Dans un post public sur sa page Facebook, Julien Viader, médecin orthopédiste à l’hôpital de Millau explique les raisons qui ont motivé son choix de refuser de la prime versée par l’état, en remerciement aux soignants pour leur implication dans la crise sanitaire.
« Monsieur le ministre, cher confrère,
Je reçois ce jour une notification faisant état du versement d’une prime de 500 € allouée aux praticiens hospitaliers en remerciement de leur implication lors de la crise sanitaire que nous traversons.
Je ne doute pas de la sincérité des sentiments du gouvernement à l’égard des médecins hospitaliers, mais je ne souhaite pas bénéficier de cette prime.
Chirurgien dans un hôpital du sud de l’Aveyron, mon activité (et celle de mes collègues chirurgiens ) a été réduite à néant ou presque pendant la période du confinement. La suspension des consultations et des actes opératoires programmés, la disparition quasi complète des prises en charge traumatologiques liée au confinement ont plongé nos journées habituellement bien chargées dans un état d’hibernation professionnelle.
Nous étions bien sûr en réserve pour prêter main-forte à nos collègues urgentistes, mais la vague annoncée n’a heureusement pas submergé nos capacités d’accueil et de prise en charge, comme ce fut le cas dans d’autres départements.
Bref, je m’interroge -et je ne suis probablement pas le seul- sur l’opportunité de verser de cette prime indistinctement aux professionnels médicaux y compris à ceux qui, comme moi, ont été plus spectateurs qu’acteurs dans la situation que nous avons vécue.
Je ne pense pas être le seul médecin hospitalier à éprouver ce sentiment et à penser que les sommes relativement importantes qui vont être mobilisées auraient pu être utilisées à meilleur escient.
Je suggère que le ministère de la Santé développe un dispositif en ligne qui permettrait à celles et ceux qui le souhaitent (et j’ai la faiblesse de croire qu’ils seront nombreux) de restituer cette somme qui sera beaucoup plus utile pour soutenir les secteurs les plus impactés par la crise, que ce soit dans le milieu de la santé, mais également dans celui de la culture dont certains acteurs meurent aujourd’hui de ne pas pouvoir se produire.
Ce courrier, qui sera également diffusé sur les réseaux sociaux (dans le seul but de rencontrer plus d’écho) est le fruit d’une démarche strictement individuelle et constructive, dénuée d’arrière-pensée polémique ou démagogique et n’engage pas l’établissement où j’exerce.
Veuillez recevoir, monsieur le ministre, l’expression de mes sentiments respectueux et confraternels ».
Dr Julien Viader, Chirurgien orthopédiste au centre hospitalier de Millau