Opinion

Millau. Jean-Louis Esperce : « Un simulacre de démocratie »

L’équipe municipale millavoise a proposé à la population une « votation citoyenne » pour faire un choix entre 15 projets d’équipements ou d’aménagements, ce choix pouvant se faire sur plusieurs éléments avec un plafond de dépense de 5.000.000 d’euros.

Deux types de participations étaient proposés, soit un vote papier dans des urnes baladeuses ou bien par Internet.

Cette opération appelle de ma part deux types d’observations.

D’abord sur la forme :

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Comme l’a très justement remarqué René Mouysset, il y a le risque qu’un groupe puisse, par des votes militants, orienter les résultats dans un sens favorable à ses choix ou à ses intérêts catégoriels. Ceci est d’autant plus vrai qu’il n’y a pas de véritable contrôle du vote pour connaître si le votant est réellement électeur dans notre ville ou s’il a pu voter plusieurs fois par exemple avec plusieurs adresses courriel. En outre des urnes ont été déposées dans des quartiers ciblés au détriment de ceux que l’on a volontairement négligés. Il eut été plus normal que les urnes soient mises en place dans quelques bâtiments municipaux bien précisés.

Enfin sera-t-il possible de considérer que les résultats sont l’image de l’opinion majoritaire de la ville quand le nombre des votants ne représente qu’un maigre pourcentage du nombre des électeurs inscrits sur les listes électorales (plus de 16.000) et que cette « votation citoyenne » se fait avec le renfort de la population des 16 à 18 ans !

Enfin sur le fond :

Il apparait quand on consulte les projets que les éléments qui sont à la base du choix des votants sont résumés sur le site de l’opération par le cinquième adjoint en une minute et quatre secondes !

Une minute et quatre secondes pour parler d’un aménagement du Mandarous avec espaces verts et même jeux pour enfants le tout pour 2.400.000 € dont 1.800.000 € pour les finances de la ville. Pas d’éléments techniques pour éclairer le dossier, étude de circulation, croquis de positionnement des implantations, financement, subventions, et, ou, emprunts. Comment se prononcer dans ces conditions ?

Autre exemple. « L’espace Evénementiel Polyvalent » plus simplement dit la salle des fêtes du parc de la Victoire. Là aussi, une minute et quatre secondes pour nous expliquer une dépense annoncée, à la pelle, de 8 à 10 millions d’euros, dont 4 millions pour le panier de l’électeur. Rien n’est dit sur le sort de l’existant, conservation, démolition, reconstruction, pour un usage multiforme y compris toujours d’après l’adjoint, pour des congrès, ce qui démontre le peu de sérieux de ce projet, ou plutôt le manque de réflexion que peuvent soulever ceux qui connaissent un peu le marché des congrès en France et cela même sans tenir compte de la situation actuelle.

Il n’est pas raisonnable de demander un vote sur ce type de projet qui baigne dans une totale imprécision. En fait une telle pratique de consultation de la population ne peut présenter de l’intérêt que si on limite le choix à des projets détaillés d’aménagements ponctuels dans la limite d’une enveloppe financière par exemple de moins de 100.000 € pour chacun. Sur les projets d’envergure, il faut se reporter au programme présenté par les élus lors de la campagne électorale. Il leur appartient de les réaliser puisqu’il s’agit d’un engagement vis-à-vis de la population sur lequel le vote a eu lieu.

Enfin, il faut observer qu’à la suite de cette opération il n’est pas dit que la commune s’engage à réaliser les choix qui apparaitront majoritaires à l’issue de la consultation. Ce sera peut-être un vote pour rien !

En la forme comme au fond c’est un simulacre de démocratie.

Me Jean-Louis ESPERCE,
Ancien élu municipal et régional

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