Causses et vallées
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Patrimoine Millavois. Au Jardin des Causses

Cette semaine nous irons à deux pas du cœur de ville de Millau, au Parc de la Victoire, visiter le Jardin des Causses. C’est dans un large espace de quiétude où s’allient la douceur de vivre, la détente et le loisir que fut crée en 1998 avec le concours actif du botaniste auteur de « Fleurs et Paysages des Causses », Christian Bernard, ce bien nommé « Jardin des Causses » qui s’inscrit dans une riche tradition de recherches et protection de l’environnement avec un souci de présentation du paysage caussenard ainsi qu’une volonté et une approche pédagogique à l’intention du public scolaire. C’est à l’initiative de Jacques Godfrain que ce jardin botanique eut depuis son espace « Hippolyte Coste » (1858-1924). A l’inauguration des membres de sa famille étaient présents, ainsi que quelques Millavois. Dommage que désormais le panneau indiquant le jardin et l’espace Hippolyte Coste ait disparu !

Initialement, sur une superficie de 6500 m² et un sol calcaire, ce jardin présentait six milieux différents typiques du Sud-Aveyron : la forêt calcicole, la pelouse sèche du Causse, la pelouse méditerranéenne, la pelouse rocailleuse, le milieu dolomitique et les plantes des moissons. Près de 200 espèces y étaient présentées avec une importante collection de sauges. On y trouvait aussi des éléments du petit patrimoine local (cazelle-lavogne-bouissiere), toujours visible, symbole de l’activité pastorale des Causses.

La cazelle (DR)

Sans doute, si le projet d’après guerre 14/18  de déplacer le dolmen qui se trouve en bordure de la nationale à hauteur d’Azinières avait vu le jour, celui-ci aurait pris toute sa place dans ce « Jardin des Causses ». A ce sujet, voilà ce qu’écrivait Jules Artières : « On se rappelle qu’après la guerre de 1914-18, il avait été question de l’acheter au propriétaire du terrain et de le porter au Parc de la Victoire, où il aurait été reconstitué au haut d’un immense tertre. L’idée n’eut pas de suite, heureusement, car l’immense amas de terre projeté aurait encombré le Parc, et le dolmen va mieux où il est, c’est-à-dire là où l’élevèrent les tribus qui peuplaient notre pays il y a plusieurs millénaires ».( Millau à travers les Siècles, 1943).

Un dolmen a été reconstitué dans l’actuel jardin des Causses dans la partie servant à l’espace de détente.

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L’espace détente devant le dolmen reconstitué (20 mai 2023) (DR)

Comme le note Jacques Godfrain « le mot jardin évoque toujours des heures précieuses. Depuis l’éden jusqu’au jardin des délices, il y a dans les allées de nos espaces de verdure de quoi sentir, observer, rêver. Voir la vie sous un angle différent de celui qui occupe notre quotidien, réapprendre le sens du bon et du beau.

A travers le Jardin botanique, nous voulons réconcilier l’homme et son environnement. Cet espace nouveau sera le condensé d’un Sud-Aveyron rempli de plantes et de fleurs rares et délicates qui en fait un site exceptionnel. ».

La lavogne reconstituée (DR)

La création de cet espace s’est articulée autour du principe de partenariat entre tous les acteurs du domaine de l’environnement. Aussi un véritable comité de pilotage a été crée associant, lors de réunions préparatoires, la Mairie de Millau, le Parc Naturel Régional des Grands Causses, le corps enseignant, le C.P.I.E., l’association Nature Aveyron, l’ONF, le conseil scientifique du Laboratoire Klorane, l’association des amis de Jean Henri Fabre, Christian Bernard, naturaliste et scientifique reconnu, M. Cabanne, chef de bureau de la Mission Paysage au ministère de l’Environnement.

Pour ce qui est de sa réalisation effective, l’Espace botanique a fait l’objet d’un projet d’école par le Centre de Formation des apprentis agricoles de Millau. Des plants récupérés sur le futur tracé de l’A 75 ont été réintroduits. Certaines espèces rares ou dispersées viennent de conservatoires botaniques.

Authenticité, découverte et pédagogie sont les mots-clés et les objectifs principaux de ce jardin.

Ouvert à tous, le jardin des Causses offre le plaisir de la promenade et celui de la connaissance avec, en centre-ville, une illustration de la nature environnante. Les nombreuses personnes – habitants ou touristes, qui visitent le Parc, peuvent ainsi y découvrir la flore locale.

Déjà riche d’un très large éventail d’arbres remarquables, tels les séquoias, le libocèdre, l’arbousier, le chêne des marais, le micocoulier ou le liquidambar, le Parc de la Victoire offrait jusqu’à présent une homogénéité assez réductrice pour un si grand espace. Le Jardin des Causses lui apporte diversité et authenticité. La visite n’en est que plus agréable et variée. C’est aussi un support pédagogique pratique pour les botanistes comme pour les néophytes et un lieu privilégié de travail des groupes scolaires encadrés par le Centre Permanent d’Initiation à l’Environnement.

Marc Parguel

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