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Veyreau. Miguel Garcia, le maire de la commune annonce sa démission

C’est Miguel Garcia lui-même qui a tenu à annoncer la nouvelle de sa démission qu’il a proposée au 31 décembre prochain à monsieur le sous-préfet de Millau. Dans courrier explicatif distribué le mardi 14 décembre, en boîtes aux lettres des habitants de Veyreau, il explique les raisons de sa décision.

« Chers amis de Veyreau

Vous m’avez donné pour la troisième fois votre confiance lors des dernières élections municipales qui se sont déroulées dans des conditions sanitaires très particulières, à cause de cette pandémie de COVID qui depuis presque deux ans ne cesse de sévir et de menacer notre santé, celle de nos proches, notre avenir ainsi que tous nos projets.

Comme vous le savez, notre mairie a pu maintenir son activité, souvent au jour le jour, comme tout un chacun, faisant face aux aléas des diverses mesures sanitaires et confinements imposés. Malgré cela, notre équipe et moi, en tant que maire, avons tout fait pour mettre en œuvre le programme électoral sur lequel vous nous avez élus en 2020.

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Ce programme incluait l’aménagement des abords de la Maison d’Amélie et la construction des pavillons par l’office HLM de l’Aveyron, à la place de l’ancienne SDF, pour les deux dossiers les plus avancés. Nous nous y sommes collectivement engagés au sein de l’équipe que je dirige.

Certes, la situation économique demeure compliquée pour tous, d’autant que les mairies étaient déjà largement impactées par les coupes financières depuis le début des années 2010. Cette crise les a encore plus fragilisées…

Je n’aime pas les promesses infondées et à l’heure où je vous parle, je vous dois la vérité : je ne suis même pas en mesure à ce jour, de vous dire quels projets de notre programme nous parviendrons à financer. Les partenaires habituels comme la communauté de communes de Millau demeurent réticents à nous subventionner. Or, sans aide, la capacité d’emprunt du village est quasi inexistante et se monte au maximum à 60 000 euros environ. Au-delà nous ne pourrions plus faire face aux dépenses du fonctionnement quotidien et donc assurer les salaires du personnel communal.

Vous le savez, depuis bientôt 14 ans maintenant, je me refuse à ponctionner les finances de la commune ou à alourdir vos impôts. Je fais tout pour maintenir un taux d’endettement raisonnable par habitant de l’ordre de 1200 euros et notre taux de désendettement reste très bas à 1,8 an, malgré des réalisations comme la maison d’Amélie, la station d’assainissement, 3 cœurs de village, etc. Ces projets ont été largement subventionnés par l’État ainsi que d’autres collectivités. Ce sont donc plusieurs millions d’euros qui ont été investis sur les douze dernières années à Veyreau.

Dans le même temps, il y a quelques années, j’ai voté contre les 1 % d’augmentation de la taxe sur le foncier bâti décidée par la communauté de communes Millau Grands Causses. J’ai pu ainsi protéger chaque foyer fiscal de Veyreau de cette hausse en abaissant d’autant la part communale d’impôt et si nous avons pu le faire, c’est bien parce que nos finances communales sont saines et ont été gérées jusque-là en bonne intelligence.

Toutefois, je dois vous dire en toute honnêteté qu’il y a une affaire très grave actuellement et que je me heurte à un problème majeur. La priorité essentielle pour Veyreau, vous le savez, est le maintien de son école. Une école est le cœur d’un village, d’une collectivité capable de se projeter dans l’avenir par ses jeunes. Ils sont l’espoir d’un territoire.

Si les projets ont été nombreux et ont pu voir le jour sur notre beau village, c’est que la vitalité y est présente et que cette dynamique existe grâce à sa jeunesse, grâce à l’espoir que suscite une école dans un village.

Malheureusement, notre école n’a jamais été en aussi grand péril.

Les enfants disparaissent et si nous n’agissons pas de manière forte, d’ici 2 ou 3 ans, l’école du Causse Noir ne sera plus qu’un souvenir.

