Etat-civil

Millau : Marie-Paule Gilhodes, une grande résistante, nous a quittés

Ce matin ont eu lieu les obsèques de Marie-Paule Klein, épouse Gilhodes, en l’église Saint-Martin. Au cours de son émouvant éloge funèbre, que nous reproduisons ici, Bernard Maury est revenu sur la vie de cette grande résistante, chevalier de la Légion d’honneur et chevalier de l’Ordre national du Mérite.

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Hommage à une résistante déportée

Marie-Paule Gilhodes, est née le 14 mars 1926 à Fameck, petit village de Lorraine, au sud de Thionville. Dès son plus jeune âge, ses parents, et surtout son père Eugène Klein, lui inculquent les valeurs républicaines, et notamment, le sens du devoir et l’amour de la patrie. Ces valeurs, créatrices de ses qualités intrinsèques, elle va les respecter toute sa vie. Jusqu’à l’âge de l’adolescence, elle vit dans une ambiance paisible entourée de l’affection de ses parents, de sa sœur et de ses trois frères.

Puis, vient l’époque où le bruit des bottes des hordes nazies se répand sur le nord de la France. La Moselle est une nouvelle fois envahie et occupée. La France est vaincue. Elle a, à peine 14 ans, quand est signé l’armistice du 22 juin 1940. En violation de cette convention, Hitler annexe au Reich, l’Alsace, puis la Moselle.

Durant cette période, malgré son jeune âge, elle va faire preuve d’un patriotisme ardent et démontrer un courage inébranlable. En effet, bravant les dangers et risquant sa vie à chaque mission, elle accompagne ses deux frères ainés, Lucien et Eugène, qui aident des prisonniers évadés des stalags en Allemagne à rejoindre les départements voisins. Ses deux frères qui ne veulent pas devenir des « Malgré nous » quittent la Moselle pour s’en aller vers d’autres destinées.

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Après leur départ, elle continue ses activités clandestines jusqu’à son arrestation par les Allemands en janvier 1943. Elle survient peu après celles de ses parents et de son frère Gaston, âgé seulement de 13 ans. Elle est déportée le 22 janvier 1943 au camp de Striegau, en Haute Silésie.

Durant toute sa détention, elle supporte les cruelles souffrances et les violents sévices qui lui sont quotidiennement infligés avec l’abnégation et la remarquable fermeté d’âme qui la caractérisent. Libérée par les Soviétiques en mars 1945, elle les accompagne dans leur marche victorieuse vers Berlin. Mais le 6 mai 1945, elle s’écarte malencontreusement de la colonne. Progressant dans une zone non reconnue, elle saute sur une mine antipersonnel.

Très grièvement blessée, elle est opérée par un chirurgien soviétique qui l’ampute de la jambe gauche au niveau du tiers supérieur du fémur. Agée seulement de 19 ans, elle va, une fois de plus, faire face à l’adversité avec son courage habituel. Rentrée en France, elle part travailler à Limoges où elle fait la connaissance d’Henri Gilhodes, originaire de Vezins. C’est dans ce village du Lévézou qu’ils se marient en 1949. Deux ans plus tard, de cette union nait un fils : Bernard.

Après avoir vécu quelques années à Sévérac, le couple s’installe à Millau. C’est dans la cité du gant que Marie-Paule Gilhodes va s’impliquer avec toute son énergie dans la vie associative combattante. Elle devient en 1985, vice-présidente de l’union des anciens combattants et victimes de guerre. A ce poste, elle soutient sans réserve son président.

En outre, après avoir été pendant 13 ans vice-présidente de l’association des résistants, elle en assume avec dévouement et efficacité les responsabilités de présidente, à partir de 1995. Enfin, elle siège au bureau du Comité d’Entente des Associations d’Anciens Combattants de Millau, où elle se distingue par sa personnalité affirmée. Elle a toujours assumé ses différentes fonctions au sein des associations, en faisant preuve de dévouement sans faille et d’une disponibilité permanente.

Elle participe à Millau à toutes les cérémonies commémoratives nationales et locales. Elle est également présente à tous les rassemblements patriotiques qui réunissent les anciens combattants devant les stèles des victimes de la barbarie nazie qui jonchent les routes du Sud-Aveyron. Mais encore, son témoignage authentique et vivace auprès des élèves des établissements scolaires ravive leur sens de l’Histoire et développe leur fibre patriotique. Figure emblématique de la Résistance dans le département, elle en est devenue le symbole, car transparaissaient en elle, le sens de l’honneur, l’amour de la patrie, la rigueur morale et le goût du devoir.

Déjà Chevalier dans l’Ordre National du Mérite, ses mérites éminents ont été reconnus par la Nation par sa nomination au grade de Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur, la plus haute distinction honorifique française. Le 14 juillet 2003, le jour de la Fête Nationale, j’ai eu l’honneur de lui remettre la « croix », lors de la cérémonie organisée sur le Mandarous. Marie-Paule Gilhodes a été maintes fois distinguée et décorée. Avec elle, les Associations d’Anciens Combattants perdent une femme qui a toujours été debout, une femme juste, aux valeurs morales reconnues, une femme éprise de liberté et animée du sens du devoir.

Et c’est ainsi que son souvenir perdurera dans nos mémoires. Nous présentons nos condoléances attristées à son fils Bernard, à ses petites-filles Nathalie et Alexandra, à ses arrière-petits-enfants Nathan, Léni et Titouan, à toute sa famille, et nous les assurons que nous prenons part de tout cœur à leur peine.

Bernard Maury
Ancien président du Comité d’Entente
des Associations d’Anciens Combattants et Assimilés

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