Causses et vallées

Sanctuaires gallo-romains des Basiols (commune de Saint Beauzély)

Le site gallo-romain des Basiols (de Basiliculae, les petits sanctuaires) se trouve à 1026 mètres d’altitude, à environ 2,5 km au Nord Est de l’Abbaye de Comberoumal, sur une crête du massif schisteux du Lévezou, au milieu d’une belle forêt de résineux où abondent bruyères et genêts.

Cette haute futaie limite un point de vue intéressant allant de l’Aubrac au nord, à l’Aigoual à l’est, le causse du Larzac au sud-est, les monts de Lacaune au Sud-Ouest et le Ségala à l’Ouest. Classé Monument historique, il est accessible, à pied, depuis Comberoumal ou Bouloc.

Vue de l’ensemble.

C’est dans ces lieux, sur une ligne de crête, que pendant quatre ou cinq siècles, des cérémonies religieuses se sont déroulées dans une enceinte, à quelques mètres de la voie romaine qui allait de Millau (Condatomagus) jusqu’à Rodez (Segodunum).

En 1981, M. Chauchard, après des travaux de déboisement, découvrit des blocs de grès et des tegulae dans ce secteur. Cinq ans plus tard, durant l’été, Paul Querbes et les Adralhans reprennent cette découverte et en septembre 1986, des sondages laissent supposer la présence d’édifices antiques.

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Après avoir eu l’autorisation des propriétaires des lieux, M. et Mme Bastide, des fouilles archéologiques ont été réalisées du 1er août au 19 septembre 1987 par le Groupe d’Archéologie de la M.J.C. de Millau, sous la direction de Jean-Pierre Séguret, avec le concours d’Alain Vernhet. Elles ont été suivies, en 1990, par une campagne de restauration des murs menée par l’association REMPART, et par le service régional de l’Archéologie.

Sanctuaire des Basiols.

Une enceinte presque carrée (22,50 m x 20,60 m), orientée Est-Ouest sur sa longueur, abrite neuf petits sanctuaires (murs de 60 cm d’épaisseur). Sept d’entre eux sont de plan identique : un carré de 3, 5 m de côté, ouvert à l’est avec un seuil de porte en grès et, parfois, un auvent en façade, supporté par deux piliers.

Alain Vernhet nous décrit le site : « Les parements intérieurs des murs sont constitués de dalles de schiste, maçonnés au mortier de chaux, alors que les façades présentent des lits réguliers de moellons en grès provenant des environs de Comberoumal. Les deux autres sanctuaires, certainement plus anciens, sont en partie détruits depuis l’Antiquité. Par ailleurs, trois socles bâtis peuvent correspondre à des bases d’autels ou de statues. Dans l’angle sud-ouest de l’enceinte, une pièce de 4x6m devait servir d’abri pour les prêtres ou les fidèles. Enfin, un seuil découvert en place dans le mur sud de l’enceinte signale l’existence d’une entrée latérale. Les archéologues ont démontré que celle-ci était protégée par une couverture de tuiles. »

Maquette du Musée de Millau.

Le mobilier archéologique recueilli au cours des fouilles date le site du 1er siècle avant notre ère au Ve siècle après J.-C. On peut signaler la présence d’offrandes de céramiques sigillées (150-300 après J.-C.) de la Graufesenque (Millau), de vases en verre, de fragments de statuettes en terre blanche (poule, pigeon, cheval…) et de monnaies romaines (320 au total ont été trouvés, toutes romaines du 1er siècle avant jusqu’au IVe s. après J.-C.). Une fosse, comblée au Ve siècle, a détruit en partie l’un des sanctuaires. Cette destruction et ce comblement marquent la désaffection ou le pillage du site.

Basiols sous la neige, le 28 février 2016.

Jean Pujol et Jean-Pierre Séguret nous donnent des informations complémentaires sur cette désaffection : « Comme presque tous les autres sanctuaires régionaux, ceux-ci ont commencé à être construits à l’époque d’Auguste. Restructurés sous les Flaviens, ils ont été fréquentés régulièrement pendant le IIe siècle et progressivement abandonnés au cours des IIIe et IVe s. Cet abandon, bien antérieur à la christianisation des campagnes rutènes, est seulement lié à la désaffection de la voie romaine. Sans autres destructions que celle du temps, en raison de l’altitude et de l’isolement du lieu, ce site de sommet offre l’avantage d’un ensemble resté pratiquement intact depuis le Ive siècle. » (Vivre en Rouergue, Cahiers d’Archéologie Aveyronnaise, 31, 1989, p. 32-40)

Marc Parguel

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