Exposition
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Millau. Gilles Bertrand expose ses photos sur la zone incendiée de Mostuéjouls

« Cette rencontre, ce fut un jour de gel, un jour gris, un jour à l‘envers à grimper dans cette forêt mise à nu n’ayant plus rien à cacher, tout à dévoiler.

Je l’avoue, je ne m’attendais à rien de précis, à rien de défini en posant l’empreinte crantée de mes chaussures sur ce sol de cendre. En posant les mains sur cette roche au calcaire desquamé, effrité. A buter maladroitement sur ces petites souches de buis calcinées.

Gilles Bertrand (DR)

Etrange échiquier morcelé, fragmenté aux allures volcaniques. Au sol, une seule couleur, le noir, noir tombeau celui qui se referme sur le néant, noir corbeau, celui qui crève les yeux. Parfois, une tâche d’un vert psychédélique, fine pellicule moussue d’un vert sauvage, acidulé, couleur LSD. Parfois, ici et là… déjà… de petites pousses de buis émergeant des scories, touffes charnues en couronne de mariée.

Reprise timide et si fragile, reconstruction lente d’un Sauveterre en sauve qui peut la terre. Parfois, de petites tâches d’un orange oxydé, disséminées comme des pustules de rouille, dernières traces d’un combat féroce, de ces bombardiers d’eau croisant le feu et la démence des flammes, ces brasiers géants leur léchant la carlingue dans un combat divin opposant l’homme suffoquant, aux forces d’une nature en rébellion.

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Deux mois durant, méthodiquement, je me suis immiscé ainsi, le regard ébahit, sur ce causse de Sauveterre s’offrant aux quatre vents comme une église abandonnée. Sans craindre la suie, la cendre, l’écorce fragmentée, cicatrices profondes d’une terre aux apparences moribondes pour me fondre seul dans ce paysage profané.

© Gilles Bertrand

Ainsi, sur ce plateau des Baouris, j’ai dérivé de falaises en combes humides, de rochers élancés en pyramides érodées. Vision chromatique élémentaire ?

Croisant des regards noirs, des carapaces aux écailles luisantes, des corps allongés, esthétisés… anges noirs momifiés.

J’ai caressé des troncs tortueux, aux courbes insolentes, s’enroulant comme des corps enlacés, amoureux embaumés. De l’art brut né d’une terre révoltée. Ce n’est plus une forêt profonde. Ce n’est plus une forêt enchantée. C’est désormais un Sauveterre sur le qui-vive dans la crainte d’une nouvelle expédition punitive. »

Gilles Bertrand

« Forêt brûlée, arbre dévoré par un feu meurtrier,
Le salaud, il ne te laissa aucune chance, écorché à vif et défolié.
Sans plus aucune prise au vent, tu ne joues plus la sarabande,
Seul prisonnier, muet et emmuré dans ton écorce de cendre »

L’exposition

  • Dates : du 5 avril au 27 avril 2023
  • Lieu : Galerie Le Salon – 25 rue Antoine Guy – Millau
  • Ouvertures : mercredi – jeudi – vendredi – samedi de 14h à 18h
  • Tirages : 31 photographies sur dibond quadri – impression Burlat – Rodez
  • Appareils photos : Sony Alpha 7 4 et Canon 1D X
  • Contact Gilles Bertrand : 06 07 40 05 06
  • Contacts Le Salon Pierre et Francine Vergely : 06 74 53 52 19 ou 06 07 25 74 93

Les temps forts

  • 5 avril : 14h – ouverture de l’exposition
  • 7 avril : 18h – vernissage de l’exposition
  • 14 avril : 18h – conférence vidéo – débat avec Lin Vidal officier pompier au cœur du dispositif opérationnel de lutte contre les incendies de l’été 2022. Première date d’un cycle de conférences ayant pour thème « La Forêt aujourd’hui et demain ».

Source
Gilles Bertrand
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