On a voulu consulter le peuple pour tenter de trouver des justifications à des décisions stupides, et le peuple a répondu. Il n’est toutefois pas possible de dire que 3745 Millavois se sont exprimés, car il était facile de voter plusieurs fois ou même de le faire sans être électeur dans la commune. J’avais déjà dénoncé cette pratique qui se veut l’expression de la démocratie directe que j’avais qualifiée de « simulacre de démocratie ». Voilà pour la forme.
Sur le fond, les résultats de cette « votation citoyenne » doivent être analysés.
Sur les quatre options proposées, le refus de toute piétonnisation sur la Capelle l’emporte très majoritairement par 1929 votes quand les trois autres totalisent 1664 votes positifs.
Les Millavois ne veulent pas des interdictions auxquelles Madame la Maire s’accroche en faisant croire qu’elles contribueront à sauver le climat et la planète. Son entêtement a valu à Madame la Maire de prendre une belle gifle !
Les quatre propositions soumises au vote comportaient un piège. Celle qui a été choisie, et parce que Madame la Maire pensait qu’elle risquait de triompher, ne permettra de rétablir la circulation qu’entre le boulevard de la Capelle et l’avenue Gambetta ou la rue de la Fraternité, autrement dit il n’est pas question de circuler dans le sens Capelle-Mandarous sur la première partie du boulevard de Bonald ni même de permettre aux touristes qui remontent, en saison, l’avenue Gambetta de traverser la place pour le centre-ville. Ils seront toujours contraints de poursuivre par la rue de la Fraternité ou celle du Sacré-Cœur.
Ce que je viens d’énoncer est l’analyse exacte de la question posée qui a retenu la préférence des électeurs. Dans un précédent article, j’avais souligné l’importance du flux touristique venant des campings qui ne peut accéder au centre-ville et dans ce domaine rien n’est changé. Le déblocage de la place de la Capelle pour les seuls véhicules venant du boulevard du même nom et avec pour seules issues Gambetta ou Fraternité ne résout rien. Il faut d’ailleurs souligner que les entrées en ville par le pont Lerouge se font très majoritairement par l’Ayrolle et non par les boulevards dits du Tour de Ville qui aboutissent à la Capelle, d’où le peu d’intérêt d’ouvrir en priorité cette place à la circulation venant de ces boulevards.
Pour continuer dans son dogmatisme aveugle, la Municipalité a décidé de limiter la vitesse des véhicules automobiles dans « l’hyper centre (c’est où ?) » à 20 km/h et dans une grande partie (c’est quoi ?) de la ville à 30 km/h.
J’invite les utilisateurs de véhicules automobiles à faire un essai et à circuler à 20 ou 30 km/h en surveillant bien leur compteur. C’est la moitié de la vitesse que peuvent atteindre les voitures sans permis ! Un essai vaut toutes les démonstrations théoriques. Nous pourrons à Millau vivre ce que chantait Joe Dassin : « … à vélo on dépasse les autos… »
Aveuglés par leur dogmatisme, Madame la Maire et ses derniers soutiens veulent imposer cette limitation de vitesse qui en contrepartie présente tous les inconvénients qu’elle prétend combattre. En effet, il résulte d’une étude du CERMA publiée le 27 août 2021 que la vitesse a un rapport direct avec la quantité d’émissions de polluants et de gaz à effet de serre. A 30 km/h, ces émissions (dioxyde d’azote, particules fines et CO2) sont équivalentes à celles émises par un véhicule roulant à 130 km/h !
Il a été ainsi démontré que pour les voitures particulières, le seuil d’émission minima se situe à 70 km/h, les émissions pour des vitesses de 10 à 20 km/h équivalent peu ou prou à celles produites à 100 ou 110 km/h.
Ainsi, après la « votation citoyenne », la circulation sera rétablie (quand ? On ne le sait pas, le peuple est invité à choisir, mais Madame la Maire décide) dans un seul sens sur la Capelle et pour couronner le tout on va augmenter la pollution en diminuant de façon excessive la vitesse des véhicules.
C’est fort ! Au grand concours des couillonnades, ils arrivent à remplir toutes les cases !
Me Jean-Louis ESPERCE
