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Millau. Lycée Jean-Vigo : « On nous casse notre outil de travail ! »

Ce jeudi 4 février à 17h, les professeurs élus pour représenter leurs collègues au conseil d’administration du Lycée général et technologique Jean Vigo ont refusé de siéger au conseil d’administration dont l’objet était la préparation de l’année 2021-2022 avec le vote de la dotation globale horaire (DGH), c’est-à-dire le nombre d’heures données au lycée pour fonctionner, et la répartition de ces heures entre les différents enseignements et les différentes classes.

Au lieu de ça, ils se sont rassemblés, en compagnie de leurs collègues, devant les grilles de l’établissement en signe de protestation. Les parents d’élèves élus, représentants de la FCPE, se sont joints à eux, ainsi que des professeurs du collège Marcel-Aymard.

Ce refus a plusieurs causes. D’une part le délai trop court entre la réception des documents à étudier et la tenue du CA, qui ne permet pas d’examiner en détail toutes les implications d’une dotation en forte baisse.

« L’examen de la DGH revenant chaque année à la même période, l’application d’une procédure d’urgence ne se justifie pas, sauf à vouloir réduire le conseil d’administration à une chambre d’enregistrement », regrettent les professeurs élus.

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D’autre part, une baisse « drastique et alarmante » de la dotation : 110 heures en moins par rapport à l’année dernière pour une prévision de deux classes en moins. « On nous casse notre outil de travail ! » fustige Robert Marcos, professeur d’espagnol, directement impacté par cette baisse de dotation, puisque l’enseignement de spécialité d’espagnol en terminale est sur la sellette, alors que cet enseignement a été assuré cette année en première. « Les élèves devraient avoir le droit de le poursuivre », affirme Robert Marcos, qui craint que ses élèves soient contraints d’aller poursuivre leur spécialité dans un autre établissement, à moins qu’ils ne suivent leur spécialité à distance, avec la CNED…

Cette baisse de la DGH ne nous permettra pas d’offrir des formations qui correspondent à l’esprit de la réforme initiée par Jean-Michel Blanquer. » Isabelle Niel, professeur d’anglais.

Un appel à un large soutien de la population et de ses représentants

Mais cette « réduction considérable des moyens » aurait, selon les professeurs, d’autres « graves conséquences sur la qualité des enseignements offerts au lycée ».

Déjà, « il y aura moins d’encadrement des élèves, moins de temps consacré à chaque élève avec un suivi individualisé de plus en plus difficile, les heures d’aide personnalisée ne pouvant plus être assurées », affirment-ils.

Ils prévoient aussi « 36 élèves par classe dans une structure qui n’offre pas assez de salles de classe adaptées », « moins de dédoublements dans plusieurs matières, en langue en particulier », la suppression de l’option facultative Management et Gestion en seconde, la menace sur d’autres options facultatives à court terme (musique, latin, occitan), des langues en sursis comme l’occitan et le chinois, ou encore le panel d’enseignements de spécialité « qui risque de se réduire au détriment des futures études supérieures des élèves ».

« Il existe aussi un risque de suppression de postes, craignent-ils, et une augmentation des compléments de services des enseignants dans d’autres établissements, alors que des heures sont disponibles au lycée, mais devront être assurées en heures supplémentaires par leurs collègues. Les enseignants qui devront aller faire quelques heures à Sévérac ou à Saint-Affrique seront donc moins disponibles pour les élèves. »

La baisse de la DGH pourrait amener la suppression de postes. Les heures restantes devraient alors être prises en charge en heures supplémentaires par les professeurs…

« Le lycée Jean Vigo s’enorgueillit d’offrir une large palette de formations à ses élèves, étant donné l’isolement relatif de la ville de Millau, l’éloignement des autres établissements dans l’Aveyron, il semble primordial de préserver l’ensemble de ces dispositifs, souligne Jean-Yves Bou, professeur d’histoire-géographie. Les dotations horaires des deux années passées allaient d’ailleurs dans ce sens, puisqu’elles avaient permis de proposer un large éventail d’enseignement de spécialité, dans le cadre de la réforme du lycée, tout en maintenant des options variées, qui font depuis longtemps la richesse de l’établissement millavois (latin, musique, théâtre, cinéma-audiovisuel, section européenne, occitan, chinois, etc.). En réduisant brutalement le nombre d’heures, l’administration de l’Education nationale porte un coup à cette diversité, et met en péril la continuité pédagogique qu’il se doit d’assurer entre le collège et le lycée, entre classes de seconde, première et terminale. »

Les professeurs élus et leurs collègues appellent aujourd’hui à un large soutien de la population locale et de ses représentants « pour demander à l’Etat et au gouvernement de tenir les promesses annoncées par une réforme qu’il a lui-même engagée et qui devaient laisser un large choix d’enseignements aux élèves. En privant les établissements secondaires publics de Millau de moyens de fonctionnement, le Gouvernement s’attaque aussi à la ville et sa population ».

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