Opinion

Opinion. « Genre et circulaire Blanquer »

J’ai fait mes études dans un collège public de garçons en province, collège qui dispensait ses enseignements de la classe de douzième, où nous apprenions à lire, jusqu’en classes terminales qui offraient la possibilité de passer le baccalauréat dans une des trois sections distinctes à savoir : mathématiques élémentaires (mathelem), sciences expérimentales (sciencex), et philosophie (philo).

Pendant toutes ces années de scolarité primaires ou secondaires, je n’ai jamais entendu un élève de ma classe ou d’une classe supérieure, ou parmi les plus jeunes qui suivaient, exprimer de quelque manière que ce soit, une interrogation sur son genre ou pour tout dire sur le choix de son sexe. Titulaire du baccalauréat, j’ai eu la possibilité d’obtenir pour débuter mes études supérieures un poste de maître d’internat dans ce même établissement où j’avais été élève.

Pendant une année j’ai eu la charge des élèves à l’internat de sixième et cinquième, qui à cette époque ne revenaient chez eux qu’un dimanche par mois, pour la sortie générale, à condition de n’avoir pas été sanctionné par une retenue pendant la période précédente. Pour ces nouveaux arrivants venus de villes ou de villages voisins, la séparation avec la famille était quelques fois un peu difficile et méritait toute mon attention pour rassurer et quelques fois consoler ces garçons éloignés de chez eux pour la première fois. Le dortoir dont je devais assurer la surveillance quatre ou cinq nuits par semaine réunissait trente ou trente-cinq enfants. Pendant toute cette année, je n’ai jamais vu un de mes pensionnaires exprimer des doutes sur son genre ou avoir un comportement particulier dans ce domaine.

Bien des années plus tard, j’ai siégé au conseil d’administration de cet établissement devenu lycée au titre de la Région sans jamais avoir à débattre de problème posé par tel ou tel élève en quête d’une autre identité sexuelle.

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Depuis quelques années certains hauts responsables de l’Education nationale et de nombreuses associations irresponsables, se préoccupent, semble-t-il de façon prioritaire, de ce que la circulaire Blanquer appelle « La transidentité ! »

J’ai eu la curiosité de rechercher le texte complet de cette circulaire qui dispose que : « la transidentité est un fait qui concerne l’institution scolaire » car elle est confrontée : « à des situations d’enfants- parfois dès l’école primaire- ou d’adolescents qui se questionnent sur leur identité de genre ».

Alors je m’interroge, comment ces situations que veut prendre en compte la circulaire Blanquer peuvent-elles aujourd’hui prendre une telle importance pour justifier des dispositifs pour accueillir « les questionnements » des élèves. Comment avons-nous pu vivre pendant des décennies (bien sûr c’était le et les siècles précédents) sans nous interroger sur, ou sans voir que certains pouvaient avoir des « questionnements » sur leur genre ? Quel bouleversement génétique est intervenu pour qu’aujourd’hui nos héritiers ne puissent vivre leur identité sexuelle sans s’interroger sur un passage éventuel à une sexualité différente ?

Faut-il que le phénomène, s’il a existé de façon marginale et en tous les cas exceptionnelle, soit devenu fréquent pour mériter des pages de littérature, des études, une circulaire ministérielle qui préconise aux personnels de l’Education nationale des réponses face à l’expression d’une demande de changement de prénom, à des modifications vestimentaires ou à des demandes relatives à la fréquentation des lieux d’aisance ou pour occuper une chambre dans l’internat conforme à son identité de genre ! Certains établissements ont même décidé de supprimer la pratique de certains jeux en récréation comme le foot pour les garçons au profit du jardinage pour tous et toutes !

Alors je m’interroge, peut être naïvement, pour savoir si ces demandes et ces comportements que l’on veut protéger, voire mettre en avant, prenaient naissance du fait de l’écho médiatique que l’on donne, chaque jour un plus, à certaines individualités inspirant par-là les envies d’originalité ou de particularisme des autres ?

Comment prétendre aujourd’hui qu’un nombre important de nos enfants ou petits-enfants a dès le plus jeune âge des interrogations sur la sexualité que nous n’avons jamais eues. Comment ne pas craindre qu’en ouvrant grand la possibilité pour des enfants de décider d’un changement de genre, pour lequel au niveau scolaire on va apporter accueil et protection ils n’auront pas, devenus adultes et avec la maturité et l’expérience de la vie que donne l’âge des remords ou des regrets d’un égarement passager dans un genre qui n’était pas le leur.

L’humanité a survécu sur la Terre parce que les femmes et les hommes ont donné naissance à des filles et à des garçons qui ont pris leur place et nous ont permis d’être là aujourd’hui sans qu’aucune mode médiatique ou que la technique chirurgicale puisse modifier un état naturel que rien ni personne ne peut modifier.

Nous sommes peut-être entrés dans l’ère des apprentis sorciers !

Jean-Louis ESPERCE, ancien maire de Millau

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