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Millau. Un bras de fer s’engage entre la municipalité et le collectif des commerçants

Mardi 27 juin, 120 commerçants se sont mobilisés et sont intervenus pour prendre la parole lors du Conseil municipal. Par cette action insolite et une mobilisation inédite du secteur, ils ont interpellé la Maire de Millau Emmanuelle Gazel sur l’épineux sujet de la piétonnisation en centre-ville.

Au micro, en préambule du Conseil municipal, Christophe Sales s’est fait le porte-parole du collectif qui rassemble une mosaïque de commerçants, artisans, personnels de service, professions libérales, ambulanciers agents immobiliers… La lettre dresse un état des lieux à charge et sans concessions de la piétonnisation mise en place par la municipalité qui selon le collectif « tue le commerce du centre-ville à petit feu en contraignant la circulation selon un parcours folklorique et rebutant ». Il accuse la Maire d’avoir « au gré de ses lubies et par des mesures autoritaires, transformé Millau en centre d’expérimentation permanent sans que le fonctionnement n’en soit ni fluidifié ni amélioré ».

Christophe Sales, à la sortie du Conseil.

Des propositions

« Par toutes les mesures autoritaires prises en contradiction avec la réalité du terrain, vous avez rendu Millau impossible pour ne pas dire infernal aux professions libérales, aides à domiciles, livreurs et artisans ainsi qu’aux habitants des communes voisines et bien sûr aux touristes. Vous mettez délibérément notre centre-ville en danger, victime de la paralysie de la circulation qui lui a toujours été nécessaire. » A conclu le commerçant avant d’énumérer des propositions faites par le collectif : revoir le stationnement en zone bleue, réduire la vitesse en centre-ville, mettre en place une signalétique cohérente, mais surtout « rétablir au plus vite la circulation sur le point névralgique de la Capelle pour retrouver un flux libre sur ce périphérique indispensable à l’accès de la ville ainsi qu’un en sens unique Boulevard de Bonald ». Pour le secteur de la place Foch, ils espèrent revenir au concept précédent (fermée l’été à certaines heures et totalement ouverte l’hiver) « pour réoxygéner cette zone en urgence ».

Le collectif demande à Emmanuelle Gazel « un geste fort et une révision » tenant compte de leurs propositions avant le mois de juillet » soit d’ici quelques jours.

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Le choix de la Piétonnisation

Emmanuelle Gazel s’est immédiatement défendue en précisant avoir « conscience des difficultés du commerce en cœur de ville aujourd’hui » et pour cela avoir « mis en place des politiques inédites pour accompagner le commerce ».

« C’est même la raison pour laquelle nous avons choisi cette piétonnisation, même si je sais que vous n’êtes pas d’accord avec nous, nous sommes convaincus que la piétonnisation des cœurs de ville est l’avenir » a argumenté l’édile en citant « des exemples qui le démontrent » comme Issoire, Auch ou Cahors « des villes comparables à Millau qui ont piétonnisées ».

Une réponse qui n’a apparemment pas satisfait les commerçants qui ont quitté la salle, une poignée d’entre eux est restée pour échanger dans un climat plus apaisé sans toutefois « sortir satisfaits de cet échange » quelques minutes plus tard.

L’opposition boycotte le Conseil

« Nous venons de vivre un moment historique, de mémoire, on a rarement vu une mobilisation aussi importante des commerçants, des professions libérales et des artisans, tous secteurs confondus. Les propos qu’on a entendus tout à l’heure sont particulièrement graves, il y a de l’inquiétude, de la peur pour l’avenir, pour les emplois, pour autant, ils viennent avec des propositions, ne restez pas sourde à ces appels, faites-en sorte de pouvoir faire évoluer le projet, il est possible de bouger les lignes, faites-le ! Ne laissez pas les commerçants dans le désarroi, ne soyez pas sourde, répondez-leur ! » a imploré Christophe Saint-Pierre.

La maire de Millau a rappelé que la piétonnisation finale s’était nourrie des deux phases d’expérimentation précédentes, d’avis consultatifs citoyens ainsi que des propositions faites par l’OCA et les commerçants. « On ne peut pas dire qu’on a été sourd », a-t-elle lancé avant de poursuivre : « je mesure la gêne pour les habitants, mais cela nécessite que chacun d’entre nous change ses habitudes, c’est extrêmement difficile, mais s’il vous plaît monsieur Saint-Pierre arrêtez le populisme et ne hurlez pas avec les loups ! Si vous avez des propositions, n’attendez pas 2026 pour les faire ! On fait quelque chose sur lequel on s’est engagé, en étant à l’écoute ».

Une réponse qui a fait mouche, après quelques échanges l’équipe des conseillers municipaux de l’opposition a fait le choix de boycotter le conseil qui suivait par solidarité avec les commerçants.

 

Le groupe indépendant de la Majorité « Vraie pluralité » ne s’est pour l’heure pas exprimé sur le sujet et n’a pas précisé sa position.

« Nous avons un engagement »

Aujourd’hui, la maire de Millau assure qu’elle « évoquera les propositions en équipe ».

« Accéder à leurs demandes reviendrait à renoncer entièrement à la piétonnisation. Nous avons un engagement envers les habitants et ma conviction que c’est l’un des moyens de préserver et de dynamiser le cœur de ville. Je m’efforce toujours d’écouter ceux qui se font entendre bien sûr et ça a déjà beaucoup été le cas pour les commerçants et je m’efforce aussi et c’est plus difficile d’entendre la majorité silencieuse qui se sent souvent oubliée et qui est autant légitime à être entendue. C’est ce que nous faisons notamment via toutes les démarches citoyennes et par notre proximité » explique Emmanuelle Gazel.

Un bras de fer

Le sujet de la piétonnisation divise depuis le début. Il semble aujourd’hui que la division soit devenue une fracture et que les deux camps ne soient résolument pas sur la même longueur d’onde. Un bras de fer est désormais engagé entre l’équipe municipale et le collectif qui compte « maintenir la pression et aller jusqu’au bout de sa démarche pour obtenir gain de cause ».

« Nous ne venons pas ici par plaisir ni pour faire des vagues, nous sommes ici parce que nous pensons qu’il y a péril en la demeure et que si rien n’est fait, dans 6 mois, un an, deux ans, de très nombreux commerces auront baissé le rideau », a conclu Christophe Sales avant de sortir et de laisser place au Conseil municipal du jour.

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