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Les agriculteurs mènent des actions coup de poing dans des grandes surfaces de Millau

Gabriel Attal a dévoilé vendredi soir ses « grandes solutions » pour l’agriculture française. Force est de constater que l’exercice n’a pas convaincu les agriculteurs aveyronnais, notamment les éleveurs qui se sentent oubliés dans cette « série de mesurettes ». Aussi, après la convocation des parlementaires aveyronnais à Rodez et l’action syndicale au centre commercial Leclerc de Villefranche-de-Rouergue lundi, ce mardi 30 janvier, c’est du côté de Millau que l’action se passait. Les Jeunes Agriculteurs et la FDSEA donnaient rendez-vous aux éleveurs au centre commercial Leclerc de Creissels, puis au Auchan à Millau « pour contrôler les prix et les origines de certains produits ».

Ce mardi 30 janvier en début d’après-midi, quelque 150 agriculteurs (et 40 engins agricoles) ont déboulé à l’intérieur du centre commercial Leclerc de Creissels. Le mot d’ordre ? Repérer l’origine de certains produits et contrôler le prix. Et si possible gribouiller les codes barres au marqueur afin d’éviter la vente des produits jugés « déconnants ».

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Dans un grand brouhaha, les rayons des produits alimentaires étaient investis et chacun s’affairait à la tâche. « L’exemple du lait est révélateur, assure Rémi Agrinier, porte-parole des Jeunes Agriculteurs de l’Aveyron. Quand on vend une bouteille de lait demi-écrémé 81 centimes, il faut savoir qu’on ne rémunère pas le producteur. » Et d’expliquer qu’entre 2021 et 2023, si le prix du litre de ce même lait a augmenté de 21 centimes, « seulement 8,2 centimes sont revenus au producteur. Le reste a été partagé entre les distributeurs et les transformateurs. » « On demande seulement quelques centimes de plus par litre, explique l’agriculteur. Le consommateur est obligé de faire des efforts, alors le distributeur peut en faire aussi. »

D’autres produits phares comme le Camembert ou l’Emmental étaient particulièrement dans le viseur des agriculteurs.

Clément Chayriguès et Rémi Agrinier.

« Des haricots verts, on en produit en France »

« On demande un rééquilibrage des marges, on n’est pas là pour faire augmenter les prix, nous aussi nous sommes des consommateurs », annonce de son côté Clément Chayriguès, porte-parole de la FDSEA. « Il faut que l’argent redescende jusqu’au producteur », déclare-t-il, en demandant la réelle mise en œuvre des lois Egalim.

« Sur les lois Egalim, Gabriel Attal s’est félicité de la mise en place de contrôles… qui étaient prévus il y a déjà plusieurs années. L’application d’une loi n’est pas une victoire ou une avancée, c’est une suite logique à son adoption ! Les agriculteurs veulent vivre du revenu de leurs productions, écrivent les JA et la FDSEA dans un communiqué. Jusqu’à présent, il y a peu de transparence dans les coûts et les charges des entreprises dans les filières contrairement aux producteurs qui affichent clairement leurs coûts de production. L’État doit intervenir à ce niveau et faire respecter sa loi et ne pas hésiter à appliquer des pénalités. C’est dans l’intérêt des producteurs comme des consommateurs. » « Quand on n’a rien à cacher, on doit être transparent », expose Clément Chayriguès, en dénonçant « l’opacité » des transformateurs et des distributeurs.

On raye les codes barres des produits déconnants. S’ils n’arrivent pas à les vendre, j’espère qu’ils en feront don à des banques alimentaires. »

Rémi Agrinier, porte-parole des Jeunes Agriculteurs de l’Aveyron

En parcourant les rayons, les exemples de produits montrés du doigt ne manquent pas. Les brocolis certifiés bios « d’origine UE », le beurre Président « avec une carte de France, le drapeau français, mais dont la crème est d’origine UE », la choucroute dont l’origine est « Allemagne, France ou Espagne », ou encore cette boîte de haricots verts originaires du Kenya. « Des haricots verts, on en produit en France », s’agacent les agriculteurs, en dénonçant les grandes enseignes qui s’affranchiraient des normes françaises en se fournissant dans des centrales d’achat européennes.

Et comme Leclerc n’était pas le seul distributeur dans le viseur, tout ce petit monde est remonté sur les tracteurs pour rendre une visite à un des ses concurrents, le supermarché Auchan. « On ne vise pas une grande surface en particulier, et ne s’interdit pas, dans les jours qui viennent, de faire des visites dans d’autres grandes surfaces de Millau ou de Saint-Affrique », préviennent-ils.

« Il faut qu’ils vivent normalement de leur travail »

Le directeur d’Auchan Alexandre Piroth a reçu les agriculteurs en personne et les a accompagnés dans les rayons. « Je la trouve juste et justifiée la démarche des agriculteurs, il faut qu’ils vivent normalement de leur travail, comme tout le monde, déclare le directeur. Ici, nous avons vraiment axé l’offre sur le local, porc, bœuf, porc, crémerie, de nombreux produits proviennent de producteurs locaux, on fait notre possible pour trouver de l’ultra local », insiste-t-il. Concernant les prix bas du lait ou d’autres produits sur lesquels les marges des agriculteurs sont minimes, il précise que « ce sont les centrales d’achat qui définissent ces prix ».

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