[dropcap]L[/dropcap]es militants de la Confédération paysanne de l’Aveyron sont aujourd’hui aux côtés du collectif qui occupe le théâtre de la Maison du Peuple à Millau, pour le deuxième « vendredi de la colère ». Le premier « vendredi de la colère » a été initié le 26 mars par les occupants du Centre Chorégraphique National de Montpellier.
En solidarité, les militants de la Conf’ ont partagé un repas paysan à midi, avec les occupants, citoyens et professionnels du secteur culturel, dont certains issus d’organisations et syndicats (Collectif des Non essentiels, CIA Collectif des Intermittents de l’Aveyron, La Convergence des Luttes, Gilets jaunes Millau, Sud Culture, Solidaires 12, CGT, UCL Union des Communistes Libertaires…).
Aujourd’hui une centaine de lieux culturels sont occupés en France. Le combat ne se limite pas uniquement à la réouverture de ces lieux, même si celle-ci est pour nous essentielle.
En effet, nos revendications concernent également l’obtention de droits pour tous les intermittents de l’emploi et les travailleurs précaires : revenus décents, sauvegarde de la sécurité sociale et opposition à la réforme de l’assurance chômage.
A 14 h devant la Maison du Peuple, des membres de la Confédération Paysanne de l’Aveyron ont pris la parole pour expliquer leurs revendications de justice sociale, « rappeler que le projet d’agriculture paysanne s’inscrit résolument dans la société et qu’il ne peut y avoir de solutions dans le repli sur soi, mais dans la solidarité. Ces points de convergence ne demandent qu’à grandir, au gré des rencontres et des débats sur le territoire rouergat. »
« Cette occupation, c’est un rassemblement de convergence de luttes »
« Personne n’a le droit de décréter que telle ou telle activité est nécessaire ou pas, attaque Jean-Marie Roux, secrétaire départemental de la Confédération Paysanne. Ce genre de raisonnement nous ramène aux heures un peu plus sombres de notre histoire. La culture, c’est notre ballon d’oxygène, c’est un monde différent du notre, mais oh combien compatible. La culture, c’est ce qui nous fait vivre, espérer et réfléchir. C’est pour ça que nous sommes là. »
« On espère que le monde rural comprendra le message », rajoute Christian Roqueirol, adhérent historique de la Conf’, en prenant la parole. « Dans mon coin du Larzac, il y a de plus en plus d’artistes, se réjouit-il. Etre au cul des brebis toute la journée, ça ne nourrit pas le cerveau ».
Et les syndicalistes de dénoncer « une gestion autoritaire de la crise ». « Si on occupe le théâtre, c’est aussi pour le monde d’après, continue Christian Roqueirol. Cette occupation, c’est un rassemblement de convergence de luttes, pour une autre paysannerie, une autre agriculture. Après une crise comme celle-ci, nous n’avons pas le droit de ne pas évoluer. »
Au nom du collectif des intermittents et des précaires, Benoit Sanchez-Mateo, a ensuite rappelé « le problème de l’assurance chômage ». « On va durcir les droits des intermittents du spectacle, assure-t-il. Nous bénéficions actuellement d’une année blanche, mais au 31 août, 60 % des intermittents vont sortir du régime et basculer au RSA. Jean-François Galliard (le président du Conseil départemental, NDLR) nous a assuré quand il est venu que depuis le début de la crise, il y a déjà 15 % de plus d’allocataires du RSA en Aveyron… ».