Culture & Loisirs

Nant. Le Mas Razal… Subversible résistance ?

Assister à une journée d’art et de partage est un acte subversif ? « Dans notre présent contexte politique où les choix arbitraires permettent de se réunir au supermarché, mais pas au théâtre, il nous faut des actes de révolte contre la marchandisation de nos vies. Au Mas Razal, on décide de mourir bien vivant plutôt que de vivre en mourant ! »

Dimanche 20 décembre, les artistes et le public ne se sont pas rendus au Mas Razal, tels des résistants au confinement national ! Ce « Non-événement » ne fut pas une manifestation… Ce fut une avalanche de prestations, semant des graines de liberté dans le cœur de chacun !

Justine Wojtyniak et Stefano Fogher, de la Compagnie « Le Retour d’Ulysse », se sont posé la question : « Événement ou pas ? ». Mais après s’être concerté avec « le Haut Conseil du Mas Razal », il a été voté à l’unanimité que le « Non-événement » aurait bien lieu : « Nous, public, avons besoin de ça, de culture, de joie, de partage, de liberté ! ». Et tous ont mis les mains à la pâte.

C’est le même cri d’espoir et de révolte qui explose de la bouche même de Philippe Flahaut, le metteur en scène de « Les Justes » d’Albert Camus, après que ses comédiens n’aient pas joué le deuxième acte de cette pièce bien connue des Nantais, face à un public ému de pouvoir partager des émotions collectives, pendant que les enfants s’expriment dans la joie, heureux de se retrouver entre copains, heureux de pouvoir gambader dans un espace extérieur qui fait la réputation de la beauté du lieu, avec un sentiment de liberté retrouvée !

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« Nous sommes là ! On joue et on va continuer de jouer ! Le public est là aussi ! Après le Mas Razal, c’est la Maison du Peuple de Millau qui va nous accueillir le 4 janvier ! C’est la désobéissance ! Il y va de notre liberté à tous ! »

Dès l’ouverture, le « Larzaco Poët Poët » ne s’est pas produit, évidemment. « Il y avait plus de musiciens que de public, mais il fallait que l’on ne joue pas », témoigne Christian Roqueirol, membre de la troupe.

Puis, Stefano n’a pas proposé un texte sur l’enfer, tel un prêcheur apportant la bonne parole.

Vers 14 h, le groupe « Mama Said » ne s’est pas démarqué avec un morceau intitulé « Mea Culpa » : mélange de musique folk-rock-rap, en acoustique certes, mais aussi détonnant qu’à l’accoutumée ! « J’en avais des frissons », confie Justine, animatrice engagée et sensible.

Un public venu de toute la région n’est pas arrivé vers 16h et n’a pas assisté à l’atelier « Consortium » du sociologue Bruno Latour.

« Cet atelier avait pour but de développer la pensée face à la situation actuelle, de pouvoir analyser, questionner nos besoins essentiels, voir par quoi ils sont menacés, comment se défendre et qui sont nos alliés, explique Justine. Les enfants ont participé avec une vision étonnamment réaliste des restrictions actuelles, insistant sur le manque de liberté d’expression dans leur vie de tous les jours ! ». Leur proposition de résistance ? « Chanter et danser ! »

Après la non-interview de Mathilde Poulanges faite par Justine, le livre de Gaston Bachelard en main, « La métaphore du feu », traduit en musique par Stefano et sa contrebasse du XVIIIe siècle, notre « embaumeuse de livres » n’explique pas que « le feu est l’outil de la métaphore… »

D’autres surprises n’ont pas clôturé ce « non-événement » qui, comme l’écrit Jack Ralite, « ne tolère plus que l’esprit des affaires l’emporte sur les affaires de l’esprit ! ».
Tout autant que le milieu culturel, les âmes lucides étouffent dans ce Nouveau Monde… Elles crient ton nom, LIBERTÉ ! ».

Le Mas Razal… Peut-être « la pâte qui fera lever le levain de la résistance » (Stéphane Hessel – résistant)…

Anouck

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