Santé

Coronavirus. En Occitanie, la situation est plus grave qu’au printemps

Ce mardi 10 novembre à 16h, l’Agence Régionale de Santé (ARS) tenait une conférence de presse pour faire un point sur l’évolution de la situation sanitaire en Occitanie. Et malgré les annonces ici ou là du ralentissement de la hausse des cas de Covid en France, Pierre Ricordeau, directeur général de l’ARS Occitanie, se garde bien de relâcher la pression. Au contraire.

« La situation est ambiguë, avoue Pierre Ricordeau. Il y a des signes de ralentissement de la hausse, mais qui sont encore extrêmement fragiles et difficiles à interpréter. Nous sommes toujours à une incidence de 400 sur la Région Occitanie, c’est à dire plus de 8 fois le seuil d’alerte. Les entrées en hospitalisation continuent d’augmenter, avec plus de 100 entrées au cours de la dernière semaine. Et nous avons toujours un très grand nombre de décès : près de 200 la semaine dernière, contre 150 la semaine précédente et un peu plus de 100 la semaine d’avant. Soit presque un doublement des décès en établissement en 15 jours… »

« Un bilan humain qui est tout à fait désastreux »

En Occitanie comme ailleurs en France, le bilan humain de cette épidémie est très élevé. Comme au printemps, la courbe des décès est en nette augmentation par rapport aux années précédentes. « Depuis septembre, nous sommes très au-dessus de ce qui était le nombre de décès habituel », note le directeur de l’ARS, graphique à l’appui. « Il y a beaucoup de malades qui font des formes graves, qui ne vont pas décéder mais qui vont avoir une hospitalisation parfois assez traumatisante et peut-être avec des séquelles. On a un bilan humain qui est tout à fait désastreux, ce n’est pas une petite épidémie que nous vivons en ce moment ».

En Occitanie, la situation est plus grave qu’au printemps. En mars et avril, notre région était en effet « un peu en retard sans la cinétique de l’épidémie » et le confinement était arrivé à un moment relativement précoce dans le déploiement de l’épidémie, ce qui avait limité les impacts sur notre système sanitaire et nous avait même mis en position d’aider d’autres régions métropolitaines.

Publicité

Aujourd’hui, le nombre de décès au cours des quatre dernières semaines est beaucoup plus important que ce que l’on a vécu au printemps. Nous avons enregistré 531 décès dans les établissements de santé, 80 décès dans les Ehpad… Au cours des quatre dernières semaines, ce sont plus de 600 décès qui ont été enregistrés en Occitanie.

Nous avons dépassé de manière très significative les pics d’hospitalisations que nous avions atteints au mois d’avril. Sur les hospitalisations conventionnelles, nous sommes déjà à 80 % au-dessus du pic d’avril et s’agissant des réanimations, nous sommes à 25 % au-dessus. La situation du printemps est dépassée de manière extrêmement forte. 

Pourquoi le strict respect du confinement est-il indispensable ?

« La semaine en cours et la semaine prochaine sont absolument cruciales, il est indispensable que le confinement soit absolument respecté. Les projections de l’Institut Pasteur nous confirment que rien n’est encore gagné face au virus ».

Le directeur de l’ARS évoque alors deux scénarios. Un scénario où le taux de reproduction du virus, le fameux R, descend au-dessous de 1 et se rapproche de 0,9. Dans cette situation-là, nous voyons apparaitre un pic d’hospitalisation au service de réanimation à la mi-novembre et ensuite une descente.

En revanche, si le R reste un peu au-dessus de 1, à l’horizon du mois de décembre nous ne voyons pas de pic en Occitanie, et nous assisterons « à une mise de pression exceptionnelle de notre système hospitalier dont il n’est pas sûr qu’il soit capable de la supporter ».

Tous les soignants mobilisés

« Tous nos soignants sont mobilisés, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, assure M. Ricordeau. Ils font un travail remarquable pour faire face à la situation. Aujourd’hui, l’effort des soignants a permis d’augmenter de 40 % le nombre de places en réanimation déployées en Occitanie par rapport au nombre de places habituel dans notre région. Nous sommes à plus de 650 lits de réanimation, dont 90 % sont occupés. L’ensemble des établissements ont des objectifs de création de lits et ils dégagent les ressources humaines pour le faire. Ils doivent reporter un certain nombre d’interventions, ce qu’on appelle la déprogrammation, pour armer les lits et être en capacité d’accueillir les patients Covid. »

« Les moments que nous vivons sont tout à fait exceptionnels et la situation est critique. L’action des uns et des autres pendant cette période de cette semaine et la semaine prochaine sera cruciale pour que ce soit le scénario avec un R inférieur à 1 qui soit celui que nous vivions et pas le second », répète Pierre Ricordeau. Ce qui veut dire respecter les règles de confinement, respecter l’isolement, respecter les gestes barrières, rester isolé lorsque l’on est un cas confirmé positif, mais également un cas contact de cas confirmé, utiliser l’appli TousAntiCovid…


« La situation dans les Ehpad est extrêmement critique »

Un très grand nombre d’Ehpad sont touchés par le Covid dans notre région et beaucoup plus que lors de la première vague. Il y a eu 180 clusters en Ehpad en Occitanie depuis le déconfinement, il en reste encore 125 qui ne sont encore actifs. C’est près de 30 % des 687 clusters signalés sur cette période en Occitanie.

Et de prendre en exemple une semaine en Ehpad, à la fin du mois d’octobre : 72 signalements en Occitanie, 818 cas confirmés parmi les résidents, 428 cas confirmés parmi les personnels, 56 résidents en Ehpad hospitalisé et malheureusement 63 décès, dont 22 à l’hôpital.

Pierre Ricordeau en appelle une nouvelle fois aux renforts : « Nous avons besoin tant à l’hôpital que dans les établissements médico-sociaux de médecins, infirmiers, psychologues, agents d’entretien qualifiés, cuisiniers, aide-soignants… Tous ces besoins sont relayés sur la plateforme renfort RH. »

Bouton retour en haut de la page