Samedi 23 mars, les Millavois toutes générations confondues sont invités à renouer avec la tradition et leur histoire populaire pour « faire Carnaval ». Au programme de l’après-midi, déambulation avec plusieurs fanfares jusqu’au parc de la Victoire pour brûler Monsieur Carnaval avant une soirée festive salle de la Menuiserie.
Après la mise en sommeil du Carnaval de Millau pendant une décennie, c’est au début des années 2000 qu’un collectif a relancé un Carnaval Occitan à Millau porté par la MJC locale. Depuis le premier, « le requin de la mondialisation », l’année du démontage du McDo, l’ancien Monsieur Roubelier, mascotte du Carnaval, fut tantôt ourse, vache folle, loup ou dragon. Depuis 24 ans, il évolue au fil de l’actualité et au gré de l’imagination de DAF (David Libourel) et de l’association des Peintres et Sculpteurs du Vieux Moulin.
Ces dernières semaines, petits et grands bénévoles très motivés, s’affairent pour fabriquer le personnage central du Carnaval que le groupe tiendra caché jusqu’à la dernière minute. Ils œuvrent dans les murs de l’ancienne caserne des pompiers, un local auquel ils tiennent « particulièrement ». « C’est le plus confortable qu’on a pu avoir, il y a même l’eau courante et les toilettes ! » plaisantent les membres du collectif », ravis toutefois d’avoir pu fédérer une vingtaine de personnes pour la fabrication du « monstre » 2024.
Un Rhino très féroce
Sans donner trop d’indices, ils nous livrent que la girafe de 2023 qui crevait de chaud à cause du réchauffement climatique est devenue un Rhinocéros. Un rhino très féroce, même si l’on en croit DAF, son créateur. Le thème de cette année est comme toujours, plus qu’un clin d’œil à l’actualité internationale, nationale et même parfois locale. « Il fait référence aux européennes qui se profilent, à la montée des extrêmes, de l’extrême droite notamment en Europe et ailleurs, des discours qui s’assombrissent, de l’autoritarisme… chacun pourra projeter sur cet animal tout ce qu’il veut y voir, mais ce sera quand même clairement identifiable, le décorum nazillon sera là ! Nous aurons un plaisir extraordinaire à y mettre le feu et le passage au parc de la Victoire portera bien son nom, nous irons vers une paix victorieuse ! » lance DAF à l’occasion de la présentation de l’édition 2024. « Ce sera un animal politique hors du commun ! » conclut Philippe Monnier, membre du Kollectif Karnaval. En route vers une fin inexorable et juché sur une remorque de 7 mètres de long, l’animal pèsera lourd et brûlera bien !
Un hommage au clown
Sur l’affiche de cette année, les Millavois ne manqueront pas de reconnaître Pascal Lenoir, le clown décédé en 2023 et à qui le collectif tenait à rendre hommage. « Il a souvent animé les éditions du carnaval à nos côtés, explique Hervé Marcillac, le directeur de la MJC, c’est quelqu’un qui sous son allure de clown a toujours œuvré discrètement pour l’évènement ». Trois compagnies de clown seront d’ailleurs présentes pour l’édition 2024, une qui viendra spécialement du Brésil, « Irmaos Esferovite » pour déambuler avec la « Cie Tête d’ampoule » et la « Cie La Manivelle ». Du côté des fanfares, l’affiche est aussi riche et variée avec « La Batucanfare » de Montpellier, « Les Fanfarnientes » de Perpignan, les habitués de l’étape « La Berezina », et l’incontournable « Écho des avens » qui fait partie du décor comme « La Batucada Samba Mio » accompagnée par les danseuses de la « Chris Brésil Compagnie ».
Vers 15h, le stand de maquillage « Strass Maquillage » pour enfants s’installera place du Mandarous, ainsi que le stand de pâtisseries de carnaval spécialement préparées par les jeunes de la MJC pour financer un projet. Le cortège s’élancera aux alentours de 16h en direction du parc de la Victoire.
Dans la plus pure tradition occitane
Le Carnaval occitan de Millau réunit au total entre 150 et 200 bénévoles qui travaillent pour son organisation et son déroulement. Il est un carnaval d’adultes, pour les adultes et pour les enfants, il n’est pas juste une occasion de se grimer et de se déguiser. Il est une tradition, une référence culturelle, une fête populaire qui combat et dénonce à sa manière, et demeure le plus important du département.
Celui de 2024 à Millau ne dérogera pas à la règle, il gardera son âme « subversive » et tiendra à n’en pas douter toutes ses promesses. « Je n’ai pas connu une seule édition du Carnaval Occitan de Millau qui ne soit pas subversive, quelles que soient les municipalités assujetties, nous avons traité de tous les sujets, comme on a souhaité le faire et ce sera la même chose cette année, d’autant que le danger est devant nos portes, il est nécessaire de le mettre en exergue », précise Hervé Marcilac. Après un défilé auquel prend part la population, « le Rhinoféros » partira donc en fumée en fin d’après-midi après son jugement dernier et avec lui, si la légende n’en est pas une, le mauvais œil, avant que la fête continue en fanfare et avec une buvette salle de la Menuiserie.
