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Opinion. « Leurs 14 juillet ne sont pas les nôtres »

C’est un marronnier. Bientôt la fête nationale : celle qui devrait célébrer la révolte populaire meut par des idéaux de fraternité, d’égalité et de liberté. Le moment où le pouvoir est passé de l’aristocratie (de naissance) à la bourgeoisie accaparante.

Nous sommes depuis longtemps habitués à ce que cette révolution soit le prétexte d’un défilé militaire viril et nauséabond coûteux pour le contribuable (4 millions d’euros), polluant pour la planète et débilisant pour les esprits avec une idéologie chauvine, nationaliste et agressive.

On nous parle de défense nationale, mais il s’agit en réalité d’une nation offensive, avec des gouvernements qui ne manquent pas une occasion d’intervenir militairement en Afrique et au Moyen-Orient. L’Etat français maintient une politique néocoloniale et impérialiste.

En 2023, Macron choisit le 14 juillet comme date de bilan de ces 100 jours d’apaisement après la contestation sociale contre la contre-réforme des retraites. Il a eu 100 jours de Zbeul. Les colères sociales ne sont pas apaisées. Nous n’oublions pas la Légion d’honneur offerte en pleine contestation sociale le 16 février à Jeff Bezos (fondateur d’Amazon). Nous n’oublions pas la dissolution des Soulèvements de la terre.

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Ces colères et les récentes émeutes des quartiers populaires après que la police ait tué Nahel sont l’échec de Macron et de sa politique de répression. Nous n’oublions pas les violences d’Etat policier, avec ses morts et ses mutilés de guerre.

A Millau, la mairie décide de commémorer la Révolution, devant le monument aux morts de la guerre de 1870-71. Pour rappel, cette guerre conduira aux soulèvements des Parisiens défendant leur Garde nationale et empêchant A. Thier l’enlèvement de leurs canons.

Ces Parisiens fondèrent la Commune et ce fut bien l’armée française (celle-là même qui combattit les Prussiens) qui réprima dans le sang le peuple en mai 1871 pendant la semaine sanglante.

A Millau, la mairie décide donc de glorifier l’armée qui tire sur son peuple en révolte autogestionnaire, pour commémorer une Révolution.

Nous penserons aussi, en ce 70e anniversaire, au 14 juillet 1953 où plusieurs milliers d’Algériens s’élancèrent pacifiquement de la place de la Bastille à celle de la Nation avec des idéaux révolutionnaires, de liberté, d’égalité, de fraternité et pour l’indépendance de l’Algérie, remettant en cause le couvre-feu. Cette contestation fut le scénario d’un massacre perpétré par la police française avec 6 manifestants algériens, et un syndicaliste CGTiste tués par balle et des centaines de blessés. Ce massacre sera le déclic du déclenchement de la guerre d’indépendance le 1er novembre 1954.

Donc ni le 14 juillet national avec sa propagande néo-libérale intimidante, ni le 14 juillet macronien, ni le 14 juillet millavois de Mme Gazel ne sont les nôtres.

En ce jour, nous, anticapitalistes, féministes, antifascistes, anticolonialiste, célébrerons tous ceux et celles qui se sont battus avec succès (ou échec) pour des idéaux humanistes.

NPA Millau

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