Opinion

Millau. L’hommage de Léon Maillé à Gérard Deruy

Samedi 23 septembre, le collectif des amis de Gérard Deruy lui consacrait une journée hommage pour célébrer la date anniversaire de sa première élection comme maire de Millau. À cette occasion, la place des Halles et le Créa ont officiellement pris son nom et de nombreux témoignages sont venus ponctuer ce samedi d’automne. Voici celui de Léon Maillé.

« Évoquer Gérard Deruy, c’est, à coup sûr, plonger dans de bons souvenirs

Dire qu’il a été un homme extraordinaire, c’est inutile, tout le monde le sait. Mais, pour moi, voilà 50 ans, paysan du Larzac, ignare en politique, il a été celui qui a dédiabolisé le mot « gauche ».

Il y a un demi-siècle, ce mot m’était synonyme de communisme, de rideau de fer, de goulag, etc.

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Lui, le socialiste affable, posé, réfléchi, généreux (et en plus qui allait à la messe) m’a fait évoluer par son exemple. En cela, j’y ajouterai Jean-Louis Coulon, lui aussi du Parti socialiste, lui aussi qui allait à la messe, et, en plus, confrère de métier.

À l’époque, les esprits conservateurs n’avaient de cesse de dénigrer tous ces militants venant si généreusement aider les paysans à sauver leurs terres menacées par l’appétit foncier de l’armée. Ils étaient le diable, l’extrême gauche (aujourd’hui on est passé au terme ultra gauche). Souvenons-nous, dans le film « Tous au Larzac » l’on y remarque un passage significatif d’un reportage de TF1 où le chroniqueur « fustige » ces gauchistes venus au Rajal, perturber l’arrivée du Premier secrétaire du Parti socialiste : M. François Mitterrand. Ah, ces gauchistes ! Heureusement qu’ils sont venus, car, au final, c’est bien leurs idées, en se concrétisant sur le Causse, qui ont abouti à ce Larzac si vivant aujourd’hui.

L’Histoire leur a donné raison et tort aux esprits conservateurs.

Remarquons que, maintenant, un autre mot a été inventé pour désigner les esprits libres, ceux qui osent penser et parler différemment de la DOXA : complotistes qu’on les nomme, conspirationnistes même. Le but est toujours le même : diaboliser l’autre, le noircir en espérant paraître ainsi plus blanc. Merci à Gérard de m’avoir dédiabolisé le mot gauche.

Et pour la petite histoire, je pourrais rajouter qu’en 1976, lorsqu’il a fallu compléter le conseil pour remplacer le maire décédé (Le docteur Gabriac) Gérard m’a dit « Viens, il faut que quelqu’un soit sur ma liste des partielles ». On n’était que 5 de gauche, la droite n’avait présenté personne.

Et voilà comment, à cause de Gérard, je me suis retrouvé au Conseil Municipal en décembre 1976, alors qu’en juillet, avec d’autres du plateau, j’étais en prison à Rodez pour avoir mis du désordre dans les bureaux des achats des terrains par l’armée.

Sacré Gérard ! »

Léon Maillé

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