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Millau : « A nous le souvenir, à eux l’immortalité »

Si l’armistice qui marque la fin des combats de la 1re Guerre mondiale est signé le 11 novembre 1918, le traité de paix entre l’Allemagne et les Alliés n’est signé que le 28 juin 1919 dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles.

Millau, comme toutes les villes de France, a tenu à marquer cette date historique en organisant en juillet 1919, les « Fêtes de la Victoire et de la Paix ». Les commémorations ont débuté le 13 juillet, par une cérémonie simple et émouvante, organisée pour rendre hommage aux Millavois tués pour défendre la Patrie.

Dès 8h, un cortège immense s’est formé sur la Place de l’Hôtel de Ville, l’actuelle Place Maréchal Foch, aux abords de la Maison du Peuple et sur les boulevards Saint-Antoine et Richard. Dans la foule se trouvent les veuves et les orphelins de la guerre, les mutilés, les vétérans de la guerre 70, les enfants de toutes les écoles et les corps constitués de la ville. En tête s’est placé le Maire de Millau, Monsieur Guibert, suivi par tout le Conseil Municipal ; il a, à ses côtés, le Secrétaire général de la Préfecture, le Sous-Préfet et le député Balitrand.

A 9h, le cortège s’est dirigé vers le cimetière à travers une double haie formée par la population millavoise. A son arrivée, le cimetière est déjà envahi par une foule innombrable qui s’est rassemblée devant les tombes fleuries des Millavois morts au Champ d’Honneur.

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Toutes les personnalités ont pris successivement la parole pour témoigner de la reconnaissance éternelle de la France à toutes les victimes de la Grande Guerre, aussi je ne rappellerai qu’une partie du discours du Maire de Millau.

La fanfare de l’Elan Millavois a comme d’habitude répondu présente.

Ecoutez : « Un peuple ne doit pas oublier ceux qui sont morts pour lui, leurs souvenirs inspirent les sentiments qui animent toute grande vie nationale ; ils rappellent des exemples qu’il faut faire resplendir, des enseignements qu’il faut transmettre de génération en génération. Le peuple qui laisserait s’éteindre ces souvenirs, qui oublierait les vertus, les grands exemples du passé, se condamnerait à une décadence sans espoir, il serait mûr pour la servitude, il aurait tari la source vive où se retrempent les âmes viriles, il ne rencontrerait plus autour de lui, que l’indifférence et l’égoïsme ; il serait déshonoré et perdu ». Fin de la citation que tout citoyen devrait méditer.

Le maire Christophe Saint-Pierre et le sous-préfet de Millau Patrick Bernié ont assisté à cette cérémonie.

Appelée la « Fête des Morts », la cérémonie au cimetière a été suivie à 11h par la « Fête des Orphelins » à la Maison du Peuple. L’après-midi, à 14h30, a eu lieu l’inauguration du Parc de la Victoire. Dans ce Parc, le monument aux morts de la Grande Guerre sera érigé en 1929, après celui du cimetière, inauguré le 11 novembre 1928, exactement 10 ans après l’armistice.

Jean-François Galliard, président du Conseil départemental.

Aujourd’hui, nous ne représentons pas la foule immense venue au cimetière le 13 juillet 1919, mais, comme elle l’a fait il y a 99 ans, nous accomplissons le même devoir en venant nous recueillir à la mémoire de tous ceux qui sont morts au service de la France.

Bernard Maury, président d’honneur du Comité d’Entente des Anciens Combattants

Philip Jones dénonce « un paradoxe »

« Les Journées nationales des sépultures des morts pour la France sont des moments forts de recueillement et de respect. Les soldats inconnus sont les grands bénéficiaires du centenaire », a souligné Philip Jones, le président du comité millavois du Souvenir Français.

Philip Jones, le président du comité millavois du Souvenir Français.

« Chaque jour, la presse se fait l’écho de découverte de combattants. Archéologues, généalogistes et historien se livrent alors à la recherche des identités des corps retrouvés. Tout cela constituerait le meilleur des mondes mémoriels, si au même moment ne disparaissait pas dans des centaines de cimetières communaux, les tombes de combattants restitués à leurs familles au lendemain de la Grande Guerre. Paradoxe, la passion d’un côté pour donner des sépultures aux ossements retrouvés, et le silence des autres pour jeter les ossements des tombes en déshérence dans les fosses communes des cimetières communaux. Nous avons ici, à Millau, compris ce sens de la mémoire, du sacrifice de ces hommes pour la liberté et pour la France. Ce monument en est le témoignage visible et la cérémonie de ce jour confirme notre volonté de ne pas oublier qu’ils ont donné leur vie pour nous permettre aujourd’hui de vivre libres. C’est une façon de les remercier que de venir entretenir et fleurir ce monument où reposent 832 Millavois morts pour la France. Cérémonie où vous êtes venus comme témoin de la mémoire que nous avons envers eux et leurs familles. (…) A nous le souvenir, à eux l’immortalité ».

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