Causses et vallées

De passage au pigeonnier de Montméjean

Lorsqu’on quitte le village de la Roque Sainte Marguerite et que l’on se dirige vers Montméjean, on peut apercevoir en levant les yeux, dans un virage où apparaissent d’anciennes mines de charbon, un pigeonnier carré qui surplombe la vallée et qui se détache du village.

Il apparaît dans un cadre solitaire, c’est ce qui fait son charme et sa particularité. En s’approchant, on constate que c’est une grotte aménagée en pigeonnier « pour pigeons troglodytes », elle est même citée sous le nom de « grotte du colombier », et mesure 35 mètres de développement.

Après avoir passé la porte d’entrée.

La porte d’entrée se situe à 2 mètres de hauteur, ce qui demande une petite escalade. On se doute que nos ancêtres devaient avoir une taille bien moindre que la nôtre, la porte mesure 1,43 m de hauteur pour 0,70 m de large. Une fois la porte passée, on arrive dans un long couloir, qui dans sa partie la plus large atteint les 3,30 m. Le couloir s’oriente au bout de trente mètres vers la droite et se termine face à la roche impénétrable.

Ce pigeonnier semble fort ancien, mais aucune date ne nous permet de préciser sa date de construction. Ce qui semble certain, c’est que selon André Chaleil (Connaissance du pays d’Oc, n°14), « les constructions les plus anciennes connues ne remontent pas au-delà du XIIIe siècle ». Au Moyen Age, il n’était pas rare qu’un pigeonnier moyen en accueille deux ou trois centaines. Le pigeonnier de Montméjan, assez imposant, était déjà présent au XVIIe siècle, car cité dans un dénombrement de 1672 « sur une pointe de rocher ».

Publicité
Vue de l’intérieur.

En 1668, Alexandre de Granger, seigneur de Montméjean, afferme à Antoine Lacaze (fils de Charles) et Pierre Rabié, la place de Montméjean pour 2000 livres. Un des rentiers devra résider au château de Montméjean ou y tenir une personne pour fermer les portes, entretien du château, réserver au seigneur la chambre tapissée pour y coucher le jour où le seigneur viendra à Montméjean, entretenir le pigeonnier (Archives L. Laurens).

Le droit de colombier protégeait des milliers de pigeons du seigneur. « Les seigneurs hauts justiciers et féodaux avaient seuls le droit d’avoir un colombier. Les serfs (personnes attachées à une terre et dépendant d’un seigneur) ne pouvaient élever des pigeons » (Ch. Fellens, Les droits du seigneur, 1877).

Vue du fond de la grotte.
Vue depuis la porte d’entrée.

D’après Albert Carrière « Ce pigeonnier carré bâti sur une pointe de roc fut transformé en chapelle au début du XVIIIe siècle, après l’abjuration du protestantisme par les seigneurs du lieu ».

André Fages, dans son ouvrage sur les colombiers pigeonniers le considère comme le plus joli et le plus représentatif de cette construction, et il déclare à juste titre « Il est l’un des monuments de nos Causses à protéger ».

A l’automne 1997, lors d’une journée organisée avec des membres de l’association les Adralhans et Lou Causse Negre, le linteau du colombier du château a été remis en état (remplacement de la poutre qui soutient l’encadrement de la porte) et un sentier a été tracé pour y accéder.

Marc Parguel

Bouton retour en haut de la page