Politique
A la Une

Pour Millau en action, « Emmanuelle Gazel n’est pas une victime »

Au lendemain d’une période de turbulences, qui a secoué le Conseil municipal et sa majorité, le groupe Millau en action mené par Christophe Saint-Pierre est sorti du silence. À la faveur d’une conférence de presse, les sept membres d’opposition se sont exprimés sur leur position et le contexte politique actuel au lendemain d’un conseil houleux et à la veille d’un autre qui ne s’annonce pas davantage apaisé.

Remettre les choses dans le bon ordre

« Il faut remettre les choses dans le bon sens et dans le bon ordre. On a l’impression qu’on a une Emmanuelle Gazel un peu fragile, un peu chétive qui est la victime d’une odieuse et abominable opposition qui voudrait la manger toute crue et lui prendre sa place », a ironisé Christophe Saint-Pierre en revenant sur l’origine du sujet qui pour lui « n’est pas l’opposition », mais qui serait due « aux difficultés et au malaise dans l’équipe de la majorité depuis deux ans, et lié à un comportement un peu spécial de la maire dont les démissionnaires font tous état ».

« La maire a quand même réussi à faire exploser en plein vol sa propre majorité, la grande liste d’union de la gauche n’existe plus. A mi-mandat, un tiers de la liste qui s’en va à cause des méthodes de la maire, c’est inédit et gravissime. Ce n’est pas l’opposition qui a déclenché cet état d’esprit au sein de la majorité, c’est bel et bien le mode de fonctionnement d’Emmanuelle Gazel. Elle n’est pas victime, elle est actrice, elle a été provocatrice et nous ne sommes pas les déclencheurs », a déclaré Christophe Saint-Pierre avant de revenir sur le choix collectif de démissionner le cas échéant.

L’opposition prête à retourner aux urnes

Suite à l’annonce des sept démissions et après un échange avec l’ensemble des membres de la liste Millau en Action, le groupe avait rapidement pris une position claire et unanime, « nous prendrons le cas échéant nos responsabilités », avait alors déclaré l’élu de l’opposition qui optait pour une démission collective pour déclencher une nouvelle élection municipale et qu’il justifie aujourd’hui par « leur espace contraint et très limité au sein du conseil municipal » et surtout « les nombreuses sollicitations de la population ».

Publicité

« Nous avons fait preuve d’ouverture et de bonne foi pour travailler dans des groupes sur différents sujets comme la piétonnisation, nous avons été systématiquement refoulés », explique l’ancien maire avant de poursuivre : « les associations n’ont jamais eu autant de difficulté de fonctionnement avec la ville, les personnes âgées ne peuvent plus se garer et circuler pour aller à la pharmacie, les artisans refusent des chantiers en ville, les commerçants souffrent et ne veulent plus de cette piétonnisation… On est à l’écoute de cette population, on n’a pas des boules dans les oreilles et des œillères, et on s’est dit qu’au moment où réglementairement, démocratiquement, légalement, il y avait la possibilité de faire quelque chose pour changer les choses, on n’allait pas attendre deux ans de voir ce qui se passait. Il fallait assumer cette responsabilité. On est quand même loin d’un putsch, retourner aux urnes, ce n’est pas un coup d’État, on redonnait la parole aux Millavoises et aux Millavois. Si Emmanuelle Gazel était si sûre de sa popularité, et de ses projets, elle n’avait aucun risque à aller devant les électeurs. C’est un référendum grandeur nature ».

Pour arriver à cette situation, le leader du groupe Millau en Action rappelle que « plusieurs conditions devaient être réunies », notamment le nombre de colistiers de la majorité montants qui devait être limité à deux. L’Histoire en a décidé autrement, Gilles Tulsa, Aurélien Falcon et Michèle Vincent ont décidé de siéger au Conseil municipal après plusieurs jours de tractations et de discutions pendant lequel le groupe Millau en Action est resté en retrait et silencieux.

Une posture sur laquelle Christophe Saint-Pierre a souhaité revenir : « Cette situation a généré espoir et impatience, mais nous étions dans un laps de temps institutionnel après les démissions. Il fallait attendre de savoir qui montait pour passer au troisième acte potentiel », explique-t-il en rappelant qu’il n’était pas là « pour faire le buzz » et que « ma responsabilité d’élu est de continuer, à siéger au conseil municipal dans le groupe d’opposition ».