Lorsque je suis arrivé à la mairie en 2008, la commune faisait face à un afflux de jeunes couples et les permis de construire entre 2008 et 2014 n’avaient jamais été aussi nombreux. Les naissances étaient au rendez-vous et l’effectif de l’école suffisant. Aujourd’hui, tous ces enfants ont grandi, et ont rejoint de nouveaux horizons. Le renouvellement de population malheureusement ne se fait plus ni sur Veyreau ni sur Saint-André de Vézines d’ailleurs.

Le constat est évident : nous n’avons plus assez d’enfants pour sauver notre école.

J’ai souvent alerté sur cette situation, dans tous les conseils municipaux et autres réunions municipales ces dernières années, mais malheureusement, la gestion de la crise COVID qui a paralysé la planète entière et notre pays durant deux ans nous a empêchés de pouvoir efficacement trouver des solutions à ce problème.

Aujourd’hui notre mot d’ordre est de trouver des familles avec de jeunes enfants à installer sur le village. C’est bien pour cela qu’au cours du conseil municipal du 8 septembre 2021, j’ai demandé que l’on puisse étudier toutes les pistes qui pouvaient s’offrir à nous.

Il existe des solutions à court, moyen et long terme.

Installer des familles de migrants avec des enfants pourrait constituer une première hypothèse. La mairie peut aider les habitants qui vendent leur maison à trouver des acheteurs et si possible des familles avec enfants. D’autres familles demandent à pouvoir faire construire sur la commune alors qu’aucun terrain n’est disponible… Nous essayons donc de creuser toutes ces pistes ; j’ai donc demandé aux conseillers municipaux de vous solliciter, de vous sensibiliser à cette recherche. Le bouche-à-oreille reste un outil précieux pour nous permettre de réussir.

À moyen terme, le dossier des pavillons à la place de l’ancienne SDF que je vous expose maintenant depuis bientôt 10 ans, est en bonne voie. L’étude de faisabilité a été validée par l’office des HLM de l’Aveyron pour une construction en 2023. On nous demande de mettre à disposition le terrain et l’office HLM se chargera de la construction et de la gestion des habitations. Ce projet qui coûterait zéro euro à la commune en investissement financier était initialement destiné à loger des personnes âgées ou à mobilité réduite. Il a évolué et c’est désormais un projet mené en lien avec M. Le Sous-Préfet de Millau, pour y installer des familles de légionnaires avec enfants. Monsieur le Sous-Préfet répond ainsi à mes craintes sur le maintien de l’école que je lui ai exposées, sans modifier l’essence même du projet, c’est-à-dire la construction de trois maisons sur le même lieu initialement prévu. M. Le Sous-Préfet prépare une réunion entre les quatre acteurs : Sous-Préfecture/Légion/Office HLM/Commune.

Or, parce que je me heurte aujourd’hui dans mon équipe à des voix discordantes qui voudraient modifier notre programme électoral pour délaisser ce projet financé visant à amener de nouvelles familles, je souhaitais dans un premier temps vous demander très officiellement votre soutien collectif pour le mettre en œuvre et ainsi sauver l’école. C’est et j’en suis convaincu, une priorité pour la vie de notre commune.

Bien évidemment, j’aimerais avoir des finances illimitées pour faire plaisir à tous, et notamment à ceux qui dans l’équipe municipale aspirent à de nouveaux projets, mais je n’ai pas ces finances. Quand bien même je les aurais, encore faudrait-il que le projet fût raisonnable. Le fait est que la réhabilitation de l’ancienne SDF, par-delà un attachement sentimental légitime, que je comprends tout à fait, représente au-delà d’une incohérence architecturale, un gouffre financier absolu sur un hangar sans esthétique, au cœur du village. J’entends bien qu’au-delà de ces considérations, il répond en partie à l’intérêt individuel de certains élus et amis de ces élus qui recherchent désespérément des garages pour y stocker leurs voitures anciennes. Je suis pourtant au regret de vous dire que mes valeurs ne me permettent pas de voir dans la somme de ces intérêts privés, l’intérêt de la chose publique pour Veyreau.

