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Opinion. Karine Haumaitre : « Millau, la vraie victime… »

— « Nous voulons témoigner de notre consternation face au mauvais vaudeville qui se joue à la tête de la municipalité ».

— « Il faut remettre de l’ordre dans vos rangs. Avec tous ces élus et collaborateurs qui partent, est-ce que tout va bien ? ».

— « La démission de l’adjoint aux finances suscite dans nos rangs une grande inquiétude et une détestable impression d’improvisation permanente. »

— « En tous cas je n’aimerais pas être dans la peau d’un élu de la majorité. »

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— « Nous nous sommes à notre place et dans notre rôle en dénonçant les méfaits et dysfonctionnements de la majorité. »

Ne nous y trompons pas, ces propos sont ceux de la majorité actuelle quand elle siégeait sur les bancs de l’opposition pendant le mandat de 2014-2020 à l’endroit de la majorité qui souffrait également de démissions (au nombre de 3 !).

L’ouverture du tiroir à archives a ironiquement une étrange résonance avec l’actualité de cette rentrée 2023. Ce qui diffère de manière flagrante c’est la lecture faite de cette situation par ces mêmes protagonistes.
Ce qui était à l’époque dénoncé et analysé comme « une débandade prévisible » est défini aujourd’hui comme un « sabotage, une surprise éprouvante, une trahison incompréhensible, de l’acharnement en meute contre une cible désignée. » Tout ne serait donc qu’une question de point de vue et de lecture faite de la réalité en fonction du prisme par lequel on la regarde… ?

Assisterions-nous à une interprétation et une indignation à géométrie variable en fonction du « camp » dans lequel on se trouve ?… ce qui était une situation calamiteuse à l’époque est vu aujourd’hui comme un désaveu des autres illégitime, exagéré et un triste coup bas politique. Pourquoi hier invoquer une dénonciation nécessaire et aujourd’hui faire tomber ce même événement sous le coup de l’hystérisation du débat public en empêchant tout avis contradictoire et toutes nuances. Tout ça à grand renfort de soutiens et d’argumentations culpabilisantes (« pas de notions du bien commun, de l’intérêt du territoire… »).

Plutôt que de polariser le débat public sur l’attaque soi- disant personnelle d’une tête à abattre et stigmatiser le « camp des déviants » n’aurions pas plutôt intérêt à voir ce que cela dit vraiment de la situation calamiteuse dans laquelle se trouve Millau et dont il est impératif d’extirper : une municipalité affaiblie, claudiquante, des projets peu ou prou construits, des réalisations aléatoires, une projection difficile, une population déroutée, clivée, désabusée . Un projet d’ensemble qui ne fonctionne pas, qui ne fédère pas.

Ne faut-il pas plus largement y voir aussi l’urgence de rétablir à Millau, mais aussi dans beaucoup d’autres communes, la démocratie locale, la vraie. La faire vivre et ne plus seulement la laisser au seul rang de « concept fédérateur » qu’on harangue à qui veut l’entendre.

C’est une réalité observable dans beaucoup de communes. Certaines majorités ont une lecture toute relative de la démocratie locale et glissent peut-être malgré elles (ou pas…) vers une autocratie où le désaccord n’est pas permis en imposant finalement à l’autre leur vision comme étant la seule possible. Où les votes et les débats se font davantage par allégeance que par pure conviction. Où ceux qui se risquent à ne pas s’exprimer comme un seul homme se retrouvent isolés et/ou poussés vers la sortie. Cet absolutisme, cette impunité et le silence des institutions sont la cause majeure des démissions. C’est ce qui se dessine à Millau et en toute objectivité dire l’inverse c’est au mieux déformer la réalité et au pire mentir.

Toute cette situation, tous ces dysfonctionnements internes à la majorité (car c’est bien de cela dont il s’agit et rien d’autre) n’honorent pas Millau. Quelle honte de servir à Millau et aux Millavois une soupe d’entre-soi où les mêmes (même ceux qui sortent d’une longue hibernation) se permettent d’y mettre les ingrédients qui les arrangent en fonction des circonstances pour s’approprier le festin et se dédouaner.

Pendant que l’on se focalise sur tout cela, on ne parle pas des vrais sujets. Pendant que l’on assiste à des analyses autocentrées sur ce qui serait un lynchage et qu’on se demande à qui pourrait profiter le crime , rien sur l’essentiel , rien sur la santé économique, sociale de Millau. Les principaux protagonistes doivent en tirer les leçons et les conclusions sans se cacher derrière des supposées tractations de politique politicienne dont ils se rendent finalement eux-mêmes coupables et faire preuve d’honnêteté.

Karine HAUMAITRE,
élue d’opposition

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