[dropcap]L[/dropcap]e SOM Football s’est associé au mois de mars au projet de Mickaël Maillé, qui a monté avec des amis une opération indépendante d’aide au peuple ukrainien.
L’équipe d’humanitaires est partie en Pologne à la frontière ukrainienne, emmenant du matériel médical et des consommables de soin, des denrées et du nécessaire hygiénique, puis transportant au retour des réfugiés à mettre à l’abri en France. Le SOM Football a prêté un van et ses dirigeants ont participé au budget de l’opération à hauteur de 700 €.
A son retour, nous avons rencontré Mickaël, pour débriefer l’opération avec lui et vous faire profiter de son retour d’expérience. Cette action de solidarité internationale a été montée finalement assez rapidement. Ils sont partis avec deux vans (celui du SOM Football et celui des Scouts et Guides de France), et ont bouclé le budget avec l’aide notamment de la Fondation Galzin.
Mardi 22 mars
C’était le grand départ pour Christian, l’aîné, Pierre, Lucas, Mickaël et Florencia, seule femme du groupe. C’était important pour eux de partir avec une femme. La présence féminine est toujours rassurante pour les familles. Là-bas, ce sont essentiellement des femmes et des enfants qui sont déportés. Une femme humanitaire est une forme de gage de sécurité ; les femmes préfèrent se confier à d’autres femmes. La présence de Florencia était donc primordiale. Le groupe avait décidé de rouler le plus possible dès ce premier jour, en faisant des rotations de chauffeurs, pour avancer le plus loin. Ils ont quand même décidé d’une pause de 3h pour que tout le monde puisse dormir un peu dans les vans. Disons plutôt se reposer. Ils étaient déjà à la frontière tchèque.
Mercredi 23 mars
Route, toute la journée. Compte tenu de la fatigue accumulée, ils ont décidé de s’offrir « le luxe » d’une nuit dans un petit hôtel en périphérie de Cracovie, en Pologne, et de la douche qui va avec. C’était nécessaire.
Jeudi 24 mars
Arrivée à 12h à Korczowa. Cette ville est un lieu de transit des réfugiés. Ici arrivent chaque jour des centaines d’Ukrainiens qui fuient la guerre. Parqués dans des camps temporaires, ils sont ensuite envoyés suivant les organisations humanitaires dans les différents pays européens pouvant les accueillir.
Là, le refuge était dans un ancien supermarché désaffecté. Suivant les jours, les arrivages et les départs, la population peut ici varier de 500 à 5.000 réfugiés. Ce jour-là, tout le monde sur place est dépassé par les événements avec notamment une visite annoncée de Joe Biden. Toutes les organisations font partir un maximum d’Ukrainiens. Mickaël et sa bande comprennent vite qu’il faut aller voir ailleurs.
Direction donc le camp de Przemy’sl, à la frontière toujours, mais plus au sud, camp géré par l’armée polonaise. Là, grâce aux contacts noués par Mickaël lors de sa première expédition, il trouve les relais pour aller livrer tout de suite le matériel. Tout le médical part immédiatement direction Kiev, là où les besoins sont les plus nombreux et urgents. Pour la distribution de la nourriture, des jouets, des consommables sanitaires, etc., rien n’est vraiment organisé. On laisse à disposition dans le camp, et chacun vient chercher ce dont il a besoin, sans cohue avec beaucoup de respect ; comme si au fond de cette crise vécue, tous ces réfugiés avaient naturellement compris que chacun avait besoin de quelque chose.
La solidarité opère presque naturellement. Là, Lucas, passionné de football, a pu organiser des grands matchs de football avec les enfants présents, qui n’en demandaient pas tant pour s’amuser un tant soit peu et retrouver le temps d’un instant le goût de leur enfance.
Là aussi, la problématique de la venue de Joe Biden se fait sentir sur le camp et impossible de trouver des familles à rapatrier. Il faudra donc retourner obligatoirement donc sur Korczowa pour trouver des familles avec l’aide des associations humanitaires présentes. Dans la nuit on vient à l’improviste demander de l’aide à nos Français pour aller charger et décharger des camions transportant de l’eau au camp de Médica. On a besoin de bras. Là encore, nos amis ont répondu présents malgré la fatigue, elle aussi présente.
Vendredi 25 mars
Retour au camp de Korczowa. Là, par l’intermédiaire d’une connaissance, c’est une association ukrainienne de Verdun qui pourrait accueillir des familles. Via l’ambassadrice à Lviv le contact est établi, le Préfet de la Meuse joint au téléphone valide l’opération. C’est donc une famille de 10 personnes (grand-mère, ses deux filles et ses sept petits-enfants) ainsi qu’une mère et sa fille, qui prendront place dans les deux vans pour le retour, direction Verdun. La journée est passée à les trouver, tout préparer, officialiser, valider les papiers de transfert, les passeports, etc.
Samedi 26 mars
Départ 8h. Tout est prêt. Route du retour. D’une seule traite, grâce aux rotations.
Dimanche 27 mars
5h, arrivée à Verdun. L’association locale offre la (fin de) nuit d’hôtel, la douche et le petit déjeuner, bien mérités et appréciés par la troupe.
20h, arrivée à Millau. Fatigués, mais satisfaits de la mission accomplie.
Quand on lui demande finalement ce qu’il retient de cette aventure, plusieurs souvenirs lui viennent instinctivement :
Tout d’abord l’amour des Ukrainiens pour leur pays. Tous ne partent que temporairement et n’aspirent qu’à une seule chose : rentrer chez eux. Ils n’émigrent pas, ils fuient un pays en guerre dans l’espoir d’y retourner très vite.
Ensuite le fait que la guerre marque durablement les esprits. Lors d’une partie de football, un ballon a éclaté (trop gonflé, des cailloux au sol…). Le seul bruit de ce ballon qui éclate a mis tout le monde au sol, traumatisé, pensant que c’était un tir de balles.
Enfin, la force de ce peuple. Quasi personne ne pleure, ne se plaint. Ils sont tous solidaires et unis derrière leur Président, leur drapeau, leur mode de vie.
Quant à Mickaël, c’est le cœur léger et rempli du sentiment du devoir accompli qu’il est resté en contact avec tous les réfugiés amenés en France. Aujourd’hui, il remercie vivement le SOM Football, les Scouts et tous ceux qui ont rendu possible cette expédition. Il n’attend qu’une chose : repartir là-bas pour aider, avec en projet d’aller faire des soupes populaires dans les camps de réfugiés pour leur apporter un peu de réconfort.
Mais avant, il doit bosser un peu pour rentrer un peu d’argent quand même. Donc aux entrepreneurs et âmes charitables qui cherchent un salarié bosseur et au bon cœur : appelez le SOM Football, on vous enverra les coordonnées de Mickaël. Si le SOM Foot peut aussi servir à ça…
Interview réalisée pour le SOM Football par Nicolas Lefévère