J’aimerais vous citer Victor Hugo, sans doute notre plus grand homme de lettres, mais aussi un politique pour vous dire : « choisir c’est penser. » et la vérité c’est que je pense, je choisis et que je ne veux pas endetter notre commune.

Je n’ai pas pour habitude de faire des promesses irréalisables, de vendre du vent. Des élus cohérents font ce qu’ils disent et disent ce qu’ils font : moi, je vous dois juste la vérité.

Choisir une autre ligne politique dans notre programme aujourd’hui, c’est perdre un temps précieux. Choisir une autre voie aussi individuelle, c’est choisir de surendetter la commune et renoncer à sauver l’école. Cependant sous couvert de ne vouloir déplaire à personne ou de se cacher derrière la soi-disant préservation architecturale du village en taisant un intérêt personnel, une partie des élus prétendent empêcher d’avancer sur ces dossiers.

Le fait est que je n’ai plus confiance qu’en ma troisième adjointe, au sein de l’équipe dirigeante, Christine Baraille, une femme sensée qui garde la tête sur les épaules et sait se projeter sur l’avenir de la commune avec intelligence, professionnalisme et sérieux comme je l’ai toujours fait.

Attaché à mes valeurs, j’ai toujours placé en priorité l’intérêt général en inscrivant Veyreau dans son territoire et en me projetant sur l’avenir de la commune, sans aucune prise d’intérêt ou copinage. Actuellement, le devenir du village et du causse Noir doit se concentrer sur le maintien de son école et tout doit être mis en œuvre pour arriver à cet objectif. Nous avons des projets qui permettraient d’y arriver et ne pas se projeter dans cette dynamique serait une erreur lamentable.

On m’empêche donc désormais dans ma propre équipe de mettre en place la politique pour laquelle j’ai été élu et j’en suis très déçu, mais j’en tire toutes les conséquences. Ce que demandent mes adjoints ne correspond plus à mes valeurs, aux valeurs qui sont les miennes depuis 14 ans. Je suis un homme de convictions ; je tiens à rester honnête et cohérent. Je ne peux pas plaire à tous les habitants et c’est heureusement le jeu de la démocratie et de la majorité accordée. Il demeure en me retournant sur les 14 années passées à la Mairie, que je suis fier d’avoir pu bâtir pour Veyreau avec cohérence et sans commettre trop d’erreurs.

Mon premier et deuxième adjoint pensent clairement détenir la vérité et se figurent que s’occuper du petit quotidien à la petite semaine leur donne une vision claire de la gestion d’une collectivité. Dès que je souhaite remettre le train sur ses rails, je me fais traiter de dictateur et d’être trop tranchant. Ils ne méritent en rien la confiance que vous avez pu leur donner et comme leur souhait est de désavouer désormais le Maire, de désavouer les projets déjà réalisés et ceux du mandat en cours en ouvrant un débat stérile au sein du conseil municipal pour réussir leurs petits projets et modifier le plan de mandat. je leur réponds que je ne suis pas Maire pour assister à une mascarade de démocratie. Un élu ne devrait pas estimer qu’il a reçu un chèque en blanc pour imaginer ce qui lui convient plus personnellement et immédiatement.

Être un élu de notre république donne le devoir a minima de ne pas oublier que notre pays à légué au monde une déclaration universelle qui dit que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » Cela fonde notre Histoire, notre identité, nos valeurs, ce qui cimente notre société même.

Ne pas installer de nouvelles familles en accueillant des migrants qui ne demandent qu’à s’intégrer dans un pays qu’ils découvrent par obligation et non par choix est une honte et se cacher derrière des justifications fumeuses pour m’expliquer qu’ils ne s’intégreront jamais me fait bouillir moi, Miguel Garcia, petit-fils de réfugié politique espagnol.

