Exposition

Creissels. Visite guidée de l’exposition sur la citoyenneté par Bernard Maury

Jeudi 24 septembre au Prieuré de Creissels a eu lieu le vernissage d’une exposition prêtée par l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Composée de 18 panneaux, elle illustre parfaitement les thèmes qui se rapportent à la citoyenneté. Au cours de sa présentation, Bernard Maury, Président d’Honneur du Comité d’Entente des Associations d’Anciens Combattants et assimilés de Millau, n’a pas manqué d’associer à la citoyenneté la laïcité, véritable « totem de la République ». Visite guidée.

Le panneau 1 montre que si plus de deux millénaires séparent leur naissance, la citoyenneté et la laïcité ont deux propriétés communes. L’une et l’autre en leur domaine respectif nous donnent des droits, mais en contrepartie, l’une et l’autre nous imposent des devoirs. Cet équilibre entre les droits et les devoirs du citoyen traduit le « vouloir vivre ensemble » de la Nation française, réunie autour des valeurs de la République qui sont rappelées dans le panneau 2.

Chaque citoyen connait ses droits, qu’ils soient politiques ou inhérents à la liberté, mais parfois, pour ne pas dire souvent, peut être moins ses devoirs. Ils sont précisés dans les panneaux 14 et 16 et se divisent en deux volets :

• Le premier concerne les devoirs envers l’Etat. Ils se manifestent en respectant les institutions et ceux qui les représentent, en accomplissant son devoir électoral et en faisant preuve de civisme, valeur qui consiste à respecter les lois et les règles en vigueur.

Publicité

• Le deuxième volet vise les devoirs envers tous les autres citoyens. Ils sont assumés en appliquant les règles élémentaires de civilité.

Cette deuxième valeur de la citoyenneté permet une meilleure harmonie dans la société par le respect de ses semblables, c’est-à-dire : respect de leur apparence physique, respect de leurs mœurs, respect de leurs idées et de leur religion, mais aussi respect de leurs biens.

Bernard Maury, Président d’Honneur du Comité d’Entente des Associations d’Anciens Combattants et assimilés de Millau.

En outre, tout citoyen doit avoir au quotidien un comportement actif dans la vie publique, notamment, en montrant sa solidarité à l’égard de ses semblables. Ce devoir élémentaire est illustré dans les panneaux 4 et 17. La solidarité, qui est donc la troisième valeur attachée à la citoyenneté, pousse tout citoyen à aider son prochain et à ne pas commettre un acte qui puisse gêner autrui.

« Ces trois valeurs, civisme, civilité et solidarité donnent à la citoyenneté tout son sens en ne la limitant pas à l’exercice du devoir de vote. Oui, j’ai bien dit devoir de vote, car si voter est un droit, c’est aussi un devoir fondamental et impératif pour tout citoyen. »  Bernard Maury

« Le panneau 15 indique que c’est le premier des droits et des devoirs du citoyen. Malheureusement, lors des dernières élections beaucoup d’électeurs ont délaissé les urnes. Pourtant, voter est un « droit acquis », mais curieusement, ce « droit acquis » n’est pas rabâché comme d’autres le sont dans certaines manifestations ou pour appuyer des revendications », a continué Bernard Maury. Chacun doit exercer son droit de vote pour montrer son attachement à la démocratie, car pour la survie de celle-ci, il est vital et urgent de relancer et de susciter l’intérêt des électeurs pour les ramener sur le chemin des urnes. Souhaitons que lors des prochaines échéances électorales, la tendance s’inverse sensiblement, notamment en 2021, pour les élections départementales et régionales. »

Le panneau 10 nous rappelle que depuis le 1er janvier 1993, nous sommes devenus des citoyens européens, avec de nouveaux droits et devoirs. Il faut nous en souvenir, lors de la « Journée de l’Europe » qui est célébrée chaque année le 9 mai.

Enfin, le dernier devoir qui est illustré par les panneaux 6 et 8, est celui qui impose au citoyen de résister à l’oppression, à un pouvoir arbitraire, comme le préconise le philosophe Alain : « Les deux vertus du citoyen sont l’obéissance et la résistance. Par l’obéissance, il assure l’ordre ; par la résistance, il garantit la liberté ».

Si cette volonté de « vivre ensemble », évoquée par le panneau 16, est supportée par la citoyenneté, la laïcité va plus loin en devenant la règle du « mieux vivre ensemble ».

La laïcité repose sur trois principes :

• la liberté de conscience,
• la séparation des pouvoirs politique et religieux, c’est-à-dire, celle des organisations religieuses et de l’Etat,
• l’égalité de tous les citoyens quelles que soient leurs croyances et leurs convictions.

