Actualité

Aveyron. L’UMIH dit « non au holdup de 9 M€ des assureurs »

Après avoir fermement négocié les protocoles sanitaires de reprise post-covid avec le gouvernement, l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) s’attaque aux assurances.

Alain Grégoire président de l’UMIH Rhône Alpes, le « monsieur assurance » du syndicat, est venu faire un point de la situation nationale. Il était accompagné par Serge Gaillard vice-président général de l’UMIH bowling, et de Yannick Chopin, référent Sud-Aveyronnais et responsable des saisonniers à l’UMIH.

Une situation bloquée

Tous les établissements ont fermé leurs portes mi-mars sur ordre des autorités, une fermeture administrative ordonnée par les préfectures, qui entraîne inévitablement une perte d’exploitation, normalement couverte dans les contrats d’assurance. Or, ces dernières refusent de prendre en charge la perte d’exploitation liée à la pandémie.

« Nous sommes vent debout et furieux contre les assurances qui ne prennent pas leurs responsabilités, et encore, je suis gentil ! On a des contrats et par des tours de passe-passe, ils arrivent à ne rien nous verser », déclare Serge Gaillard.

Publicité

C’est dans un communiqué de presse national que les professionnels ont appris qu’ils ne seraient pas indemnisés. Après une vive réaction par voie de presse, et la position statique et quasi muette des assureurs, la lutte s’est très vite organisée.

Un véritable bras de fer a été engagé entre la Fédération Française des Assurances (FFA) et l’UMIH qui coordonne désormais l’action des 230 000 entreprises françaises.

La perte d’exploitation

Par définition, elle couvre « la perte de chiffre d’affaires dû à un phénomène qui n’est pas dû à un dommage matériel » 80 % des professionnels ont souscrit ce type de contrat qui garantit en moyenne trois mois de chiffre d’affaires à hauteur de 25 à 30 % de la totalité des charges (masse salariale, charges variables et charges fixes), soit 100 % des charges fixes.

Pour justifier leur position, les assureurs mettent en avant les conditions particulières des contrats qui stipulent par exemple que si dans le même département plusieurs établissements (au moins deux) font jouer la perte d’exploitation, elle n’est pas prise en charge.

« C’est la substance même de la garantie qui tombe, on a levé des loups dans les contrats, on ne restera pas les bras croisés » !

Des tentatives vaines

Face à ce constat, et dans la certitude d’être dans son droit, l’UMIH a tenté à plusieurs reprises d’être entendu par les assureurs notamment en envoyant cinq à six courriers à madame Lutsmann, directrice générale de la FFA qui « n’a jamais répondu ».

« On a parlé à un mur alors nous avons recensé les adhérents qui avaient eu une réponse de leurs assureurs : sur 9 500, ils sont 9 485 à avoir eu une réponse négative, extrêmement froide, voire cynique ».

L’UMIH s’est alors adressé à l’état, aux sénateurs et aux députés qui sont à 75 % prêts à les soutenir (25 % n’ont pas encore répondu).

Après avoir fait auditer le niveau de perte d’exploitation totale qui s’élèverait selon eux à 9,6 milliards d’euros, le chiffre a été confirmé par la BPI (Banque Publique d’Investissement) alors que « l’estimation non officielle des assureurs captée par des réseaux en off avoisine 4,2 milliards d’euros ».

« Ils clamaient pourtant depuis mi-mars que la perte d’exploitation pouvait coûter entre 60 et 80 milliards. La réalité, c’est que la totalité des assureurs affiche un total de fonds propres de 60 milliards d’euros (hors assurance vie) et possède 196 milliards de réserves. Chaque année, ils versent entre 4 et 5 milliards de dividendes à leurs actionnaires. S’ils remboursaient, comme ils le devraient les assurés, cela ne déstabiliserait même pas leur compte de résultat » !

Devant cette situation, l’état, avec qui l’UMIH est en contact permanent depuis le début de cette affaire, s’est même engagé publiquement « à porter cette problématique devant le législateur à l’échéance du 10 juin, date à laquelle sera présentée la loi des finances rectificatives post covid. »

Si la piste politique n’aboutissait pas, c’est un axe juridique qui se dessinerait.

« On se réserve la possibilité d’aller devant les tribunaux collectivement, à 500 ou 800 par assurance, les uns après les autres ».

S’émanciper des assureurs

Les professionnels des métiers de l’hôtellerie et de la restauration pensent déjà à demain. Ils ne veulent plus être « pieds et mains liés avec ces assureurs », et ont d’ores et déjà mis en place un groupe de travail pour réfléchir à la construction d’une offre d’assurance pour demain « sous marque blanche fabriquée par les pros et pour les pros » avec bien sûr la garantie perte d’exploitation.

Le projet sera présenté en interne fin juin pour être rapidement validé et soumis aux professionnels début septembre. Ainsi tous ceux qui le souhaitent pourront résilier leurs contrats auprès de leurs assureurs et souscrire à cette offre « plus équilibrée ».

Ce sont entre 500 000 et 1 million de contrats unitaires qui sont concernés. L’UMIH ne s’arrêtera plus « quoi que fasse la FFA », et gage que ce travail colossal engagé par des bénévoles infatigables et des salariés très impliqués portera ses fruits . Alain Grégoire l’assure :

« On n’a pas perdu le combat, on est en train de le mener » !

Bouton retour en haut de la page