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A Rodez, la mobilisation contre la réforme des retraites n’a pas pris l’eau

Ils étaient 25.000 selon les syndicats, et autant de parapluies. « La moitié », selon les forces de l’ordre. Quoi qu’il en soit, l’intersyndicale aveyronnaise a une nouvelle fois réussi à mobiliser les opposants à la réforme des retraites ce mardi 7 mars dans les rues de Rodez, à l’occasion d’une manifestation départementale prévue de longue date avec comme mot d’ordre : « la France à l’arrêt ».

« Depuis le 10 janvier, l’intersyndicale, à l’appel des organisations syndicales et de jeunesse, est mobilisée contre le projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement », a rappelé Gaël Lafarge, secrétaire général du Syndicat CFDT INTERCO Aveyron, au nom de l’intersyndicale. « Vous avez été des millions à vous mobiliser, à signer la pétition et à manifester votre rejet des 64 ans. Mais le gouvernement continue à faire la sourde oreille face à ces manifestations historiques, c’est pourquoi nous avons décidé de durcir le ton. »

La « légitimité » remise en cause

« De nos rencontres avec les parlementaires de la majorité, un mot revient systématiquement, le mot légitimité. Comme quoi il serait légitime de mettre en place cette réforme. 9.783.058 et 18.768.63, ce sont le nombre d’électeurs au premier et au second tour de l’élection présidentielle 2022 qui ont voté pour le candidat Macron », a souligné Gaël Lafarge, avant de rappeler que la France compte environ 48.750.000 électeurs inscrits, alors que l’abstention a réuni à chacun de ces deux tours environ 13 millions d’entre eux.

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Gaël Lafarge, secrétaire général du Syndicat CFDT INTERCO Aveyron.

« Vous constaterez par vous-mêmes que ces résultats suffisent certes à légitimer l’élection, mais sont très loin de légitimer le programme du candidat élu », a crié le secrétaire général de la CFDT Aveyron. Et de reprendre les propos du discours du président Macron juste après son élection : « Je sais aussi que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Et je veux ici les remercier et leur dire que j’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir. Je suis dépositaire de leur sens du devoir, de leur attachement à la République et du respect des différences qui se sont exprimées ces dernières semaines. » « Où est donc passé ce respect des différences depuis le début de cette mobilisation contre cette réforme injuste et brutale ? », demande Gaël Lafarge.

« Cette réforme est empreinte de mensonges »

« Le Gouvernement nous méprise », selon le porte-parole de l’intersyndicale. « Il considère que si nous n’acceptons pas cette réforme, c’est que nous ne l’avons pas comprise. Quelle condescendance ! Ce n’est pas acceptable. Nous pouvons le dire haut et fort : elle est brutale, elle est injuste parce qu’elle va toucher les travailleurs les plus modestes, parce qu’elle va pénaliser les salariés qui ont commencé à travailler tôt, parce qu’elle va contrarier des projets de vie pour demain avec des travailleurs qui dès l’été 2023 vont devoir travailler 3 mois de plus, puis 6 mois de plus, puis 9 mois… Elle est injuste pour les femmes qui ont commencé à travailler tôt, qui ont des métiers pénibles et des carrières hachées et qui se font virer de leur boulot à quelques années de leur retraite. »

« Cette réforme est empreinte de mensonges, comme celui de la revalorisation du minimum retraite qui n’atteindra jamais les 1200 euros promis pour les carrières complètes, continue-t-il. Ce report de l’âge légal est une mesure créatrice d’injustices, car l’effort financier repose uniquement sur l’effort de l’allongement imposé des carrières. Ce n’est pas acceptable. Les efforts ne sont pas équitablement répartis, les entreprises n’ont aucune contrainte, notamment pour garder les salariés les plus âgés. On ne peut pas discuter de l’allongement de la durée de carrière si on ne résout pas le sort de toutes celles et de tous ceux qui sont mis dehors avant la retraite. »

Aujourd’hui, mardi 7 mars, marque le début d’une nouvelle forme d’actions à travers lesquelles nous sommes plus que jamais déterminés à défendre nos droits et ceux des générations à venir. Nous resterons unis et déterminés pour faire reculer le gouvernement sur cette question essentielle. »

Gaël Lafarge

Une nouvelle journée de mobilisation le samedi 11 mars ?

Selon les syndicats, « cette réforme n’est pas nécessaire, et encore moins vitale. Le gouvernement manipule les différents chiffres en sa possession. Le conseil d’orientation des retraites rapporte qu’il y a effectivement un sujet financier, mais qu’il n’est pas dramatique parce qu’il ne s’est pas dégradé dans la période récente et nous avons en plus une perspective à terme de stabilité. Le rapport indique clairement que le système de retraites n’est pas en danger. Le déficit évoqué ne provient pas du dérapage des dépenses, comme cherche à le démontrer le gouvernement, mais plutôt du manque de ressources lié aux exonérations des cotisations patronales. Une hausse de 10 points de l’emploi des seniors pour arriver à la moyenne européenne ou l’alignement des salaires des femmes sur ceux des hommes combleraient l’essentiel des besoins de financement. »

Alors que l’article 7 sur le report de l’âge de départ à 64 ans est examiné au Sénat ce mardi 7 mars, l’intersyndicale, au niveau national, envisage d’ores et déjà une nouvelle journée de mobilisation ce samedi 11 mars.

Article original publié sur Ruthénois.com

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