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Millau. 120 commerçants contre la piétonnisation s’invitent au conseil municipal

C’est ce que l’on appelle une démonstration de force. Ce mardi 27 juin à 18h15, environ 120 commerçants se sont donné rendez-vous devant la Halle Viaduc, où se déroule actuellement le conseil municipal, pour prendre publiquement la parole et interpeller Emmanuelle Gazel, maire de Millau sur le sujet de la piétonnisation. Une quarantaine sont entrés dans l’amphithéâtre, les autres sont restés en dehors en raison de la capacité limitée.

Malgré la contestation, la piétonnisation avait été actée et déployée dans la cité du gant pour créer des « zones apaisées et dédiées à la mobilité douce », après plusieurs ajustements sur le modèle initial concédés par la Ville.

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Et à part quelques voix isolées qui s’élevaient encore sur les réseaux sociaux, on croyait les opposants résignés au nouveau schéma de circulation et de stationnement en centre-ville mis en place par l’équipe d’Emmanuelle Gazel. Mais les commerçants et artisans millavois n’avaient pas dit leur dernier mot.

Jusqu’ici, aucun mouvement contestataire d’ampleur n’avait vu le jour, malgré l’hostilité d’une partie des commerçants à cette forme de piétonnisation. II semble aujourd’hui que les choses ont évolué et que l’exaspération a pris le dessus sur les initiatives isolées et les pancartes collées sur les vitrines, et que des figures fédératrices aient réussi la prouesse de rassembler tout ce petit monde pour qu’il s’exprime « de manière constructive et d’une seule voix ». La colère a aujourd’hui un visage et un nom et a pris une ampleur inédite.

Ce soir au conseil municipal.

« Le collectif attend donc un geste fort de votre part et une révision tenant compte de nos propositions avant le mois de juillet »

C’est vêtus de noirs que les opposants à la piétonnisation sont arrivés au conseil municipal. « Une tenue symbolique pour représenter la mort du commerce du centre-ville », expliquent les représentants du collectif. Par cet acte hautement symbolique et inédit dans la cité du gant, ils souhaitaient « directement et publiquement » s’adresser à la maire « pour qu’elle revoie sans délai la piétonnisation mise place » et donne ainsi « de l’air aux nombreux commerces du centre-ville à l’agonie ». C’est Christophe Sales de « La Maison du cuir André Sales » adresse bien connue des Millavois depuis 1850, jusqu’ici resté très discret, qui a porté la voix du collectif en lisant la lettre ouverte devant une assemblée attentive.

« Si nous nous adressons à vous ce soir, c’est suite au constat d’un dialogue impossible sur la situation préoccupante de tous ces commerçants, professions libérales et artisans qui n’ont cessé de vous interpeller sur le danger de votre piétonnisation sans obtenir de réponse satisfaisante. […]

Les multiples rendez-vous infructueux faisant état des difficultés individuelles et des licenciements à venir n’ont jamais étés pris au sérieux et vos réactions montrent bien que nous n’avons plus notre mot à dire […] En résumé, par toutes les mesures autoritaires prises en contradiction avec la réalité du terrain, vous avez rendu Millau impossible pour ne pas dire infernal aux professions libérales, aides à domiciles, livreurs et artisans ainsi qu’aux habitants des communes voisines et bien sûr aux touristes. […] “Une ville que l’on ne peut plus traverser est une ville qui meurt”, ce n’est pas ce que nous espérions de votre mandat, mais c’est ce qui se profile au vu de tous les commerces qui baissent le rideau. Mesdames, Messieurs les conseillers municipaux, Madame la Maire, si malgré nos alertes, vous persistez dans cette organisation dogmatique que nous considérons suicidaire pour la ville de Millau, vous seuls en porterez la responsabilité et les Millavois s’en souviendront longtemps. Le collectif attend donc un geste fort de votre part et une révision tenant compte de nos propositions avant le mois de juillet. »

Christophe Saint-Pierre et les conseillers d’opposition quittent le conseil

À la fin de cette lecture, Emmanuelle Gazel a tenté de répondre en prenant l’exemple d’autres villes où la piétonnisation aurait réussi (Auch, Issoire…). Les commerçants, qui étaient là pour « avoir des réponses qu’ils n’avaient pas déjà », ont alors quitté la salle. Quelques uns sont restés et ont échangé un quart d’heure. Emmanuelle Gazel a assuré vouloir « travailler sur les propositions », sans pour autant les accepter toutes. La première sera semble-t-il la réduction de la vitesse…

Christophe Saint-Pierre a demandé la parole. Accusé de « faire du populisme et de hurler avec les loups » par Emmanuelle Gazel, il a alors quitté la salle du conseil suivi par les conseillers d’opposition, par solidarité avec les commerçants.

Après des réunions préparatoires pour construire leur démarche conjointement, le collectif, né de l’initiative de commerçants avait officiellement demandé un « droit au chapitre » pendant le conseil municipal du mardi 27 juin. Une prise de parole que la maire de Millau aurait d’abord tenté de « transformer en rendez-vous dans l’enceinte de la mairie la veille du conseil », proposition à l’unanimité déclinée par le collectif qui comptait bien se faire entendre.

Mardi 27 juin en matinée, la maire de Millau a finalement donné son accord pour que le collectif intervienne en début de conseil tout en leur précisant qu’il n’existait pas de droit d’expression de collectif lors des conseils municipaux, mais qu’une intervention était possible avant le conseil si elle était organisée et pas de nature à troubler sa tenue. Elle a également ajouté que les séances du conseil étaient publiques, mais que les personnes présentes devaient adopter une attitude passive pendant le conseil municipal.

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