La laïcité est une invention française qui est encore ignorée par certains pays et plus ou moins bien adoptée par d’autres. Elle est apparue à la fin du 19e siècle dans un contexte historique particulier, marqué par la forte influence de l’Église catholique, jugée à cette époque hostile à la République. Elle s’est constituée principalement contre cette Eglise et elle conserve la trace de ce combat dans les lois de laïcisation de l’école de 1882 et 1886 et dans la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905.

Si après cette longue lutte historique, la laïcité a divisé, de nos jours, elle veut être source d’union entre les citoyens, car elle montre comment « mieux vivre ensemble » en paix avec nos différences spirituelles.

L’exposition a été prêtée par l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.

Bernard Maury a souligné la présence lors du vernissage d’Albine Dalle qui a lancé l’idée de donner le nom de la Laïcité à une rue de Millau. « Mais heureusement qu’il n’y avait pas de rue à baptiser, car Christophe Saint-Pierre, inspiré par une idée de la base, a pu ainsi appeler la cour d’honneur de la Mairie : Cour de la Laïcité ». Une stèle-totem indique cette appellation.

Aujourd’hui, l’Etat n’a plus à conquérir sa laïcité, mais à l’exercer. Il s’y emploie, car la laïcité est devenue un sujet d’actualité de plus en plus sensible. En conséquence, l’état a pris d’importantes mesures au cours des dernières années.

Premièrement, il a créé le 25 mars 2007 l’Observatoire de la Laïcité qui est chargé de veiller au respect du principe de laïcité en France.

Deuxièmement, par la Charte de la Laïcité à l’École, la Nation a confié à l’Ecole qui est le creuset du « vivre ensemble », la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République. Les 15 articles de la Charte rappellent les règles qui permettent de « vivre ensemble » dans l’espace scolaire.

Depuis le 9 septembre 2013, la Charte de la Laïcité à l’Ecole est affichée dans les écoles primaires. Chaque article de la Charte a son importance, mais le 4e est fondamental : « La laïcité permet l’exercice de la citoyenneté, en conciliant la liberté de chacun avec l’égalité et la fraternité de tous dans le souci de l’intérêt général ». Tout est dit.

Avant de terminer, Bernard Maury a souligné que « la Charte demande aux directeurs d’écoles de faire participer les élèves aux commémorations patriotiques. Ces moments précisés aux panneaux 11 et 13 doivent être respectés par les élèves, car ils font partie du cérémonial républicain que l’École de la République se doit d’observer. En outre, il est conseillé aux enseignants de faire prendre conscience aux élèves et aux parents de la diversité et de l’importance des événements commémorés, car dans ce domaine, si le citoyen a le droit d’oublier, il a, par contre, le devoir de se souvenir. Comme nous y invitent les panneaux 3, 5 et 7, il faut toujours se souvenir que nous devons notre liberté aux anciens combattants et à l’Armée de la République ».

Dans ce domaine mémoriel, il est normal et juste que l’action des enseignants soit reconnue. En effet, ils contribuent au-delà du devoir de mémoire à un travail de savoir auprès de leurs élèves, puisqu’il est évident qu’on ne peut pas avoir la mémoire de ce que l’on ne sait pas.

« Ainsi, en leur faisant apprendre l’histoire de notre pays, ils les préparent à devenir de vrais citoyens, conscients de la défense de la démocratie et du territoire national. Dans l’exposition présentée, plusieurs panneaux traitent des deux guerres mondiales et il me plait de souligner que le panneau 7 évoque la bataille de Bir Hakeim, où s’est illustrée, avec ma chère Susan Travers, la 13e Demi-Brigade de la Légion étrangère commandée actuellement par le Colonel Aubry que je salue ». Bernard Maury

« En conclusion, je me risquerai à deux remarques, a déclaré Bernard Maury. Actuellement, il se développe une tendance dont le but est d’élargir la laïcité en l’assimilant à diverses notions, par exemple la tolérance, le pluralisme, l’égalité, la raison. Attention, car en voulant rendre la laïcité plus mobilisatrice, cette démarche risque de la transformer et de la détourner de ses buts primitifs. Deuxièmement, à l’instar de Mme Schiappa qui revendique une laïcité « sans adjectif », il ne faut pas galvauder la notion de « citoyenneté » en associant le substantif « citoyen » à des mots qui, dans notre démocratie, se suffisent à eux-mêmes. Mais je n’engagerai pas ici un débat citoyen, car il ne pourra pas être suivi d’un vote citoyen. Sans commentaire, car je suis sûr que vous m’avez compris ! »

Bouton retour en haut de la page