Retrouver la confiance

De retour en séance de conseil municipal le 25 septembre dernier, le groupe Millau en Action avait toutefois décidé de désormais s’abstenir symboliquement, sur toutes les délibérations pour dénoncer « une confiance relative, mais rompue à cause de mensonges à répétitions de la part de l’édile », a expliqué Christelle Sudres-Baltrons avant de lister différents sujets qui selon elle illustrent ses propos corroborés par Claude Assier, Alain Nayrac et Thierry Solier et pour lesquels « la maire aurait menti ». « Elle a menti sur le Silex, dont les lignes budgétaires ont été trafiquées et les chiffres manipulés, la baisse des subventions aux associations votées à l’unanimité après que la maire ait déclaré avoir échangé avec les présidents, la délibération de la vente d’une maison rue Condatomag pour laquelle il manquait soi-disant des papiers… La maire nous prend pour des lapins de six semaines, il y a trop de mensonges », s’est désolée l’ancienne élue à l’éducation en tendant toutefois une perche à Emmanuelle Gazel. « Je ne dis pas que nous allons nous abstenir jusqu’à la fin du mandat, mais il va falloir qu’elle lance une grande opération de séduction et qu’elle nous prouve sa bonne foi pour qu’on puisse lui faire à nouveau confiance ».

À la veille du bilan de mi-mandat d’Emmanuelle Gazel, le groupe d’opposition avouera toutefois « ne pas avoir beaucoup d’espoir sur la suite des évènements et sur la pérennité du mandat » et être surtout « très inquiet pour la deuxième partie du mandat à cause du manque d’un projet central et ambitieux pour la ville », dénonçant même « un certain amateurisme sur des projets qui devaient être majeurs pour la Ville comme celui des Sablons et dont les conseillers municipaux découvrent à peine une esquisse deux jours avant un conseil », souligne Christophe Saint-Pierre.

« Quand on écoute Emmanuelle Gazel aujourd’hui, tout va bien, elle est dans une phase inaugurale, sauf qu’elle oublie de dire que tous les projets ont été lancés par l’ancienne municipalité dans le cadre du programme « Millau 2030 » qu’elle a raillé avec un dédain extraordinaire en le taxant de lettre au père Noël lors de sa présentation en conseil municipal sous le précédent mandat », a rappelé l’ancien maire de Millau.

Un conseil municipal sous tension

Lors du prochain conseil municipal du jeudi 5 octobre, quatre délibérations pour réorganiser le conseil et sa majorité seront à l’ordre du jour. Parmi elles, la première vise à modifier le nombre d’adjoints qui passera de 10 à 8, une décision légale, mais toutefois contestée par l’opposition.

« Nous voterons contre la première délibération », a d’ores et déjà déclaré Christophe Saint-Pierre. « Millau mérite un exécutif fort et qui couvre tous les champs de compétence de la collectivité avec à leurs têtes un adjoint pour impulser la politique générale fixée par la majorité et suivre l’action des services, un travail lourd et important », selon Christophe Saint-Pierre qui a tenu à rappeler qu’il fallait parfois « lire entre les lignes et entre les calculs ».

« On tombe dans le tripatouillage, le nombre de huit adjoints n’est pas innocent ! », lance-t-il avant d’expliquer qu’après le départ de trois adjointes, « il devient obligatoire de les remplacer par des élues du même sexe au nom de la parité ». Toutefois, le code électoral stipule aussi que pour remplacer plus d’un adjoint, il faut que le conseil municipal soit complet. Or, ce n’est plus le cas à Millau qui ne compte plus que 31 élus. Selon lui, la maire de Millau aurait donc « volontairement décidé de ne remplacer qu’une adjointe, pour éviter d’avoir recours à des élections générales ».

« Là encore, l’opposition ne demande rien, mais alors qu’on prône la concertation et la démocratie participative à tout va, on trouve une alternative légale, mais qui réduit le nombre d’adjoints, on n’est pas dupes ! », précise-t-il avant de conclure : « une séquence se termine, cet épisode laissera des traces dans la majorité, mais aussi dans la légitimité et la représentativité de la maire. A l’avenir, nous examinerons avec davantage d’attention et de méfiance les délibérations qui nous seront présentées et nous serons attentifs et vigilants au degré d’implication des élus qui seront montés ».

Bouton retour en haut de la page