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Millau. « Pas de cours de français depuis 4 mois, non-assistance à élèves en danger… »

[Màj le 5 juin à 19h]

  • « Tout professeur absent de plus de 15 jours doit être remplacé ».
  • « Investir dans l’éducation est investir dans notre avenir (…). Faire de l’éducation une priorité de tous pour tous est l’engagement pris… ».
  • La décision du Conseil d’État du 27 janvier 1988 stipule que « la mission d’intérêt général d’enseignement qui lui est confiée impose au ministère de l’Éducation nationale l’obligation légale d’assurer l’enseignement de toutes les matières obligatoires inscrites aux programmes de l’enseignement (…), que le manquement à cette obligation légale qui a pour effet de priver un élève de l’enseignement considéré pendant une période appréciable est constitutif d’une faute de nature à engager la responsabilité de l’Etat ».

Ça, ce sont les textes…

Quid de tout cela sur le terrain ?… Assurément rien de très palpable. Ici, à Millau, cela relève d’avantage au mieux de belles intentions, au pire, de l’absence totale de prise de responsabilités.

Au collège Marcel Aymard (entre autres multiples problématiques ici, au lycée, en primaire…) deux classes de 4e et deux classes de 3e se retrouvent sans cours de français depuis le 8 février. Malgré les demandes, les réclamations, les actions menées auprès et avec le chef d’établissement, du rectorat rien ne bouge.

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Les parents, les élèves se sentent délaissés. Cela fait 4 mois, une éternité sur une année scolaire que 4 classes se retrouvent sans adulte compétent pour dispenser la matière en présentiel. 75 heures en tout pour chaque élève. 4 mois que pendant toutes ces heures les élèves sont abandonnés. Que rien de concluant ni à la hauteur ne leur est proposé malgré quelques tentatives.

Si l’absence de continuité de l’enseignement est évidemment inquiétante et dommageable pour les élèves de 4e, elle l’est éminemment plus encore pour les élèves de 3e. C’est une année charnière pour eux. C’est la première année diplômante de leur scolarité avec l’enjeu du Brevet et la dernière marche avant leur entrée au lycée.

Il y a de vraies conséquences préjudiciables à la scolarité de ces élèves. Une réelle injustice face à la qualité de l’enseignement reçu cette année. Et une injustifiable notion de perte de chance pour tous ces élèves qui vont se retrouver devant une copie d’examen sans posséder les connaissances requises. Comment peut-on ne pas prendre la mesure de l’iniquité de la situation ? Comment peut-on laisser ces élèves passer l’examen de la même manière que ceux qui auront bénéficié des cours de français sur l’ensemble de l’année scolaire ? Comment la part du contrôle continu peut-elle seulement se baser au troisième trimestre sur la seule et unique note du brevet blanc ? En cas d’échec à l’épreuve qui est responsable ? Comment ne pas s’offusquer et se révolter d’un tel manquement de notre système ? Une réponse concrète à chacune de ces questions s’impose avant que les épreuves ne commencent.

Il est urgent d’entendre qu’ici dans ce cas précis le service public de l’éducation nationale est défaillant. Dévastateur. Il favorise les inégalités. Il fabrique des élèves décrocheurs à tour de bras. Par extension, favorise les tensions, les faits d’incivilité, de violences et d’échec scolaire.

Sachez que tout ceci n’est qu’une goutte d’eau dans un océan de problématiques. Problème de désintéressement pour la fonction dû à des conditions de moins en moins favorables d’année en année (baisse dotation horaire…). Moyens de plus en plus limités pour répondre à des difficultés d’élèves de plus en plus divers et complexes. Malaise grandissant dans nos établissements qui broie la volonté et l’énergie de tous.

La mission de tous nos responsables (Education nationale, Département, Etat) est d’assurer à tous l’accès à une éducation, un enseignement de qualité sur un pied d’égalité en promouvant les conditions d’apprentissage optimales tout au long de leur scolarité. Alors ? Il est temps d’arrêter « d’entendre, de comprendre notre inquiétude ». Il est temps désormais d’y répondre, d’y substituer une politique de l’action pour cesser le fléau de ces situations chroniques inquiétantes. C’est de votre responsabilité.

Karine Haumaitre,
parent d’élève, membre du CA du collège,
déléguée de parents d’élèves

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