Délaisser le projet pour sauver l’école en recevant de nouvelles familles de légionnaires dans trois pavillons construits à l’emplacement de l’ancienne salle des fêtes pour nous centrer sur un projet coûteux sans aucun financement, sous couvert d’une non-intégration paysagère. Ecarter un projet qui vise à retirer un hangar disgracieux au profit de trois villas dessinées par un architecte est inconcevable et irresponsable. Proposer d’autres terrains privés en l’occurrence où mes adjoints n’iraient pas faire construire leur propre maison derrière le cimetière si on leur proposait, est inconcevable et irréfléchi alors même que nous n’avons pas les moindres finances. Cela s’appelle simplement de la démagogie politique et c’est un danger pour l’avenir de notre communauté.

Je mets un point d’honneur à conserver mon intégrité, mais principalement à sauver l’école du Causse Noir et je ne me vois pas mentir en m’engageant dans un projet pour lequel il n’existe aucun financement. Je n’en ai ni les garanties, ni la liberté d’action et je reste juste le témoin impuissant de la cabale montée par mes deux adjoints qui préfèrent disperser leur énergie en futilités lors de marchés et de fêtes pour unir de façon éphémère et superficielle quelques habitants. Cela, ils savent bien faire, cependant, une collectivité se gère sur 10 ou 20 ans sans œillères et non à la petite semaine et aux coups par coups sans prévisionnel. Une mairie n’est pas une association.

Je n’ai plus les moyens d’assurer correctement ma fonction de Maire. J’ai rencontré plusieurs d’entre vous pour en discuter et j’ai bien compris que vous faisiez tout pour que je puisse reprendre la barre et conserver le cap. Je vous en remercie et je comprends votre déception et votre peur d’une gestion d’amateurs pour rester poli de la Mairie. Je ne suis ni totalitariste, ni dictateur contrairement aux dires de mes opposants du conseil, et je ne vais pas faire passer en force ce que je pense être juste pour la commune et l’intérêt général. J’ai toujours dit de façon imagée que je ne suis en rien attaché à mon fauteuil. Être élu confère avant tout des responsabilités et non la gloire éphémère d’une jolie starlette se trémoussant sur la Croisette. Dans ma famille, la dictature a causé des tragédies familiales et des blessures sur des générations. Me traiter de dictateur de la part de personnes qui n’ont jamais connu que la démocratie et aucun combat est plus qu’insultant, c’est injurieux et proprement inconscient.

C’est ainsi qu’après une longue réflexion, je me vois dans l’obligation de quitter mes fonctions à la fin de ce mois de décembre, en raison de ces clivages qui vont contre l’intérêt général. Je refuse en toute clarté de vous trahir.

Je vous l’annonce avec tristesse, mais de façon résolue, réfléchie et surtout responsable pour notre village. Je ne peux respecter ma parole politique alors je veux partir en paix avec moi-même, mais avec le sentiment d’avoir accompli mon devoir. Les élus n’ont pas tous les droits et je vous laisse seuls juges comme administrés et électeurs de notre République de dire face aux élus aujourd’hui en rupture avec un programme élu, pour de futiles priorités ce que vous considérez comme l’intérêt général de Veyreau à ce jour.

La démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. J’ai décidé de revenir à ce fondement.

Je vous remercie tous, vous salue et vous assure de tout mon respect, de mon amitié et de l’immense bonheur que j’ai eu à diriger notre commune. Je vous souhaite de magnifiques fêtes et de belles retrouvailles familiales, humaines et personnelles dont nous avons tous été infiniment privés au cours de ces deux dernières années, à l’aube d’une nouvelle année qui apportera, je le souhaite infiniment, de grands espoirs, la fin du COVID ou du moins sa maîtrise et le bonheur et la prospérité que nous méritons tous ».

Miguel Garcia

Maire de Veyreau

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