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