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Ukraine. Le convoi Millau – Plopeni sur le chemin du retour

Le convoi organisé par le comité de jumelage Millau – Plopeni est parti lundi matin vers notre ville jumelle. L’objectif : amener vers la frontière ukrainienne les produits de première nécessité collectés à Millau et si possible ramener jusqu’à six réfugiés ukrainiens souhaitant fuir l’enfer de leur pays. Une nouvelle fois, la réalité du terrain fait que les choses ne se passent pas toujours comme espéré. Ils racontent.

Lundi 14 mars

Ça y est nous y voilà. Rendez-vous fixé à 9h aux Cars Ruban Bleu. La presse est là, ainsi que de nombreux amis bénévoles qui par leur disponibilité et leur dynamisme ont permis de mener à bien la première étape de cette opération. Un grand merci aussi pour tous les nombreux messages de soutien et d’encouragement reçus sur les réseaux sociaux.

Un dernier remerciement à nos partenaires, dont les Cars Ruban Bleu et la Ville de Millau qui ont mis les deux véhicules à notre disposition. Il est 9h30 et notre convoi de trois véhicules prend la route.

La traversée du Larzac se fait sans problème, mais les bas-côtés sont bien blancs. Montpellier, puis Nîmes, les températures montent jusqu’à 18° et les lunettes de soleil de sortie.

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Pause déjeuner à 15h à l’aire Beausoleil sur les hauteurs de Monaco. (DR)

On passe la frontière italienne et les « ennuis » commencent… 100 km en 2h… Tunnels, ponts, camions, travaux… tunnels, ponts, camions, travaux…

Petite pause « cappuccino » quand même, nous sommes en Italie et nous voilà repartis.

Patrick s’est entretenu avec notre correspondante Claudia à Bucarest et les réfugiés pressentis ne souhaitent plus partir pour la France, mais rester en Roumanie. Elle doit se mettre en contact avec d’autres associations et nous rappeler demain matin.

En fin d’après-midi, nous avons eu aussi Jacques Dubus au téléphone qui à son tour nous a souhaité bonne route. Il nous a aussi communiqué les coordonnées de son contact, un militaire du camp du Larzac. Vitaliy s’est entretenu en ukrainien avec lui et à son tour doit nous recontacter demain matin. De l’avis de Claudia de nombreux réfugiés préfèrent dans la mesure du possible rester en Roumanie. Ils semblent qu’ils trouvent assez facilement du travail en Roumanie. La nuit va être longue et après avis général on a décidé d’avancer le plus vite possible.

Mardi 15 mars

Minuit. On passe la frontière slovène.

0h10. On refait le niveau de gasoil des trois véhicules… 1,54 € le litre de gasoil ! Nous poursuivons notre route de nuit pour franchir la frontière hongroise aux alentours de 3h30. Selon Vitalyi, la Slovénie est un très joli pays boisé et montagneux dont nous ne verrons absolument rien et cela est bien dommage.

5h. Lever du soleil rougeoyant aux abords de Budapest.

6h. Petit café en monnaie du pays, le Forint.

9h. Nous arrivons à la frontière de la Roumanie et nous allons prendre la file d’attente pour les formalités. Le trajet se passe bien…

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10h. La frontière roumaine passée avec une facilité surprenante pour nos trois équipages compte tenu du contexte ukrainien actuel et des contrôles « anti-corruption » très stricts.
Tout cela grâce à un grand sourire, un anglais très approximatif… Et surtout surtout une belle convention de partenariat avec l’association roumaine « Fleur de Chêne » rédigée par Claudia en roumain.
Il nous reste 599 km. Le reste de la route se passe bien.

18h30. Nous arrivons à Plopeni à où nous sommes accueillis par Cornélia Fugulin notre homologue du comité ici à Plopeni.

Le déchargement des trois véhicules se fait immédiatement dans la gaieté et la bonne humeur avec une chaîne humaine où cartons et sacs passent les uns après les autres entre les mains de Roumains, Ukrainiens, Français… Quelles belles images et quelles émotions !

Aidés par deux Ukrainiennes pour décharger les véhicules. (DR)
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Puis direction l’hôtel pour un repas chaud qui nous attend et une nuit dont nous rêvions depuis 24h !

Notre première mission est remplie avec succès et la montagne de cartons contenus dans les trois véhicules impressionnante.

Demain sera un autre jour, qui nous l’espérons, nous permettra de donner une chance à des Ukrainiens de sortir de leur enfer quotidien.

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Mercredi 16 mars

Petit déjeuner et briefing des dernières infos.

Un brin d’espoir de ramener Hélène, une jeune Ukrainienne professeur de français avec un enfant de 6 ans. Dans l’incertitude complète, nous décidons de partir (Patrick, Vitaliy, Myriam) avec le minibus pour Tulcea et nous rapprocher de la frontière au sud au bord du Delta du Danube.
Sur la route nous appelons Hélène qui nous dit que, hélas, c’est trop court et compliqué pour elle de rejoindre la frontière roumaine en si peu de temps.

Petite anecdote. Pendant le trajet vers Tulcea, Vitalyi nous dévoile une page de l’histoire de France inconnue de nous. Il nous raconte l’histoire de Anne de Kiev qui fut l’épouse d’Henri 1er, mère de Philippe 1er, reine de France de 1051 à 1060 et régente ensuite pendant 2 ans.

Après quelques recherches sur Internet, nous trouvons un centre de réfugiés à Isaceea. De l’autre côté du Danube, c’est l’Ukraine. Un bac permet la traversée du fleuve. Les réfugiés arrivent donc par là. C’est un petit centre de transit. De nombreux bus sont stationnés pour des évacuations vers les plus grandes villes de Roumanie. Dès notre arrivée, Vitaliy se charge du recrutement. Un moment très émouvant à la vue de ces nombreuses personnes en attente de trouver une solution pour leur avenir… Tout de suite, Olga, une jeune femme d’une quarantaine d’années est volontaire. Elle nous dit que sa fille est partie il y a une semaine chez sa grand-mère italienne. Elle ne voulait pas partir d’Odessa, mais les bombardements imminents et la peur l’ont fait fuir ce matin. Des bateaux russes sont postés en face de la ville près à tirer… Les autres contacts ne se concrétisent pas.

Trois mères avec leurs filles ados ont trop peur de venir avec nous. On a tout essayé pour leur faire comprendre qu’elles ne risquaient rien avec nous (photos, vidéos, témoignages) la peur est la plus forte. On leur a tellement menti depuis le début du conflit ! Le cœur déchiré, nous décidons de rentrer. Nous attendions Olga qui informait l’organisation humanitaire de son départ quand un volontaire du centre avec qui nous avions échangé (en anglais) arrive en courant pour nous dire qu’il y a une mère avec son fils voulant partir à tout prix. Ina et son fils Georges, 11 ans. Leur maison a été détruite par une bombe. Ils n’ont plus rien. Et depuis trois jours, aucune nouvelle du mari… Vivant ? Mort ? Dernière formalité et nous prenons la route pour Plopeni. Au retour, nous prenons une route différente que celle de l’aller. Nous traversons le Danube en bac.

De retour à Plopeni une petite réception est organisée par le comité local avec M. le maire Dragos Nita. L’accueil de notre ville jumelle que nous connaissons à chacun de nos déplacements est encore une fois à la hauteur !

Mais il faut rester raisonnable, nous prenons la route du retour demain matin…

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