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Millau. La station de traitement de la décharge du Roubelier a été inaugurée

Au Roubelier, site de l’ancienne décharge de Millau (route de La Cavalerie), une station de traitement des lixiviats est en fonctionnement depuis l’été 2023. Elle a été inaugurée officiellement ce mardi matin en présence notamment d’Emmanuelle Gazel, présidente de la communauté de communes Millau Grands Causses et Jacques Commayras, deuxième vice-président chargé de la gestion des déchets.

Le ruban a été coupé par Didier Cadaux, vice-président de la Communauté de communes, Jacques Commayras, deuxième vice-président chargé de la gestion des déchets, Emmanuelle Gazel, présidente, et Séverine Peyretout, conseillère communautaire.

Les lixiviats, qu’est-ce que c’est ? Pour faire simple, ce sont les jus résiduels de décharge. Ils sont produits par les déchets sous l’action conjuguée de l’eau de pluie et de leur fermentation naturelle. Ils contiennent une pollution de type azotée et carbonée et des métaux lourds.

Depuis 1963 et la création de la décharge du Roubelier sous la municipalité de Charles Dutheil, alors maire de Millau, ces lixiviats n’étaient pas du tout traités et finissaient leur écoulement noirâtre chargé de polluants aussi variés que nocifs dans la Dourbie, et ce malgré la fermeture de la décharge en 2000. « Loin des considérations écologiques, environnementales et de pollution, c’est sur un lieu à l’abri des regards et des odeurs que s’était porté le choix de la collectivité », a rappelé Jacques Commayras en retraçant l’historique de ce lieu bien connu des Millavois qui partaient vers la Méditerranée en traversant « cette nappe odorante de brouillard… »

Durant cette période, ce sont en effet quelque 600.000 m3 de déchets qui auront été stockés ou brûlés sur le site. Pour vous donner une idée, cela représente un amoncellement de déchets sur la totalité de la surface d’un terrain de football… sur 100 mètres de hauteur.

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« Jusqu’en 1981, les déchets étaient déposés en crête et brûlés, explique Jacques Commayras. De 1982 à 1988, il y a eu une mise en stock par poussage et compactage sur des hauteurs de 6 mètres. Enfin, de 1988 à 2000, ils étaient mis en stock en casiers et compactage. » Des méthodes d’un autre temps qui, malgré quelques aménagements, dont la création de bassins pour recueillir ces lixiviats, n’ont plus été autorisées après un changement de législation en 2000.

« Cela parait une aberration complète aujourd’hui, a déclaré Emmanuelle Gazel, en se félicitant de « la prise de conscience » et de l’action de la Communauté de communes qui a en charge la gestion de ce site qu’il convient aujourd’hui de dépolluer. Une prise de conscience accélérée, on s’en souvient, par l’action de l’association environnementale « Fédération des Grands Causses » qui a joué un rôle de lanceuse d’alerte, notamment en 2015 lors d’un accident de versement incontrôlé de lixiviats en milieu naturel.

Corriger les erreurs du passé, résorber la pollution environnementale causée par plusieurs décennies de décharge à ciel ouvert au Roubelier, tel est l’enjeu de la station de traitement gérée par la société spécialisée Ovive et inaugurée aujourd’hui.

A gauche, les lixiviats non traités tels qu’ils étaient rejetés jusqu’à présent dans le milieu naturel, à droite ces mêmes lixiviats une fois traités.

Après un investissement de près de 650.000 € pour la mise en construction et la mise au point de la structure, auxquels s’ajoutent un coût de fonctionnement de « 120.000 à 150.000 € par an », la station qui a été mise en service en août 2023, est dimensionnée pour traiter quelque 6500 m3 de lixiviats par an. Elle en traite actuellement entre 1600 m3 et 4000 m3.

Le coût à payer pour rejeter dans la Dourbie une eau traitée qui, bien qu’impropre à la consommation, est de qualité conforme aux normes préfectorales.

Comment ça marche ?

1) Un réseau de drainage ainsi que six puits de pompage acheminent les lixiviats vers un poste de relevage en bas du site, qui les refoule vers la lagune de stockage (900 m3) contigüe au bioréacteur.

2) Une première préfiltration permet d’éliminer grossièrement les particules avant d’envoyer les effluents dans les cuves.

3) Les deux réacteurs biologiques traitent les molécules carbonées biodégradables et l’ammoniac, pollution azotée. L’apport d’oxygène à l’intérieur des cuves permet aux bactéries spécifiques implantées de casser les liaisons molécules organiques carbonées en dégradant l’ammoniac en nitrates, puis en diazote, gaz inerte qui compose 78% de l’air. Dans les cuves, régulièrement, les boues sont extraites, stockées puis épaissies avant un acheminement vers un centre de traitement agréé (une usine de traitement du groupe Suez à Frontignan).

4) En sortie, deux membranes d’ultrafiltration retiennent les boues biologiques et les renvoient dans les cuves.

5) Le fluide issu de l’ultrafiltration fait l’objet d’un traitement par charbon actif dans un silo. Le charbon actif permet de retenir la fraction organique qui n’a pas pu être dégradée dans les réacteurs biologiques. Le fluide ainsi épuré est ensuite envoyé dans une cuve tampon où il est automatiquement contrôlé avant rejet dans le milieu naturel.

Un agent d’exploitation vérifie tous les jours l’absence de fuites, prélève des échantillons pour analyse biologique, recueille les paramètres. Les données sont transmises à un exploitant d’Ovive (agence Sud-Est). Celui-ci se rend sur le site du Roubelier tous les 15 jours. La station de traitement est suivie 24h/24 à distance, par l’exploitant.

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