Lundi 5 juin à 18 h, un rassemblement était organisé devant la sous-préfecture de Millau pour défendre l’offre de soins millavoise et une fois encore alerter la population sur les conditions de prise en charge des patients au centre hospitalier de Millau.
Devant les portes closes de la sous-préfecture, une centaine de personnes avait répondu à l’appel de l’intersyndicale hospitalière.
Au micro, Corine Mora, représentante syndicale CGT décrit une situation nationale extrêmement tendue et inacceptable avec parfois des situations ubuesques comme cet homme hospitalisé à Langres dans le garage de l’hôpital.
D’après la porte-parole du mouvement, la situation ne serait pas plus réjouissante à Millau, elle annonce même « une nouvelle saison été périlleuse avec même la menace de la fermeture du service de médecine qui aurait été annoncé par Sylvie Marty la directrice récemment démissionnaire de l’établissement au 12 juin si d’ici là, un médecin n’était pas recruté ». Une réunion d’information avec le personnel du service est d’ailleurs prévue ce 6 juin.
« Entre les congés du personnel et l’augmentation estivale de la population, la situation va devenir périlleuse » lance la syndicaliste en listant les répercutions locales d’un système de santé qui va mal : fermeture du SSR depuis près de deux ans, suppressions de lits, manque de personnel, difficulté de recrutement du personnel médical et paramédical, opérations déprogrammées, manque de matériel, surcharge du service des urgences… le tout combiné à la loi Rizt qui plafonne les rémunérations des médecins remplaçants uniquement dans le secteur public, mais qui rend leur recrutement encore plus difficile.
Un discours appuyé par Pascal Mazet conseiller régional venu de Decazeville en sa qualité de secrétaire départemental de la CGT Santé qui a salué l’action locale aux côtés de plusieurs salariés du centre hospitalier millavois : « vous êtes les premiers à bouger et vous avez raison, car c’est toute la population aveyronnaise qui est en danger grave et imminent. On ne peut plus se soigner convenablement parce que les directeurs aujourd’hui sont tous débordés par 30 ans d’inactivité des politiques nationales ».
Des pouvoirs publics muets
Face à cette situation, les syndicalistes affirment avoir demandé de l’aide, à la mairie de Millau, à la sous-préfecture, à l’ARS, mais en vain, c’est pourquoi ils ont décidé du rassemblement du jour.
« Que font les pouvoirs publics ? Nous les alertons depuis 6 mois, nous sommes intervenus en séance de conseil municipal, madame la maire également présidente du conseil de surveillance de cet hôpital s’est engagé à venir nous aider, rien ! zéro, nada ! Il faut qu’elle prenne ses responsabilités » a lancé Pierre-Jean Girard le représentant Sud Santé avant de rappeler que « la préfecture et l’ARS faisaient également la sourde oreille à leurs demandes de rendez-vous ».
« On a un problème de soins, mais aussi de gouvernance, la directrice de l’hôpital de Millau démissionne, nous avons eu 9 directeurs en 9 ans, comme les précédents, il n’y aura pas de bilan, les salariés gèrent les incohérences et doivent se satisfaire de la période charnière entre aujourd’hui et la construction de l’hôpital médian. Demain on va se projeter avec un nouveau directeur pour un énième plan de retour à l’équilibre ? Ça suffit, on en peut plus, on n’y croit plus, on a trop été maltraités » s’est-il désolé.
C’est véritable cri d’alerte et un appel à la mobilisation générale de la population qu’ont lancé les syndicalistes devant la sous-préfecture millavoise devant des blouses accrochées aux grilles de la cour qui arboraient l’inscription « démission », une allusion à une hypothétique démission collective si un véritable dialogue social n’était pas mis en place. « On en a ras les blouses » a conclu l’intersyndicale hospitalière avant que les manifestants ne jettent symboliquement leurs blouses dans la cour de la sous préfecture.