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Millau. Guilhem Cadou, l’écriture inspirée par le voyage

Guilhem Cadou est sans doute le plus anglo-saxon des écrivains aveyronnais. Inspiré par le voyage, les grands espaces et les personnages « en marge », il développe un style d’écriture qui n’est pas sans rappeler des auteurs emblématiques de la littérature américaine populaire comme Jack Kerouac ou James Harrison.

En 2019, Guilhem Cadou publie un premier ouvrage baptisé « Big Jim ». Un roman initiatique où le lecteur est plongé dans les grands espaces irlandais, en suivant les déambulations d’un vagabond, à la recherche de son destin.

Le Millavois poursuit son parcours littéraire avec « Le chemin du ciel est un pays d’herbes hautes », un deuxième roman publié en mars 2023 chez « Les presses littéraires ».

Un récit rythmé aux personnages loufoques qui invite une fois de plus à l’évasion, mais cette fois-ci, des mythiques Rocheuses américaines aux marécages colombiens.

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Mais qu’est-ce qui a pu pousser ce professeur d’histoire-géographie à prendre la plume et à donner vie à ces histoires plus vraies que nature ? Sans aucun doute, un besoin d’ailleurs…

« J’ai grandi entouré de livres, mais sans être un grand lecteur, explique Guilhem Cadou. Peut-être parce que j’étais déjà plus occupé à inventer mes propres histoires. Enfant, c’était des petits récits naïfs, puis j’ai continué avec des poèmes d’adolescent. Plus tard, à la vingtaine, lorsque je me suis mis à voyager, je tenais un carnet où je griffonnais mes pensées, mes impressions ».

« Le voyage a été pour moi un rite de passage »

Ses premiers voyages vont être fondateurs. A 20 ans, sac sur le dos, il met pour la première fois le pied en Irlande. Une terre de tous les possibles, véritable terrain de jeu pour le jeune homme d’alors, puis d’affirmation pour l’homme qu’il est aujourd’hui. « Cet été, ce sera mon neuvième voyage en Irlande, raconte l’auteur. Le voyage a été pour moi un rite de passage et continue d’être un apprentissage de soi et des autres, plus que du tourisme. Quand je pars, je ne sais pas où je vais. Je prends la place du vagabond, de celui qui marche, sans objectifs particuliers. Je ne prévois presque rien, ça laisse la place aux rencontres, à ces instants magiques qui naissent de l’imprévu. Il n’y a rien d’exceptionnel, mais tout peut devenir une aventure ».

Des pérégrinations dans lesquelles il va presque intégralement puiser la matière de son premier roman « Big Jim ». Si le livre est une œuvre de fiction, elle est largement inspirée des lieux parcourus et des personnes rencontrées lors de ces voyages.

« A un peu plus de 40 ans, arrivé plus ou moins à la moitié de ma vie, je me suis demandé si j’étais capable d’écrire quelque chose de plus construit, se souvient Guilhem. Je me suis donc lancé ce défi, mais parce que je savais aussi que j’avais de la matière pour le faire. En étant sur la route, en voyageant en stop, j’ai pu connaître des personnes hors du commun. Ces marginaux, ces gens qui ne sont pas visibles au premier abord, sont d’une richesse incroyable. Ils ont largement inspiré mes personnages ».

Le livre publié chez l’éditeur « Les presses littéraires » est vendu à plus de 700 exemplaires. Un très bon tirage pour un premier roman qui est même retenu pour le prix Méditerranée des lycéens.

© Aurélien Trompeau

Tourner la page

Après de longs mois d’écriture, le Millavois se sent vidé de son énergie. Il décide tout de même de se focaliser sur un nouveau projet, afin de se projeter.

« Lorsqu’on finit d’écrire, il y a une sorte de blues qui arrive, explique l’auteur. J’ai donc voulu complètement tourner la page avec une histoire qui n’avait rien à voir. J’ai travaillé avec un autre style littéraire, un autre rythme dans le récit. J’avais envie de quelque chose de plus dynamique, de moins contemplatif. Ce deuxième livre est une aventure sous fond d’histoire contemporaine du continent américain. C’est un télescopage entre la grande histoire et le destin de gens marginaux, qui dans leur fuite vont changer le monde malgré eux. Cette fois-ci, je ne pouvais pas compter uniquement sur mon expérience. Je me suis énormément documenté ».

Huit mois de travail pour réécrire le livre

Pour « Le chemin du ciel est un pays d’herbes hautes », Guilhem a également souhaité travailler la forme de manière plus profonde.

Il a ainsi multiplié les relectures et les réécritures, partageant l’avancée de son manuscrit avec d’autres auteurs et recueillant leurs impressions.

« J’ai réécrit intégralement le livre après 8 mois de travail, développe l’auteur. J’ai beaucoup dialogué avec Catarina Viti, qui est elle aussi écrivaine et qui m’a apporté une autre vision de ce que je faisais. Elle m’a permis de changer d’angle, de voir ce qui n’allait pas. Nous avons communiqué pratiquement au jour le jour lors de la réécriture et ce point de vue extérieur m’a vraiment permis d’améliorer le manuscrit. »

Un travail qui est en train de payer puisque ce deuxième roman commence à se faire une place dans plusieurs librairies partenaires en Occitanie, dont la librairie millavoise Caumes des Livres.

Alors qu’il avoue être déjà sur un nouveau projet en cours d’écriture, Guilhem Cadou doit en parallèle assurer la promotion du dernier sorti.

Comme il l’explique, « vivre du livre relève de la science-fiction », mais l’Aveyronnais aimerait pouvoir toucher plus de lecteurs et se dégager un peu plus de temps pour l’écriture.

Pour l’instant, il compte poursuivre sur une dynamique qui pourrait faire du voyageur millavois, l’une des plumes montantes de l’Occitanie.

Lecture publique au Pic Vert

Guilhem Cadou participera le 12 octobre au Pic Vert à une soirée de lecture d’extraits de son roman « Le chemin du ciel est un pays d’herbes hautes », avec Isabelle Hespé (« Puisqu’il le faut »). Les deux auteurs, membres du collectif la Plume Aveyronnaise avec lequel le Pic Vert a tissé un partenariat pour la saison 2022-2023, échangeront sur le thème de la nature, présente au sein de leurs œuvres respectives. La soirée débutera à 20h30 et sera ouverte à tous.

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