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Millau. « Attaqués de tous les côtés » par le loup, les éleveurs de brebis manifestent

80 brebis ont été retrouvées mortes depuis le 15 septembre sur le causse du Larzac. Dont 6 pas plus tard qu’hier. C’en est trop pour les éleveurs qui ont manifesté ce matin sur la place du Mandarous et devant la sous-préfecture de Millau, pour demander à l’Etat de « défendre enfin la filière de l’agropastoralisme ».

Quand il s’est rendu auprès de son troupeau, hier matin, Laurent Pons, maire de Vissec dans le Gard, à une enjambée de La Couvertoirade, n’a finalement pas été si surpris que ça. « Trois brebis ont été tuées, quatre autres, blessées, ont dû être abattues et sur les six agneaux, il n’en reste qu’un… », énumère-t-il, fataliste. Si le causse de Blandas avait jusqu’ici été plutôt protégé, l’éleveur l’assure : « ça arrive de tous les côtés ».

Et selon lui, ce énième massacre serait l’œuvre d’un nouveau loup, pas encore identifié, un jeune… « L’écologie des causses et la profession sont mal en point. Si on continue comme ça, dans 10 ans, il n’y aura plus une seule brebis sur les causses », se désole Laurent Pons, en pointant du doigt la « contradiction » qu’il y a entre le choix du pastoralisme et celui de la réintroduction du loup dans nos régions.

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Aurélien Enault et Carole Parodi ont découvert le carnage au petit matin, avant d’amener les enfants à l’école.

Le 13 décembre, c’est l’exploitation d’Aurélien Enault et Carole Parodi, à quelques kilomètres de là, qui était victime du prédateur. Ces jeunes agriculteurs installés depuis un an à la ferme du Cun, à La Couvertoirade, ont perdu trois brebis, et deux autres ont dû être euthanasiées. Ici non plus, les chiens de protection dans les troupeaux et la surveillance permanente ne suffisent pas à protéger les 400 brebis du troupeau. « La zone de pâturage est très grande, c’est très difficile à protéger », admet Aurélien Enault. Pour lui, une seule solution, la création d’une brigade loup « spécifique au massif central », celle créée par l’Etat étant suffisamment occupée dans les Alpes ou les Pyrénées…

Les attaques du loup recensées ces derniers jours par l’association Cercle 12 © Cercle 12

Un appel aux pouvoirs publics

« Il est important d’être tous ensemble, face à un Plan Loup organisé par l’Etat et par l’Europe », s’est félicitée Mélanie Brunet, présidente du collectif Cercle 12, un groupement d’éleveurs victimes de la prédation, à l’initiative du rassemblement de ce matin.

Mélanie Brunet, présidente du collectif Cercle 12.

« La zone est difficilement protégeable, nous avons reçu l’autorisation de tirs, mais il nous faut aujourd’hui d’autres moyens. Il ne fallait pas attendre que 80 brebis soient tuées ! », a-t-elle rappelé devant une petite centaine d’éleveurs.

Car ne le cachons pas, la réponse apportée par l’Etat pour faire face à la prédation n’est clairement pas suffisante pour les éleveurs. « Le sous-préfet s’est excusé pour le retard pris en réaction à la récurrence de ces attaques », assure même Mélanie Brunet.

Il est temps que les politiciens prennent le problème en compte et fassent des propositions fortes. Il serait bien qu’en Aveyron, le président du Conseil départemental, Arnaud Viala, se prononce pour notre défense. »

Jean-Paul Scoquart, éleveur à Sainte-Eulalie-de-Cernon

Lors de précédentes réunions à la Préfecture ou à la sous-préfecture, les éleveurs avaient obtenu l’intervention de lieutenants de louveterie, des agents bénévoles nommés par l’État, qui devraient commencer à agir à partir de lundi. « Et s’il n’y a pas de résultat, il nous faudra la brigade loup très rapidement », assure la présidente d’Action 12.

Une centaine de manifestants se sont rendus devant la sous-préfecture en fin de matinée.
DR
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