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Millau. Les néonicotinoïdes, les pesticides de la discorde

Ils étaient environ 60 à être venus manifester vendredi 23 octobre devant la permanence du député Arnaud Viala contre le projet de loi qui permet une dérogation pour l’utilisation d’un pesticide sur les betteraves sucrières jusqu’en 2023.

À l’appel de la Confédération Paysanne de l’Aveyron, sympathisants et apiculteurs se sont réunis contre le projet de loi voté par le député Arnaud Viala qui prévoit que les « néonicotinoïdes, ces tueurs d’abeilles » pourront être utilisés sous certaines conditions pour protéger les cultures betteravières des ravageurs, une filière extrêmement menacée.

Interdit puis réautorisé

Ces pesticides avaient été interdits en 2018 (loi du mois d’aout 2016) pour leur impact néfaste sur l’environnement et meurtrier sur les insectes, notamment sur les abeilles « mais également sur les oiseaux et sur toute la chaine de la biodiversité » comme le dénonçait Christian Rouquayrol, le porte-parole de la « conf » lors de sa prise de parole sous les fenêtres du député.

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« Ce vote participe au massacre des abeilles, malgré tout ce qu’on nous dit, ce vote c’est de l’enfumage. Nous demandons aux députés de revenir sur ce vote et surtout aux sénateurs ».

Tous pointent du doigt la dangerosité de ces produits pour la faune et la flore « toute la biologie du sol est impactée, on en retrouve dans les eaux de ruissèlement et dans les sols plusieurs années après », mais également pour la santé. Les néonicotinoïdes seraient des « perturbateurs endocriniens et cancérogènes ».

Joël Blanc, apiculteur à Veyreau confie ses inquiétudes et sa colère. ©Millavois.com

Joël Blanc apiculteur à Veyreau remet même en cause les raisons invoquées pour permettre l’utilisation des semences enrobées avec des néonicotinoïdes, accusant la FNSEA et les plus hautes instances de l’État d’être en partie responsables de l’effondrement de la filière.

« C’est une grosse arnaque, on reconnait un grave problème sur la filière betterave en France, mais le puceron il a bon dos ! L’abrogation des quotas et une grosse production provoquant l’effondrement des prix et par ricochet la fermeture d’usines ont mis à mal la filière betterave depuis plusieurs années tout comme la FNSEA qui a des conflits d’intérêts à tous les étages : on nous prend pour de gros dindons ! »

Pourquoi Arnaud Viala a voté pour ?

Le député présent ce jour-là, a accepté de recevoir une délégation devant laquelle il a confirmé sa position. Il nous expliquera ensuite les raisons de cette prise de position.

« La filière betteravière est en grande difficulté cette année, elle est même menacée. Si on ne veut pas qu’elle disparaisse et être soumis à l’importation sans aucun pouvoir de contrôle sur la qualité des produits qui arriveront, il faut prendre cette décision.

Je suis défavorable à l’interdiction sèche, c’est-à-dire au retrait trop rapide de ce pesticide sans trouver de solution alternative efficace et durable. Il faut accompagner la transition et qu’elle se fasse au niveau européen.

Cette autorisation est encadrée dans le temps et limitée uniquement à la betterave, les produits seront utilisés avec parcimonie, sans pulvérisation et seulement sur une partie du territoire. Il n’y a pas de lobby, ni d’autres raisons, je veux défendre une façon de produire qui doit évoluer : nous devons améliorer sans être trop abrupt, la transition prendra du temps pour se faire. »

La délégation reçue par le député est ressortie très déçue de l’entretien accusant Arnaud Viala de « justifier l’injustifiable » et confirme qu’elle continuera son action.

©Millavois.com

Revoir la politique agricole dans son ensemble

La réintroduction des néonicotinoïdes fait ressurgir les interrogations, somme toute légitimes, des producteurs et des consommateurs, liés à l’utilisation des pesticides, mais bien au-delà questionne sur la politique agricole nationale et européenne dans son ensemble, ainsi que le précise Joël Blanc.

« Il faut revoir la politique agricole, favoriser les rotations de culture longues, limiter les monocultures, planter des haies, c’est fondamental pour que l’écosystème s’équilibre. Des solutions il y en a, elles sont agronomiques, elles ne sont pas politiques. »

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